Montpellier : le tribunal administratif rejette le recours des riverains des quatre boulevards

Elian Barascud Publié le 29 août 2024 à 19:47 (mis à jour le 5 septembre 2024 à 17:17)
Les riverains des quatre boulevards à la sortie de l'audience, après avoir contesté un arrêté municipal portant sur la circulation au tribunal administratif de Montpellier. ("Le Poing")

Le collectif des riverains des quatre boulevards, qui dénonce depuis deux ans bruit et pollution dans leurs rues à cause dune hausse de trafic routier, était représenté au tribunal administratif de Montpellier ce jeudi 29 août dans une audience en référé pour demander la suspension du renouvellement des arrêtés de circulation pris par la mairie. Le recours a été rejeté

Dans la salle d’audience du tribunal administratif de Montpellier, ils sont une trentaine, la plupart arborant des badges à l’effigie de leur collectif. Depuis deux ans, les riverains des quatre boulevards (Rabelais, d’Orient, Bethelot et Vieussens, axes de circulation permettant de traverser la ville de Montpellier d’ouest en est) se plaignent d’un trafic routier important en raison de travaux, ayant des conséquences délétères en matière de pollution et de nuisances sonores. Ils avaient déjà contesté un arrêté municipal temporaire portant sur la circulation de Montpellier et impactant directement leur lieu de vie en augmentant le nombre de voitures empruntant les boulevards devant le tribunal au printemps 2023, mais leur recours avait été rejeté.

L’arrêté municipal temporaire ayant été renouvelé le 4 décembre 2023, ils ont donc effectué via leur avocate, Me Pion Riccio, une nouvelle demande de référé le 6 août dernier. “Le cadre réglementaire est flou, on attend le prochain plan de mobilités de la Métropole, mais l’arrêté est prolongé de mois en mois !”, s’exclame-t-elle à la barre. “Au mois de février, l’arrêté disait qu’il prendrait fin au troisième trimestre 2023, aujourd’hui on nous dit que ça sera pour le deuxième trimestre 2025 ! Ces arrêtés sont temporaires, mais cela fait deux ans que cette situation dure, et on voit des aménagements liés à la circulation installés de manière pérenne : feu rouge, dos-d’âne, ce n’est pas comme s’il y avait des panneaux jaunes indiquant un itinéraire lié à un chantier comme on peut le voir ailleurs dans Montpellier ! La Ville nous dit que cette requête n’est pas urgente au nom de l’intérêt général majeur avec des objectifs liés au plan mobilités, à savoir les travaux pour la ligne 5 de tramway ou l’installation de pistes cyclables, mais ces objectifs sont déjà mis en place ! On dirait que les choses sont faites à l’envers : il ne devrait pas être nécessaire de modifier la circulation pour adopter un plan de mobilité, ça devrait plutôt être l’inverse.”

Pour elle comme pour le collectif, cette modification de la circulation provoquant un report de transit sur les quatre boulevard (elle aurait triplé sur le Boulevard Rabelais) a des conséquences néfastes en terme d’environnement et de santé. Ils demandent à ce que ces boulevards soient remis en sens unique et non en double-sens comme c’est le cas actuellement.

Nuisances sonores

Pour conduire son raisonnement, elle s’appuie sur une expertise judiciaire commandée par l’association des riverains des quatre boulevards, -expertise absente de la précédente requête devant le tribunal, d’où son rejet.-Si les conclusions de celle-ci ne sont pas définitives concernant la pollution de l’air liée à ces près de 15 000 véhicules par jour sur cet axe (chiffre avancé par les riverains), l”étude a d’après elle rendu des conclusions nettes concernant les nuisances sonores : “Sur le boulevard Rabelais, on atteint 69 décibels, ce qui est au-dessus des normes du Code de l’environnement en ce qui concerne les règlementations sur les infrastructures routières, qui fixe la limite à 65 décibels”, explique-t-elle devant la juge. “Il faut suspendre cet arrêté.”

L’avocat de la Ville de Montpellier, quant à lui, commence sa plaidoirie en rétorquant à la partie adverse : “Oui, le plan mobilités actuel arrive à terme, il va y en avoir un autre.” Pour lui, le recours intenté est irrecevable. “L’arrêté est le même que la dernière fois que vous l’avez contesté, il n’y a pas eu d’annulation au précédent référé, pourquoi cela changerait ?” Puis, sur le caractère urgent de la requête au tribunal, il retourne l’argument de l’avocate du collectif : “La partie adverse dit que l’urgence est caractérisée par un report de transit routier, or, elle dit aussi que cela dure depuis deux ans, dans ce cas il ne peut pas y avoir d’urgence !”

Concernant les nuisances sonores, il cite un document préfectoral de 2019 évoquant des niveaux sonores de 65,5 décibels sur les boulevards. “L’augmentation des décibels n’est pas forcément due à l’arrêté municipal ! Et cet arrêté n’est qu’un arrêté qui modifie la circulation sur un secteur, si on l’annule, il n’y aura plus de cohérence et on aura de grosses difficultés à circuler.” Sa proposition d’installer “des plaques de plâtre acoustique” sur les boulevards pour réduire le bruit provoquera un râlement d’exaspération collectif dans la salle. “L’aménagement du bâti est impossible à cet endroit”, répondra l’avocate des riverains.

Le tribunal a finalement rejeté le recours au motif que “le moyen ainsi soulevé n’est pas propre à créer un doute sérieux quant à la légalité de l’arrêté contesté”, ce que les riverains avançaient.

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