Montpellier : sanctions disciplinaires en série dans le secteur du social, toujours en lutte
Ce mardi 28 octobre, les salariés de l’APSH 34 (association pour personnes en situation de handicap), étaient en grève pour soutenir deux de leurs collègues convoqués pour un entretien préalable à sanction, pour des motifs qu’ils jugent “fallacieux”. Un cas loin d’être isolé, dans un secteur en lutte depuis plusieurs mois contre les coupes budgétaires
“Ce qui est reproché aux collègues, c’est de ne pas se laisser faire, et de réfléchir sur leur travail”, martèle une représentante syndicale de Sud Santé-Sociaux, devant les locaux de l’association pour personnes en situation de handicap de l’Hérault (APSH 34). Ce mardi 28 octobre, son syndicat et la CGT avaient appelé à un rassemblement de soutien pour deux salariés, convoqués à un entretien préalable à sanction.
“La direction leur reproche d’avoir laissé les toilettes d’un résident en situation de handicap se boucher et de ne pas avoir prévenu le cadre de permanence le week-end où ça s’est passé”, précise la déléguée syndicale. Un motif qu’elle et les équipes jugent “fallacieux”. “Ce sont des personnes investies et qui refusent de se faire marcher dessus”, souffle une travailleuse sociale de l’APSH.
“La direction a informé l’un des deux salariés qu’il était mis à pied un matin alors qu’il arrivait au travail, ça a choqué toute l’équipe”, raconte la militante de Sud Santé Sociaux. La deuxième salariée, quant à elle, voit son contrat se terminer… ce 28 octobre, soit le jour de sa convocation. Une troisième personne risque également d’être sanctionnée. Atteinte de migraines, elle aurait “fermé les yeux sur un canapé dans la salle de pause”, selon ses collègues.
“Management par la peur”
Stéphane* (prénom modifié), un salarié de l’association, évoque quant à lui “un management par la peur”. Un qualificatif que la représentante syndicale Sud Santé-Sociaux ne renie pas : “L’an dernier, la direction a fait licencier un directeur de service. Toute son équipe était très attachée à lui et l’a défendu.” Équipe dont les salariés convoqués aujourd’hui faisaient partie.
Cette séquence, portée en Comité Social d’Entreprise, a débouché sur un rapport d’expertise, paru en avril 2025, mettant en lumière en avant une “violence managériale” au sein de l’association. Un rapport que “la direction conteste”, selon la syndicaliste de Sud Santé-Sociaux. “On attend de nous une loyauté sans faille, elle dit que nous sommes dans une “maison”, et parfois, la direction nous surnomme “fils” ou “fille”, c’est extrêmement paternaliste et ça en dit long sur la culture de la boîte”, décrit-elle.
Contactée, la direction de l’APSH n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Une infirmière suspendue au SAMU social
Jeudi 24 octobre, c’était au tour des salariés de l’association l’Avitarelle d’organiser un rassemblement de soutien pour l’une de leur collègue infirmière, suspendue dans un contexte de mobilisation de la structure contre des suppressions de postes. Sa mise à pied, le 29 septembre dernier, avait provoqué un mouvement de quatre jours de grève dans son service, le SAMU social. Et jeudi dernier, une trentaine de personnes étaient venues coller des photos de leurs pieds devant le siège de l’association pour répondre avec humour à cette convocation.

La direction reproche à cette infirmière des faits “d’insubordination, de harcèlement sur un supérieur hiérarchique et d’instrumentalisation de ses collègues.” Mais pour Antoine, membre de la Coordination du social contre les coupes budgétaires, venu en soutien, ces motifs sont là encore fallacieux. “Elle a été sanctionnée car elle sait fédérer et de mobiliser ses collègues. En quelques coups de fils elle a déjà fait débrayer tout son service, c’est ça que craint la direction.” Direction de l’Avitarelle qui n’a pas répondu à nos sollicitations.
Antoine, par ailleurs salarié de l’Association AREA, qui s’occupe d’habitants de bidonvilles, s’estime lui aussi visé par une forme de répression : sa structure va fermer au 31 décembre 2025, “car on a pris position politiquement”, affirme-t-il. En septembre dernier, son équipe a mené une grève pour s’opposer aux conditions dans lesquelles une expulsion de bidonville était réalisée, en dénonçant le manque de solutions de relogements. “On défend une vision globale de l’accompagnement social que nos partenaires et financeurs ne partagent pas. Nos missions ne seront pas reconduites”, analyse-t-il.
“C’est une répression globale”
La répression de la mobilisation dans le secteur social n’est pas nouvelle. Au printemps dernier, les salariés de l’Association de Prévention Spécialisée (APS 34), alors en lutte contre des coupes budgétaires, avaient vécu une tentative d’étouffement de leur parole : un communiqué de la CGT Action sociale Hérault, daté du 30 mars, évoquait une directive prise par la direction de l’APS 34 indiquant que “tout contact avec la presse nécessite l’autorisation du Président (…) Sans autorisation, le salarié commet une faute professionnelle”. “Cela traduit une violence managériale que l’on retrouve beaucoup dans le secteur”, réagissait alors Sophie Vidal, déléguée syndicale CGT Action Sociale.
Un ensemble d’éléments, qui, selon Antoine, traduisent “une répression globale qui dépasse l’APSH”. “Si les coupes budgétaires n’est pas systématiquement le déclencheur, on remarque que ces vagues de répression touchent systématiquement des équipes stables, en place depuis un moment, soudées et capables de se mobiliser pour défendre leurs conditions de travail.” Un cégétiste présent au rassemblement ajoute : “Dans un contexte d’austérité, licencier peut faire faire des économies…”
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