Montpellier : la manif du 1er mai, prémisse à un déconfinement des colères ?

Le Poing Publié le 1 mai 2021 à 17:01 (mis à jour le 10 mai 2021 à 11:43)

Environ 1500 personnes se sont réunies à Montpellier pour le traditionnel défilé du 1er mai, sous une pluie battante. En plus de l’habituelle présence syndicale, la mobilisation aura été marquée par le mouvement social en cours contre la réforme de l’assurance chômage, et rejointe par un cortège des opposants à la loi sécurité globale et par de nombreuses féministes.

Hâte d’en découdre, alors que la perspective d’un déconfinement national se précise ? C’est l’impression qu’on a pu avoir dans le cortège montpelliérain ce 1er mai, que même une pluie continue n’aura pas découragé. Une présence numériquement respectable, malgré les aléas météo du jour, doublée d’une belle énergie combative pour ce cortège qui aura défilé en musique toute la mâtinée dans les rues de l’Ecusson !

Une agression fasciste en début de mâtinée

Un peu avant le départ du cortège, des militants du groupuscule fasciste Jeunesse Saint-Roch – lire à ce sujet cet article du Poing– ont agressé des membres du syndicat étudiant Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM).

Malgré quelques coups reçus, aucun des syndicalistes n’a été sérieusement blessé, tous on pu rejoindre le défilé du 1er mai.

Les membres du groupuscule Jeunesse Saint Roch semblait attendre à proximité du lieu de départ de la manifestation le passage de groupes isolés. A de nombreuses reprises déjà, les membres de ces groupuscules d’extrême-droite ont tenus de semblables guet-apens à des participants aux mobilisations sociales montpelliéraines, gilets jaunes ou autres.

Bien qu’ultra minoritaires et sans aucune réelle base sociale, ces groupes qui n’hésitent pas à en découdre – toujours à l’écart des lieux de rassemblements où il pourrait y avoir plus de répondant- semblent se sentir galvanisés par la droitisation globale des gouvernements successifs, cherchant à faire régner une forme d’intimidation sur les individus les plus mobilisés.

Athénais N. d’A, Clément « Nodric » N., l’ex-skin néonazi « Efflam » et deux autres de leurs comparses du groupuscule d’extrême droite Jeunesse Saint-Roch agressent des syndicalistes du Syndicat de Combat Universitaire (SCUM), dans la mâtinée du 1er mai 2021.

Le monde de la culture reste fortement mobilisé malgré les annonces de réouverture

Le départ de la manifestation avait lieu devant le Centre Chorégraphique National de la ville, occupé depuis le 12 mars dernier. En signe de soutien à ces longues semaines de lutte contre la réforme de l’assurance chômage.

Les longues prises de paroles qui ont précédé le départ se sont très largement fait l’écho de cette mobilisation, alors que malgré l’annonce de l’ouverture prochaine des lieux de culture près de 105 théâtres, salles de concert et de spectacle restent occupées en France. C’est dire que le mouvement est très loin d’avoir dit son dernier mot ! D’autant que la dernière coordination nationale tenue au Théâtre National Populaire de Villeurbanne les 25 et 26 avril appelle à la poursuite des actions et occupations sur tout le territoire, et programme d’ores et déjà une grande manifestation nationale pour le 22 mai.

Le départ de la manifestation devant le Centre Chorégraphique National de Montpellier

Les occupants des différents lieux entrent maintenant dans une phase de négociation avec leurs directions, qui restaient jusqu’ici dans une forme de soutien inconditionnel au mouvement, tant que les lieux de culture restaient fermés. La solution qui s’esquisse suite à la coordination nationale est celle du statut quo, ” que cohabitent les occupations et la reprise d’accueil du public pour l’instant….”

Notons que les occupants du Centre Chorégraphique National de Montpellier ont récemment lancé un appel à la solidarité financière pour pouvoir subvenir aux besoins de leur lutte, comme le détaille ce papier du Poing.

Convergences et énergie combative

Loin de se limiter aux milieux de la culture en lutte contre la réforme de l’assurance chômage, la manifestation de ce 1 er mai aura brassé tout ce qui ces dernières semaines s’est exprimé de mécontentements dans la société française. Etudiants, féministes revendiquant une vigilance de tous les instants et l’adoption définitive et sans conditions de la PMA, collectifs de sans-papiers et Association France Palestine Solidarité vent debout contre la loi censée conforter les principes républicains…

Bruyante apparition du collectif en lutte contre la loi sécurité globale également. Les teuffeurs, fidèles à l’enthousiasme montré à l’annonce de la présence des sound-system ce 1er mai, en constituent la plus grosse part.

Tout ce beau monde remonte vers les jardins du Peyrou, puis la place de la Comédie et l’esplanade Charles de Gaulle via la rue Foch, dans une énergie arrosée de musiques en tous genres. Des sons techno aux batucadas en passant par les petits orchestres de cuivres, il y en a pour tous les goûts. Juste avant de passer sous l’arc de triomphe, le cortège crache un fumigène, tout droit sur une des voitures de police qui encadre la manifestation, sans que cela ne vienne contrevenir au grand calme de la manifestation.

Seul vrai moment de tension : dans la montée vers les jardins du Peyrou, un manifestant est violemment projeté au sol par le service d’ordre de la CGT, à six contre un. Sans autres raisons qu’un refus de presser le pas…

Qu’à cela ne tienne, le mauvais temps est ignoré, de plus en plus, on danse torse nu derrière les baffles du sound-system. Comme si les annonces gouvernementales d’un prochain déconfinement, et la certitude de ses modalités iniques, rendaient les manifestants montpelliérains fébriles, pressés d’en découdre avec un ordre social qui de plus en plus montre son vrai visage, brutal, injuste et inadapté aux besoins de l’immense majorité.

Les colères se déconfinent, elles aussi. N’en déplaise à la CFDT, qui a préféré pour ce 1er mai une mobilisation virtuelle sur les réseaux sociaux.

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