Montpellier : les vacataires restent vent debout contre la précarité que l’institution leur impose

Le Poing Publié le 29 mars 2021 à 12:16

Un rassemblement s’est tenu ce lundi 29 mars devant le siège de Montpellier Méditerranée Métropole, à l’initiative de vacataires qui revendiquent une contractualisation pour de meilleures conditions de vie, et des embauches pour assurer un service public de qualité.

Plusieurs dizaines de personnes échangeaient croissants, mots d’indignation et de solidarité, et bons conseils pour la suite de la lutte à mener, ce lundi 29 mars, devant le siège de Montpellier Méditerranée Métropole, à l’occasion d’un nouveau conseil.

Médiathèques, collecte des déchets, piscines municipales… : voici certains des secteurs d’activité dans lesquelles Montpellier Méditerranée Métropole fait un recours massifs aux contrats vacataires. Massif, oui, puisque 30% de la masse salariale utilisée par la métropole serait constituée de vacataires.

Ces postes, normalement utilisés pour subvenir à un besoin conjoncturel et exceptionnel de main d’œuvre, en plus des postes de titulaires (en CDI ), et de ceux de contractuels ( en CDD ), représentent le fin fond de la précarité. Comme en témoignait Jean, dans un précédent article paru dans Le Poing : « Pas de congé maladie, tu dois rester chez toi, et bien tu touches rien, c’est pas plus compliqué. Pas de congés payés. Pas de temps de travail fixe. Un planning édité le samedi pour fixer les temps de présence de la semaine suivante. L’obligation de fait d’accepter tous les engagements prétendument “volontaires” comme le travail du dimanche ou les remplacements dans l’heure au pied levé. Aucune visibilité quant à la reconduction de l’activité ».

D’autant que les postes de vacataires sont utilisés, dans le plus grand flou juridique, pour pallier à des besoins permanents. Certains sont traînés de vacations en vacations depuis plusieurs années ! Lors d’une réunion le 7 janvier dernier, un haut cadre de Montpellier Méditerranée Métropole lâchait le morceau. Ne sachant plus comment justifier des disparités manifestes de traitement entre diverses catégories de vacataires, il lâchait le morceau : « De toute façon, vous êtes de faux vacataires. Il n’y en a peut-être que vingt pour cent de vrais ! »

Le mois de novembre met le feu aux poudres : un CT apprend aux travailleurs vacataires de la métropole que rien ne sera fait pour pallier au manque d’activité liée au second confinement, certains travailleurs des médiathèques apprennent même que pas un euro ne tombera pour la paie du mois !

Une mobilisation se lance, autour du collectif Montpellier 3M, solidement épaulé par les organisations syndicales. Une pétition est rendue publique le 17 décembre, relayée par l’opposition municipale au conseil de ville via la voie d’Alenka Doulain, et les responsables administratifs de la Métropole montpelliéraine semblent bouger le petit doigt. Une indemnité tombera, calculée sur la base de ce qu’avait été leur rémunération du mois équivalent en 2019 – l’institution accréditant par là même les procès en recours abusifs aux contrats vacataires, censés ne servir que très ponctuellement – et financée par le budget de la Caisse d’actions sociales, solidaires, sportives et culturelles (CASSSC) des personnels. Qui relève de l’assistance sociale, à rebours de la revendication par les vacataires d’un statut professionnel reconnu et valorisant.

D’autant plus frustrant que, selon le fameux principe du « un pas en avant, trois pas en arrière », les vacataires doivent depuis le mois de décembre 2020 remplir une lettre pour savoir s’ils souhaitent ou non renouveler leur arrêté de six mois. En cas de refus, une lettre de démission est désormais exigée, ce qui supprime l’ouverture des droits au chômage. Les désavantages d’un contrat, sans les avantages…

Ce qui frappe, comme dans le cas de ces AED mobilisés dans l’éducation nationale pour un nouveau temps fort contre la précarité, c’est l’invisibilisation de ces travailleurs. Au programme du Conseil de Métropole du jour, la validation de toute une série de principes sur la gestion des ressources humaines … dans lesquels ne figurent même pas le mot de vacataires ! On ne s’étonnera donc pas de voir M. Joël Raymond, actuel vice-président de la Métropole et maire de la commune de Montaud, aborder les vacataires présents, peu avant le début du Conseil, et leur proposer un entretien pour apprendre à connaître leurs conditions de vie et de travail. Après plusieurs mois de prise de fonction, et plusieurs mois d’agitation intense chez les précaires de ladite Métropole.

Conscients de leur fragilité face à l’institution, les vacataires du collectif se sont alloué un solide soutien du côté des organisations syndicales, présentes ce matin avec les protestataires et certains des occupants du Centre Chorégraphique National de Montpellier. Et qui les accompagne depuis novembre dans chacune des étapes des négociations avec l’institution.

Les cadres de la métropole, politiciens pleins de mots mielleux pour désamorcer à leur sauce la crise, semblent s’en méfier comme de la peste. Le premier d’entre eux qui abordera les vacataires réagit vivement à la proposition d’une syndicaliste de Force Ouvrière qui suit de près le mouvement, de se lancer dans un plan de lutte pluriannuel contre la précarisation de l’emploi dans les institutions publiques locales. A son tour Joël Raymond, qui propose une rencontre en début de semaine prochaine pour discuter de la situation avec les mobilisés, insiste lourdement, pendant de longues minutes, pour qu’une première phase de l’entretien se fasse sans les syndicalistes…

Une nouvelle mobilisation des vacataires de la Métropole est donc à prévoir à l’occasion de ces rendez-vous, prévus pour le début de la semaine prochaine. Pour soutenir les vacataires en lutte, tenez-vous informés !

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