Montpellier : la soirée “Ni Dieu Ni Maitre” avec Tancrède Ramonet fait salle comble
Le vendredi 7 Octobre à 18H, la salle du cinéma Diagonal contenant plus de 200 places était pleine à craquer pour la projection du 4ième épisode – en version courte de 52 mn- du documentaire sur l’Histoire de l’anarchie de Tancrède Ramonet.
A l’heure où même Médiapart fait un article le même jour qui s’intitule « Les français désertent le grand écran, le septième art broie du noir », c’est un pari réussi de remplir une salle de nombreux visages inconnus du milieu militant et de jeunes enthousiastes et curieux !
A l’initiative du Poing, du Barricade et de la radio FM+, cet évènement invitait Tancrède Ramonet à présenter son quatrième film sur l’histoire de l’anarchisme. Si l’anarchisme est un courant politique méconnu plusieurs raisons font qu’il demeure d’actualité.
Un courant méconnu mais actuel
Tout d’abord parce que c’est une pensée et une pratique méconnue du grand public souvent assimilée au chaos, alors qu’historiquement c’est une pensée qui annonce une gestion collective de la vie sans état et hiérarchie, mais avec un fonctionnement social harmonieux. Comme le disait Elysée Réclus, le A cerclé de anarchie signifie l’ordre moins le pouvoir
L’anarchisme est également un courant méconnu et oublié du mouvement ouvrier. En France, le syndicalisme français nait en grande partie de l’apport anarchiste, et à l’époque nous étions loin du syndicalisme d’aujourd’hui avec ses défilés bien ordonnés et ses appels à l’action d’une journée : le syndicalisme d’alors était radical et d’action directe. Le courant anarchiste a aussi critiqué les travers de la pensée bolchevique et du communisme étatique. Des textes de Bakounine écrits dans les années 1880 prédisaient à peu près ce qu’il se passerait lors de la révolution russe avec la confiscation du pouvoir ouvrier par le parti Bolchevik et l’émergence d’une classe dominante de bureaucrates. C’est aussi l’anarchisme qui pose la question d’une organisation horizontale de la société, notamment en influençant des concepts tels que l’autogestion.
Enfin, le principal intérêt de parler d’anarchisme aujourd’hui n’est ni idéologique, ni historique mais concret. Si l’anarchisme n’est pas une idéologie très en vogue, les pratiques qui en sont issues sont devenues très importantes à travers le monde.
Une vague de soulèvements traverse la planète : USA, Hong Kong, Kazahkstan, Sri Lanka, Iran, mais aussi les Gilets Jaunes en 2018 et 2019. Tout une série de pratiques de ces mouvements recoupent celle de l’anarchisme : refus des chefs et de la représentations – refus de la négociation avec l’état – occupation soulèvements mais aussi affrontement face à la police avec des pratiques telles que le Black Bloc.
L’épisode présenté le vendredi 7 octobre s’inscrit dans cette actualité : il couvre la période qui va de l’après 68 à maintenant et replace comme dans les autres épisodes l’anarchie sur la scène des révoltes internationales entre évocations, images d’archives et nombreuses interviews. Les épisodes trois et quatre seront prochainement accessibles en ligne, comme le un et le deux qui le sont déjà, quand toutes les procédures de respect des règles juridiques de propriété et de diffusion seront arrivées à leur terme. Car effectivement cela n’a pas été forcement simple de réunir contributeurs et financeurs pour la réalisation de cette histoire ! La version courte de 52 mn étant faite pour une diffusion télévisuelle à laquelle Arte a contribué pour les deux premiers épisodes mais pas pour les autres comme nous l’a expliqué le réalisateur Tancrède Ramonet dans le débat.
Un temps d’échanges riche
Débat qui a duré plus d’une heure avec de nombreux échanges critiques ou laudateurs sur le documentaire. Quelles leçons tirer des expériences comme celles de zapatistes ou des grands courants nous venant d’autres pays ? De façon certaine l’anarchie diffuse internationalement et si il y a débat sur qui est ou a été vraiment anarchiste, l’anarchie a t elle une intégrité de pensée et de forme organisationnelle ? La naissance ou pas en Allemagne du courant des « Black Blocs » ? L’action directe est ce seulement un slogan, une forme militante, une stratégie voire même un positionnement politique d’intervention dans la société ?
La question de la forme même du documentaire a été abordée : il est assez classique sur un sujet qui mériterait peut-être plus de prises de risques formels si ce n’est artistiques : faut-il être carré et classique pour mieux faire passer des informations et des idées non convenues ? Vaste débat …En tout cas l’épopée anarchiste recèle de nombreuses leçons et réflexions pour les luttes d’aujourd’hui !
La soirée a ensuite continué dans les locaux de la Tendresse. Le groupe ACHAB s’était désisté en début de semaine mais la soirée a été enflammée par le groupe Acracia Sound qui a animé la soirée avec son reggae/dub militant, on y a même mis son gilet jaune !
Ce type de partenariat militant entre un lieu le Barricade, un radio FM+ et un journal le Poing montre la réussite, l’intérêt et la nécessité de promotion d’évènements culturels et conviviaux !
Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :