Montpellier : les Gilets jaunes de Prés d’Arènes se démultiplient sur le terrain
A quelques heures d’intervalle, deux présences très visibles, sur le rond-point lui-même, et à l’entrée du Centre hospitalier de Lapeyronie, à Montpellier.
Présents sur leur rond-point dès le lundi du déconfinement, les Gilets jaunes de Prés d’Arènes, s’y sont à nouveau manifesté dans la journée de ce lundi 18 mai. Ils y ont assuré une présence physique, de pure visibilité, en s’abstenant de toute distribution de tracts, qui leur avait valu des verbalisations la semaine dernière. Puis ils se sont dispersés, dès l’apparition des forces de l’ordre. Cette nouvelle action avait le mérite de défier la fameuse intimidation policière formulée la semaine passée en ces termes : « On ne veut plus vous voir ici ! ».
Elle avait également le mérite de la mobilité, puisque par ailleurs, on a aussi vu des Gilets jaunes se réclamant du même rond-point, prendre position devant la grande entrée du Centre hospitalier Lapeyronie. Ils y ont déployé des banderoles : “Soutien aux hospitaliers“, “Bravo et merci“. Mais c’est peu de dire que les soignants montpelliérains sont encore loin d’emboîter le pas à leurs collègues de Toulouse, Saint-Etienne ou Robert Debré à Paris, dont on voit bien que les manifestations inspirent une peur bleue au gouvernement.
Au CHU de Montpellier, le syndicat hyper dominant est Force Ouvrière, enferré dans un passif de souplesse extrême – pour ne pas dire pire – dans ses relations avec la direction de l’établissement. Quant aux Gilets jaunes déployés à l’entrée, ils se sont dispersés après que deux policiers aient effectué le déplacement jusqu’à eux, et commencé d’appeler des renforts. Là encore, on voit que les Prés d’arènes évitent tout jeu de tension et répression, s’en tirent sans PV à régler, et préfèrent le dynamisme de présences flash et mobiles. Le débat restant ouvert quant à leur efficacité sur la longueur.
Cela a quand même des allures de stratégie, et renvoie à un long texte publié sur la page Facebook de ces Gilets jaunes, qui revient sur les événements de samedi après-midi sur la Comédie. Rédigé à la première personne, comme une sorte de témoignage et réflexion à l’appui d’un grande reportage photo sur ces événements, on ignore jusqu’à quel point ce texte traduit ce que serait un point de vue collectif de ce rond-point, qu’on sait particulièrement bien structuré. Officiel ? Officieux ? Strictement individuel ? C’est en tout cas un point de vue mis en exergue.
Quel point de vue ? On remarque d’emblée le titre : “Les mêmes causes produisent les mêmes effets”, chapeautant une prise de vue rapprochée et cadrée sur la mère de famille sérieusement blessée à coups de matraque cet après-midi là. De quelles causes et quels effets parle-t-on ? Le texte rappelle le contexte de répression violente systématique auquel ont été confrontées les Gilets jaunes, pour en venir à ce constat actualisé : « Comment ne pas comprendre que quand deux stratégies aussi figées se confrontent encore et encore, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Cette violence physique s’effectue maintenant dans un cadre ritualisé et normé, le samedi à la Comédie. Cette absence d’initiative ou d’imagination de notre part favorise bien évidemment la mise en place des dispositifs policiers, qui eux par contres s’améliorent de semaine en semaine ».
A ce stade de la lecture, on pourrait conclure à une remise en cause pure et simple de ces rendez-vous, ces fameux “Actes” parvenus à leur quatre-vingtième édition. Et samedi, on n’a pas vu sur la Comédie se constituer le noyau Prés d’Arènes qu’on s’était habitué à y retrouver, bon an mal an, même à effectif réduit (le rond-point renvoie chacun à son libre arbitre au moment de se rendre ou pas à la manifestation). Le débat est ouvert. Pour autant, il n’est pas tranché de façon univoque. En effet, le même texte insiste sur le fait que la victime de samedi, la mère de famille blessée devant ses enfants « est celle de trop ». Et cela tout en renvoyant au principe que « la liberté de manifester est un droit fondamental imprescriptible », qu’il serait pour le moins justifié d’exercer voudrait-on conclure.
Sur quel pied se mobiliser ? On n’a pas fini d’en parler.
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