Montpellier : Michaël Delafosse, diplomate du “en même temps” sur la question palestinienne

Elian Barascud Publié le 24 juin 2025 à 16:22 (mis à jour le 24 juin 2025 à 16:32)
Mairie de Montpellier. Photo de Mathieu Le Coz/Hans Lucas

Ce mardi 24 juin, en Conseil municipal, Alenka Doulain, cheffe de file de l’opposition de gauche à la mairie de Montpellier, a demandé à la Ville de suspendre le jumelage de Montpellier avec la ville Israélienne de Tibériade. C’est finalement un “contre-vœu”, appelé par la majorité de Michaël Delafosse, demandant symboliquement un cessez-le-feu, qui a été adopté

Le groupe MUPES (opposition de gauche au maire “socialiste” Michaël Delafosse) l’avait déjà demandé en décembre 2023. Rebelote ce mardi 23 juin en Conseil Municipal : la question de suspendre le jumelage de Montpellier avec la ville Israélienne de Tibériade était de nouveau à l’ordre du jour. Des militants de BDS (Boycott Désinvestissements sanctions, campagne non-violente de soutien au peuple palestinien), étaient d’ailleurs devant la mairie avec une banderole demandant l’arrêt du jumelage avec Tibériade.

La scène se tient deux jours seulement après la très contestée “journée de Jérusalem, capitale Une et indivisible du peuple juif”, qui se tient chaque année à Montpellier, au mépris du droit international, qui prévoit un partage de la ville sainte, et à laquelle participe toute la baronnie socialiste locale. “Le peuple palestinien vit un massacre sans précédent, qualifié par des experts de l’ONU de génocide”, entame Alenka Doulain, cheffe de file de l’opposition de gauche. “Le droit international est en train de voler en éclat sous nos yeux. Ce vœu évite à notre collectivité les positions de posture, une diplomatie du “en même temps.” Et d’arguer que d’autres mairies ont déjà rompu leurs accord avec des villes israéliennes : Barcelone, Strasbourg…

Pour Michaël Delafosse, qui semble maîtriser l’art du en “même-temps”, il n’en est pas question. “Après l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre, il n’était pas concevable de répondre favorablement à ceux qui nous demandaient de suspendre notre jumelage avec la ville de Béthléem, en Cisjordanie. Dans ce cas, on arrête aussi le jumelage avec Louisville, aux États-Unis, parce que c’est Donald Trump qui gouverne ? Nous devons continuer le dialogue.”
Notons tout de même que dès le début de la guerre en Ukraine, Michaël Delafosse n’avait pas jugé bon de “continuer le dialogue” avec la ville russe d’Obninsk, et avait rapidement suspendu le jumelage que Montpellier entretenait avec la commune sur les questions de technologie, d’innovation, de santé, de culture, de tourisme et de sport.

Un relativisme que dénonce Coralie Mention, élue écologiste d’opposition : “Vous mettez en parallèle un attentat terroriste avec une épuration ethnique organisée par un État. Je suis choquée qu’après avoir nié la situation d’apartheid que subissent les Palestiniens, vous n’utilisez pas le mot génocide, pourtant, ce sont des dizaines de milliers de morts. Israël affame les populations et bombarde les hôpitaux, c’est un génocide, il ne faut pas avoir peur des mots. Il faut que la Ville de Montpellier demande à la France et l’Europe l’arrêt des livraisons d’armes et de la coopération avec Israël, la levée du blocus, la reconnaissance de l’État Palestinien et la décolonisation.”

c’est finalement un “contre-vœu”, présenté par la majorité, purement symbolique, qui a été voté. Julie Frèche, adjointe aux mobilités et fille de George Frèche, ancien maire de Montpellier, qui qualifiait la ville de “poste avancé de Tsahal” et signataire de ce fameux jumelage, en résume les positions au micro : “Nous dénonçons les massacres sur les civils israéliens comme nous dénonçons les crimes de guerre à Gaza, nous dénonçons la politique de colonisation et de suprémacisme menée par le gouvernement israéliens, nous demandons le cessez-le-feu, la libération des otages israéliens comme des prisonniers de guerre palestiniens, la reconnaissance de la Palestine et une solution à deux États.” De quoi conforter l’opposition dans ces dénonciations de “positions de postures”.

Et Michaël Delafosse, qui donne encore des cours comme professeur d’histoire en plus de son mandat de maire, de conclure de façon lunaire le débat sur son habituel ton lénifiant en se félicitant d’avoir accueilli un enfant palestinien dans sa classe cette année. Faudrait-il, en plus, lui remettre une médaille ?

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