Montpellier : le Mouvement national des chômeurs et précaires dénonce les attaques sur l’assurance chômage

Elian Barascud Publié le 27 mars 2024 à 13:37
La maison des chômeurs de Montpellier est située 4 rue Levat, près de la gare. (Le Poing)

Le 27 mars, le Comité pour la répartition équitable des emplois et des revenus (CREER), affilié au Mouvement national des chômeurs et précaires, organisait une conférence de presse à la maison des chômeurs et citoyens solidaires de Montpellier pour dénoncer la mise en place de France Travail et le “flicage” des précaires qui en découle

“Aujourd’hui, on observe une lassitude des chômeurs et précaires face aux réformes successives”, constate Jean-Marc, président du Comité pour la répartition des emplois et revenus (CREER), affilié au Mouvement national des chômeurs et précaires. Alors que Gabriel Attal (“Gabriel Fattal”, comme il est surnommé à la maison des chômeurs de Montpellier) doit faire de nouvelles annonces concernant la réforme de l’assurance chômage ce mercredi 27 mars, l’association a organisé une conférence de presse pour dénoncer des “attaques” sur les droits des précaires.

“Avec la suppression de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), c’est environ 360 000 personnes qui vont se retrouver au RSA, ce qui va occasionner un coût de 2 milliards en plus pour les Départements, qui ont cette compétence”, précise Jean-Marc. De plus, la baisse annoncée de l’indemnisation chômage laisse craindre, selon l’association, la disparition de celle-ci à moyen terme. “Ils vont nous faire cotiser au privé comme c’est déjà le cas pour les retraites complémentaires. S’ajoute à cela la sous-traitance de France Travail à des organismes de formation ou d’insertion privés. Sans compter la dématérialisation de toutes les démarches administratives, laissant les personnes les plus démunies en matière de numérique sur le carreau.

Le conditionnement du RSA à 15 ou 20 heures d’activités hebdomadaires suscite aussi des inquiétudes : “Cette “immersion” en entreprise est de la main d’œuvre à bas coût pour les patrons, et dans la logique patronale, ils ne sont pas là pour faire baisser le chômage, mais pour faire du profit.” Bref, une dérégulation du marché du travail que dénonce l’association.

Flicage

Claude, salariée à mi-temps de la structure, explique quant à elle que la création de France Travail s’accompagne de tout un volet de renforcement de la surveillance des chômeurs et allocataires du RSA. “En plus des conseillers France Travail, des contrôleurs vont être chargés d’effectuer des contrôles aidés par intelligence artificielle.” Jean-Marc complête : “Les personnes au RSA seront d’office inscrites à France Travail, qui va mener des enquêtes de diagnostic concernant la famille, le foyer et la santé de la personne, ce qui pose de sérieuses questions dans la confidentialités des données. De plus, les allocataires du RSA devront tenir un journal de bord numérique détaillant leurs activités en faveur de la réinsertion.” Le tout, orchestré entre France Travail et les Départements. “Cela va être dur pour traiter les dossiers”, commente Claude.

Le non-respect de cette obligation pourra faire l’objet de sanctions : “France Travail est en train de créer un casier judiciaire pour demandeurs d’emploi”, s’indigne Jean-Marc. “ça va aller de l’avertissement avec ou sans suppression de l’allocation à la radiation. Le but, c’est de faire baisser artificiellement le taux de chômage en complexifiant les procédures. Pour le gouvernement, le retour au plein-emploi dont ils parlent est une gageure, ils ne le souhaitent pas.”

Concertation pour un projet de loi


Face à ces constats, le CREER et le Mouvement national des chômeurs et précaires s’organisent : la maison des chômeurs de Montpellier, qui reçoit et aide les gens dans leurs démarches et anime des ateliers pour créer du lien social, va étendre ses heures d’ouvertures. “Ils ferment des droits, on ouvre nos portes”, ironise Jean-Marc. De plus, au niveau national, année olympique oblige, des “olympiades de la précarité” sont organisée, avec des épreuves telles que “le jeter de précaire”, “le saut de repas” ou “le lancer de poids des réformes”. Une manière de dénoncer la précarité avec humour.

Mais surtout, le Mouvement national des chômeurs et précaires est en train de lancer une grande concertation avec 14 autres associations (ATD Quart Monde, Emmaüs France…) pour créer une loi constitutionnelle pour le droit à l’emploi, qu’ils présenteront ensuite aux parlementaires.

Plus d’info sur le site internet de cette consultation : https://www.droitalemploi.fr/



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