Montpellier : rassemblement contre la sélection à la fac sur fond de divergences entre syndicats étudiants

Le Poing Publié le 12 décembre 2023 à 12:52 (mis à jour le 12 décembre 2023 à 16:06)
A gauche, Solidaires étudiants et le Poing Levé, à droite, le Syndicat de combat universitaire de Montpellier, lors d'un rassemblement contr la sélection à l'Université le 12 décembre à Paul-Valéry. ("Le Poing")

Le Syndicat de combat universitaire de Montpellier (SCUM) et Solidaires étudiants ont tous deux appelé au même rassemblement à la faculté Paul Valéry ce mardi 12 décembre, mais de manière séparée. Une situation qui illustre moins une guéguerre de chapelles sur la forme qu’une différence de fond sur les méthodes politiques

Une revendication commune, la fin de la sélection à l’université, mais deux blocs séparés physiquement de quelques mètres pendant le rassemblement du mardi 12 décembre, devant la bibliothèque de la faculté Paul Valéry. D’un côté, le SCUM, syndicat de combat universitaire de Montpellier, et de l’autre, Solidaires étudiants et Le Poing Levé, organisation étudiante rattachée au parti trotskyste Révolution Permanente.

Pour comprendre ces dissensions entre syndicats étudiants, il faut remonter au 5 décembre dernier : le Conseil des études et de la vie universitaire (CEVU), instance décisionnaire qui gère (entre autres) les capacités d’accueil des filières de la fac, où le SCUM siège en tant que représentant des étudiants, a voté les capacités d’accueil et les critères de recrutement en licence et en Master, réduisant le nombre de place dans un certain nombre de filières.

Une décision jugée contraire à une motion que le SCUM avait fait adopter en janvier, qui précisait que “Le Conseil des Études et de la Vie Universitaire (CEVU) de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, réuni ce mardi 10 janvier 2023, décide de ne pas fixer de capacités d’accueil en Licence et Master pour l’année universitaire 2024-2025.[…] Nous refusons aujourd’hui de voter des capacités d’accueil au sein de notre université tant que le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) refusera d’attribuer à notre établissement une dotation budgétaire pérenne à la hauteur de nos besoins“. Une motion par ailleurs jugée “irréaliste” par certains professeurs et syndicalistes étudiants que nous avions interrogé à ce moment-là.

Ce revirement de position a provoqué la colère du SCUM : ses militants ont décidé d’envahir de l’intérieur le CEVU du 5 décembre pour protester contre ce vote. Dans la foulée, ils ont appelé à un rassemblement le 12 décembre.

De son côté, solidaires étudiants, qui ne siège pas dans les instances de la faculté, a dénoncé sur Twitter “un simulacre de démocratie” en citant la motion votée par le SCUM en janvier sans les citer, et a appelé également au rassemblement. Une position dénoncée comme de “la récupération politique” du travail mené par le SCUM.

“Front uni” malgré tout

Ce qui pourrait apparaître comme de viles querelles estudiantines renvoie en réalité à deux conceptions différentes du syndicalisme étudiant. Pour le SCUM, la position de Solidaires étudiants de ne pas siéger en Conseil les conduit à “ne pas prendre conscience des jeux de pouvoirs interne à la fac”, selon Lucie, membre du SCUM. “Solidaires compte sur les profs pour militer avec nous contre la sélection, mais les profs présents en Conseil ont quasiment tous voté pour la réduction des capacité d’accueil à la fac.”

Un autre adhérent du SCUM renchérit : “Nos lignes politiques sur la sélections sont semblables, et on est tous là au rassemblement aujourd’hui. Mais il faut lutter au quotidien comme le fait le SCUM, qui réussit chaque année à inscrire bon nombre de sans-fac, pas en étant juste là au rassemblement.”

Du côté de Solidaires, on maintient la position de ne rien attendre des Conseils universitaires dans la lutte pour les droits des étudiants, et un de leurs militants précise : “On inscrit aussi beaucoup d’étudiants, on aide notamment les étudiants étrangers dans leurs démarches administratives. C’est du travail invisible, et on ne communique pas dessus car ce ne sont pas nos méthodes.” Un manque de communication choisi, qui, selon eux, fait que les étudiants sont moins nombreux à les rejoindre que le SCUM.

“Et puis on est sur d’autres luttes, qui ne concernent pas forcément les étudiants, comme la lutte contre l’extrême-droite ou les manifestation de soutien à la Palestine, ce que ne fait pas le SCUM, qui a de fait une ligne politique plus ouverte que nous, et plus de forces à consacrer sur la fac”, analyse un militant, qui relativise : “Quand le SCUM fait du bon travail, on les félicite. On ne va pas se tirer dans les pattes. Le but, aujourd’hui, c’est de faire un front uni contre la sélection à l’université.” Des différences pas insurmontables, donc.

E. B.

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