Montpellier : plus d’un millier de personnes dans la rue contre les violences policières
Organisée par des partis politiques de gauche, des associations et des syndicats, la marche, revendiquant une réforme de la police et et une volonté d’action dans les quartiers populaires, a calmement arpenté le centre-ville ce samedi 23 septembre
Si le rendez-vous était était fixé à Plan Cabanes, avec une volonté affichée de créer du lien avec les quartiers populaires, il était difficile, le 23 septembre, de trouver des profils sociologiques autres que des militants habitués des mobilisations (Solidaires étudiants, le SCUM, UCL, NPA, Révolution permanente, la CGT), dans le rassemblement montpelliérain contre les violences policières. Celui-ci s’inscrivait dans une journée d’action nationale qui a vu défiler des milliers de personnes dans toute la France.
Cahin-caha, le cortège s’est mis en branle le long du cours Gambetta, mené par une banderole d’élus de gauche organisateurs de la manifestation (notamment Nathalie Oziol, députée France Insoumise de la 2e circonscription de l’Hérault), et des syndicats. Les revendications sont claires : abrogation de la loi 2017 sur l’assouplissement des règles en matière d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre, réforme en profondeur de la police, de ses techniques d’intervention et de son armement, remplacement de l’IGPN par un organisme indépendant de la hiérarchie policière et du pouvoir politique, création d’un service dédié aux discriminations touchant la jeunesse au sein de l’autorité administrative présidée par le Défenseur des droits, renforcement des moyens de lutte contre le racisme, y compris dans la police, et un plan d’investissement public ambitieux dans les quartiers populaire et sur l’ensemble du territoire pour rétablir les services publics, le financement des associations et des centres sociaux.
Une radicalité complexe à établir
Derrière une tête de cortège calme et lisse, plusieurs groupes ou banderoles affichaient des slogans et revendications plus radicales : on a ainsi pu entendre des “tout le monde déteste la police” chez les étudiants, ou une certaine énergie dans les rangs de Révolution Permanente.
Pendant les prises de paroles, un militant autonome, plutôt pour l’abolition de la police que sa réforme, rongeait son frein. ” Je suis là parce que nous on a pas la force de ramener autant de militants. Mais cette manifestation aurait du avoir lieu il y a des mois, dans le sillage de la mort de Nahel, là ça fait un peu tard. Et puis ça ne s’arrête pas aux manifestations déclarées, il y a d’autres moyens d’agir”, explique-t-il, en citant notamment l’AG de Montpellier contre les violences d’État et les libertés, qui fait un gros travail de soutien aux inculpés et détenus des mouvements sociaux.
Concernant l’absence des habitants des quartiers populaires dans la manifestation, un militant libertaire, professeur des écoles à la Paillade, a lancé des pistes de réflexion : “Je pense que c’est plus simple de créer du lien et de se mobiliser ensemble dans des villes où il y a des comités de justice et vérité pour des victimes de crimes policiers, comme Justice pour Adama, ou Wissam à Clermont-Ferrand. Ce que j’observ personnellement, c’est que les gens des quartiers populaires ne s’identifient pas comme tel, car dès qu’ils peuvent, ils en sortent et ne veulent pas vivre là. Et puis quand on est dans la grande précarité, voire la survie, c’est compliqué de se mobiliser.”
Un argument que balaiera Nathalie Oziol, députée FI de l’Hérault : “On pourrait dire pareil des grévistes qui perdent des jours de salaires, mais pourtant ils sont là et se battent”, en rajoutant que certaines personnes issues des quartiers populaires, comme les salariées d’Onet actuellement en grève illimitée, étaient présentes à la manifestation. “Mais oui, il faut plus de diversité, on a notre responsabilité là-dedans”, a-t-elle concédé.
E. B.
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