Montpellier : les menaces s’accumulent sur le salon “Demain c’est aujourd’hui”
Saisine de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, alertes auprès des institutions, publicités retirées… Le salon du bien-être Demain, c’est aujourd’hui, prévu en mai à Montpellier, rencontre de nombreuses difficultés depuis la publication de notre enquête.
Le 7 avril, Le Poing publiait une enquête sur l’organisation du salon du bien-être Demain, c’est aujourd’hui, prévu du 19 au 21 mai à Montpellier au Château de Flauguergues. Nous pointions la présence d’invités pour le moins sulfureux, dont Antoine Duvivier, le secrétaire du groupe de musique sectaire d’extrême-droite Les Brigandes ou bien encore Jean-Pierre Willem, cité dans un rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) pour sa prétention à pouvoir soigner des malades du SIDA avec des huiles essentielles…
La Ligue des Droits de l’Homme en alerte
Notre enquête et les multiples alertes de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) troublent désormais l’organisation du salon, sans que son annulation ne soit pour le moment à l’ordre du jour. La section héraultaise de la LDH multiplie les démarches auprès de la Région Occitanie et de la Ville de Montpellier pour faire retirer la publicité de l’événement sur leur site internet. Un représentant de la Région a déclaré à Sophie Mazas, présidente de la LDH de l’Hérault, qu’il fallait à l’avenir renforcer le contrôle a priori pour éviter de relayer des évènements de ce type. L’événement n’est d’ailleurs plus référencé sur les agendas des sites montpellier.fr et laregion.fr.
Après un autre entretien avec les services de la Ville de Montpellier, Sophie Mazas a obtenu la suppression des publicités de l’événement sur les panneaux JCDecaux aux arrêts de tramway. Pour rappel, le maire PS de Montpellier Michaël Delafosse avait fait un gros cadeau financier de 265 000 euros au début de son mandat à l’entreprise publicitaire.
Retrait d’un sponsor
De plus, la LDH mène actuellement une action auprès des sponsors de l’évènement pour les informer de la teneur des conférences et des orientations politiques de certains intervenants. Par ailleurs, le logo de la Société Générale apparaissait dans les sponsors sur le site de l’évènement. Le chargé de relations presse de la banque nous explique : « Nous avons constaté début avril que ce salon utilisait notre logo. Après vérification auprès des équipes locales, nous avons eu la confirmation que même s’il y a eu des contacts, il n’y avait pas eu de partenariat, que le salon utilisait notre logo sans notre autorisation et nous lui avons donc demandé de le retirer de leur site et de tout support. »
Enfin, la section montpelliéraine de l’Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes (UNADFI) a saisi la Miviludes pour l’alerter sur la présence de certains intervenants du salon, dont les Brigandes. Contactée, L’UNADFI n’a pas répondu à nos sollicitations.
« Recaler éventuellement le programme »
À la suite de notre précédent article, Pierre de Colbert, propriétaire du Château de Flaugergue (d’où partit le commando d’extrême-droite qui avait tabassé des étudiants en 2018) a répondu par mail à nos premières sollicitations et évoque une possible modification de la programmation : « Le Château de Flaugergues est un ERP (établissement recevant du public), à ce titre nous accueillons tout le monde sans discrimination. […] L’organisation du Sommet est sous l’unique responsabilité de l’association MEET [Mouvement Energétique pour l’Evolution Terrestre, ndlr]. Nous ne sommes pas décideurs du choix éditorial, et ce d’ailleurs pour toutes les autres manifestations qui se déroulent à Flaugergues. Cependant, au vu […] des appels téléphoniques de représentants de collectivités (Région, métropole), nous avons entamé une discussion avec l’association pour recaler éventuellement le programme des conférences. »
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