Montpellier : la jeunesse étudiante continue d’irriguer le mouvement contre la réforme des retraites

Le Poing Publié le 1 février 2023 à 18:17

Un mouvement étudiant de grande ampleur couve-t-il, alors que les manifs contre la réforme des retraites battent tous les records de fréquentation ces dernières semaines ? Quoiqu’il en soit, les étudiants montpelliérains de la fac de lettres Paul Valéry, comme de nombreux autres dans le pays, ont fait une irruption remarquée et dynamique ce mardi 31 janvier

On vous en parlait déjà la semaine dernière : le milieu universitaire montpelliérain semble au bord d’un nouveau mouvement social soutenu et massif. Deux assemblées générales se sont déjà déroulées le 26 janvier, en fac de lettres et -fait nettement plus rare- en fac de sciences, proposant d’organiser d’importants mouvements de protestation contre la réforme des retraites sur les campus de la ville.

Et la chose suit son cours. Ce mardi 31 janvier, la journée de mobilisation appellée par l’intersyndicale a démarré nettement plus tôt dans les facs qu’ailleurs. Sur Paul Valéry, les étudiant.e.s avaient décidé de se retrouver dès 7h30 pour des piquets de grève sur leur campus. Objectif : installer des barrages filtrants aux différentes entrées de l’université, sans empêcher qui que soit de pénétrer à l’intérieur, en privilégiant la discussion, l’information, en vue de rallier plus largement les autres jeunes à la contestation naissante. Tout ce sera bien déroulé, avec peut être 70 personnes mobilisées, autour de feux installés à même la chaussée pour se réchauffer.

Autour de 9h30, tout le monde se rassemble vers l’entrée principale, les effectifs grossissent encore un peu pour passer à cent personnes environ. Répartis en deux cortèges bien disctincts, bien que sans aucune animosité réciproque. A l’avant le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM), à l’arrière les étudiant.e.s rassemblé.e.s derrière les bannières du Poing Levé, antenne universitaire du petit parti d’extrême-gauche Révolution Permanente, nouveau né tout juste sorti des flans du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Comme sur les piquets de grève, la grande majorité des personnes présentes sont en études. Là où l’assemblée du 26 janvier, à l’origine de cette pré-mobilisation, réunissait également professeurs et personnels. On notera tout de même la présence d’un syndicaliste de Sud Education-Recherche, lui-même enseignant sur place.

Comme d’habitude, cette jeunesse qui n’a pas connu les défaites sociales auxquelles d’autres se sont habitué.e.s revigore par son dynamisme, son enthousiasme, par la radicalité de ses aspirations aussi. Dans le cortège qui rejoint la colonne Saint-Eloi, direction l’immense manif qui s’annonce à Antigone, les slogans illustrent bien cette fraîcheur farouchement contestataire, qu’ils reprennent les airs des gilets jaunes à une sauce nouvelle ou qu’ils soient plus ”Paul Valériens.”« Lutte – Blocage – Grève générale et totale – Etudiants, travailleurs, tous ensemble, on leur fait peur ! » : voilà celui semble produire le plus de clameurs chez les jeunes, alors qu’ils se voient rejoints par un plus petit cortège (cinquante personnes) venu de la fac de science, quasi-exclusivement composé de personnes d’un âge plus mûr, professeurs ou membres du personnel non enseignant.

Faut-il en déduire que des choses sérieuses sont en préparation dans les universités ? Un peu tôt pour trancher. Mais les indices sont là. A Montpellier, en plus des deux AG tenues le 26 janvier, un Comité d’Action qui se rassemble régulièrement se montre déjà capable de rassembler des dizaines d’étudiant.e.s. Et les élèves de la fac de lettres ne comptent pas s’en tenir aux simples journées interprofessionnelles décidées par l’intersyndicale nationale. La cession du 26, avec 150 présent.e.s, a décidé de commencer dès maintenant à remplir des caisses de grève pour soutenir les éventuels mouvements reconductibles des secteurs stratégiques, ou encore les personnels les plus précaires des universités montpelliéraines. L’organisation d’une manif nationale à Paris, devant l’Assemblée, est aussi à l’ordre du jour, puisque la dynamique étudiante semble s’affirmer sur l’ensemble du territoire (le syndicat l’Alternative revendique 150 000 étudiant.e.s dans la rue tout au long de cette journée du 31).

Bien que les deux cortèges de Paul Valéry (SCUM et Poing Levé) aient fini par se séparer en rencontrant la manif interprofessionnelle en fin de mâtinée, tout en grossissant, rejoints par les moins dispos ou motivés pour les mobilisations les plus matinales, il y a peu de chances pour que ce nouveau raz-du-marée du 31 janvier ait refroidi les ardeurs.

Sur Paul Valéry, une nouvelle assemblée générale est déjà prévue, ce jeudi 2 février à 12h15 à l’amphi 7, alors que les discussion de salarié.e.s continuent en fac de sciences autour de la question d’une entrée en grève reconductible.

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