Montpellier – Nîmes : victoire du MHSC sur fond de répression

Le Poing Publié le 1 octobre 2018 à 19:25 (mis à jour le 26 février 2019 à 23:37)

Suite aux incidents ayant émaillé la victoire de Montpellier face à Nîmes (3-0) lors du derby au stade de la Mosson, l’instance disciplinaire de la ligue de football professionnel a décidé d’ouvrir une instruction et de prendre des mesures conservatoires en attendant les résultats de l’enquête : fermeture indéfinie des tribunes Étang de Thau et Basse Camargue, ainsi que du parcage extérieur des supporters montpelliérains(1). Les médias locaux justifient ces punitions collectives par le coup de sang des supporters, sans s’attarder sur la répression qu’ils ont subie.

Le public gazé avant et pendant le match

Les tensions entre les clubs de Nîmes et de Montpellier existent depuis des décennies, et les récents vols de bâches et les provocations diverses – comme le remplacement des panneaux de la ville de Montpellier par des affiches « Nîmes » – ont rajouté de l’électricité dans l’air. Faire une distinction entre bons et mauvais supporters, entre chambrage inoffensif et rivalité violente, n’aurait pas de sens tant ces faits relèvent de la même dynamique. Ce derby s’annonçait donc mouvementé, comme tout derby historique. À ce titre, les forces de police étaient déployées en nombre et ont séparé quelques centaines de supporters montpelliérains de leurs rivaux nîmois à coups de canon à eau, n’empêchant pas un échange de projectiles divers – boulons, fumigènes et bouteilles – entraînant quelques blessés légers. Le nuage de gaz lacrymogène s’est déplacé vers le stade, étouffant de nombreuses familles qui attendaient de pouvoir passer les grilles. Le mouvement de foule a été évité de justesse.

Usage disproportionné de la force

Plus tard, les banderoles déployées par les montpelliérains – « Le palmarès des crocodiles ? Une finale à Intervilles » – et les nîmois – « Vous êtes comme votre nouvelle gare : inutile » – ont permis à cet affrontement de se poursuivre par messages interposés. À deux reprises, le match a été interrompu, notamment après qu’une grille ait cédé sous le poids des supporters montpelliérains, ce mouvement de foule pouvant s’expliquer par le déploiement dans le parcage nîmois d’une partie de la banderole volée dans les locaux de la Butte Paillade. En réaction, les CRS sont intervenus en seconde mi-temps et ont abondamment gazé les tribunes populaires. Au moins deux supporters ont été blessés. Enfin, contrairement à ce qu’ont affirmé certains médias locaux, « il n’y a pas eu d’envahissement » comme l’a reconnu lui-même le président du MHSC Laurent Nicollin.(2) La tension entre les supporters fait partie de l’ADN d’un derby. Les modalités de sécurisation d’une rencontre sportive relèvent de la responsabilité des autorités, et non de celle des supporters, qui n’ont pas à subir des punitions collectives et un usage disproportionné de la force quand ils soutiennent leurs équipes.

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