Montpellier : la ZAC Cambacérès encore étrillée par l’Autorité environnementale
Huit mois après un premier avis très critique, l’Autorité environnementale (Ae) a rendu ce 26 juin une nouvelle évaluation du projet de la ZAC Cambacérès, vaste opération d’aménagement au sud-est de Montpellier. Si la Métropole et sa société d’aménagement (SA3M) ont revu leur copie en profondeur, l’Ae pointe encore de nombreuses lacunes, et appelle une nouvelle fois à des modifications pour évaluer l’impact environnemental réel du projet
En novembre dernier, l’Autorité environnementale rendait un avis au vitriol concernant le projet de la ZAC Cambacérès, censé devenir “le poumon économique de la ville” orienté vers le numérique selon Michaël Delafosse, maire “socialiste” de Montpellier. Le rapport soulignait des “des erreurs méthodologiques et des insuffisances majeures” concernant notamment la pollution des sols, des eaux, les risques d’inondations, les risques de matières dangereuses, des émissions de gaz a effet de serre et de la biodiversité.
La Métropole et sa société d’aménagement, la SA3M, avaient donc du revoir leur copie, que l’Autorité environnementale a de nouveau analysé dans un rapport paru le 26 juin.
Une étude d’impact revue
En novembre 2024, l’Autorité environnementale avait jugé le dossier transmis par la Métropole comme « très insuffisant ». Certains aspects du dossier restaient lacunaires ou flous (notamment l’extension de la ligne 1 du tramway ou l’étude sur la pollution de l’air), et certains pré-requis, comme un dispositif de de suivi des mesures ERC (évitement, réduction et compensation) pour contrôler les effets négatifs de cette urbanisation, étaient absents de l’analyse. Face à cette situation, l’Ae avait exigé une révision complète de l’étude d’impact.
C’est désormais chose faite. “Contrairement aux éléments partiels qui avaient été présentés à l’Ae, et sur lesquels elle a fondé son avis de novembre 2023, le dossier est désormais composé d’un document principal complet et d’annexes complétées par un bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES), une étude sur le potentiel de développement des énergies renouvelables et de création d’un réseau de chaleur ou de froid et d’un volet « milieux naturels, biodiversité ». Les volet « air et santé » ainsi que « bruit « ont été mis à jour. Le volet « transport et mobilité » a été intégré au document principal”, peut-on lire dans le rapport, qui évoque un “dossier plus conforme à ce qui est attendu de la mise à jour d’une étude d’impact”.
Une vision incomplète
Mais ces efforts ne suffisent pas à convaincre l’Autorité environnementale. Celle-ci souligne que « l’étude d’impact est limitée aux seuls aménagements dont la réalisation relève de la SA3M, en excluant les opérations réalisées de manière concomitante sur le territoire de la Zac auxquelles ils sont fonctionnellement lié », sans prise en compte des nombreux projets qui structurent et conditionnent pourtant l’aménagement de ce quartier : gare TGV Montpellier Sud-de-France, extension de la ligne 1 du tramway, transformation de l’A709… Celle-ci recommande donc d’élargir l’étude des incidences environnementales.
L’autorité environnementale réitère donc “une partie de ses recommandations, notamment en matière de prise en compte de l’ensemble des opérations constituant le projet global, y compris si celui-ci devait être
restreint aux aménagements et constructions prévus dans la Zac, afin de permettre au public, aux autorités compétentes et aux maîtres d’ouvrage des différentes opérations constituant le projet de disposer d’une information à jour et complète sur l’évaluation des incidences du projet, de leurs mesures d’évitement, de réduction et de compensation”.
De plus, L’Ae souligne encore des problèmes méthodologiques dans la réalisation des documents répertoriant les enjeux pour les habitats et la faune et des difficultés de lisibilité du dossier présenté par la Métropole.
Encore des lacunes
Le gendarme de l’environnement demande également une évaluation de l’état et la qualité des sols sur l’aire du projet, notamment leur caractère perméable ou non (ce qui n’a pas été présenté) et une analyse sur la présence probable de résidus de pesticides. Même chose pour le dispositif de suivi des mesures ERC, qui n’est toujours pas présent. Les résultats des concertations avec la populations n’ont pas non plus été intégrées au dossier.
En matière de santé, si une modélisation du bruit a été précisée, elle est jugée incomplète : les données ne sont pas encore exprimées selon les standards recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé, et ne prennent pas en compte les futurs trafics induits par le contournement ouest de Montpellier. Sur la qualité de l’air, là encore, c’est “peut mieux faire” : “Le volet « qualité de l’air » s’appuie sur les émissions du trafic routier projeté aux horizons 2038 et 2058, et la situation sans projet fondée sur la situation des aménagements de 2023 sans opération ultérieure, qui n’est donc ni conforme au périmètre de projet ni à son état initial d’avant 2013.”
Enfin, sur la question des paysage, l’Ae se montre sévère : “Le dossier considère que « la densité de construction plus élevée et la réduction de l’artificialisation auront des incidences positives sur le paysage et la biodiversité. ». Au regard des paysages préexistants au projet, cette affirmation est fausse. Dans une autre partie, le dossier indique, de façon plus réaliste, que «l’urbanisation du secteur marque une transformation radicale de l’identité paysagère du site ». Les prises de vues de la situation actuelle se concentrent sur le site même à l’exclusion de vues plus lointaines permettant de visualiser les incidences du projet sur les grands paysages. Aucun photomontage du projet réalisé, intégrant les logements prévus au sud de la gare, n’est présenté.”
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