Montpellier : la transition douce autour de l’évacuation du squat des archives avalisée par les élus

Le Poing Publié le 14 décembre 2020 à 16:58 (mis à jour le 14 décembre 2020 à 19:44)
Entrée du squat Luttopia 003, dans l'ancien bâtiment des archives, rue Proudhon aux Beaux-Arts

Le squat des archives de Montpellier, géré par la coordination Luttopia, accueille depuis des années de nombreux sans-abris. Il doit être libéré le 31 mars. Le maire PS de Montpellier Michaël Delafosse propose des relogements et des réquisitions temporaires de bâtiments vides sont prévues.

Le conseil municipal du 14 décembre a, simple formalité, définitivement avalisé la démarche. C’est le résultat de concertations menées entre les acteurs du tissu associatif, la mairie et la préfecture de l’Hérault. Bonne nouvelle : la méthode devrait être conservée pour les situations analogues à venir. Mauvaise nouvelle : le plan de lutte contre la pauvreté mis en place par la nouvelle majorité PS semble largement insuffisant pour résoudre le problème à la racine.

Des assistantes sociales du centre communal d’action sociale (CCAS) sont allées à la rencontre des habitants et des gestionnaires du squat afin de proposer des solutions de relogement. Résultat : une dizaine de familles pourront être immédiatement relogées dans le parc social de la ville suite à des accords trouvés avec les bailleurs de la ville. 

De plus, des logements institutionnels vacants seront mis à disposition pour permettre à la coordination Luttopia de poursuivre son travail d’accueil des personnes en difficulté. Ce principe d’action publique sera conservé dans le traitement des prochaines affaires liées aux squats et bidonvilles. 

Modérons d’éventuelles naïvetés : l’achat de la paix sociale à Montpellier semble être une des motivations de la majorité, comme est venu le rappeler un de ses représentants : “On évite ainsi de possibles affrontements d’ampleur dans les rues de notre ville”. La multiplication des squats ces dernières années, parfois à l’initiative de mobilisations, viendrait-il exercer une pression salutaire sur les politiciens locaux ?

Qu’importe les motivations de la majorité : cette nouvelle manière vient mettre de tout à fait bienvenues barrières à une politique préfectorale jusqu’ici particulièrement brutale, à base d’expulsions sèches en pleine période de crise sanitaire.

Le tableau n’est pas tout rose pour autant, comme l’opposition de gauche est venue le rappeler. Simultanément à cette séance du conseil municipal, une audience avait lieu au tribunal de grande instance de Montpellier, concernant l’expulsion sèche d’un squat accueillant quatorze familles.
Autre exemple : l’association Solidarité Partagée est visée par une plainte de la Métropole, pour l’occupation de locaux qui lui appartiennent. Après une première décision de justice laissant un an avant l’expulsion, la Métropole exerce des pressions sur les membres de l’association pour accélérer le processus.

Le plan de lutte contre la pauvreté mis en place par la nouvelle majorité octroi, par exemple, une subvention pour installer toilettes et douches collectives dans le bidonville du Zénith. Mais le million d’euro prévu, en partenariat avec l’Etat, chaque année pendant trois ans, semble tout à fait insuffisant pour résoudre le problème à la racine, dans une ville ou le taux de pauvreté explose à 26%.

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