Montpellier : une nouvelle Base pour la lutte sociale et écologique

Le Poing Publié le 12 mars 2023 à 16:37

Alternatiba, Greenpeace et Extinction Rébellion ouvrent en commun un nouveau lieu associatif en centre ville. Autour d’un bar et d’un espace de co-working, s’y organiseront réunions, débats, animations. Ouverts à tous et toutes.

Plusieurs centaines de personnes ont effectué un crochet, ou se sont attardées, ces vendredi et samedi 10 et 11 mars, au numéro 15 de la rue Chaptal à Montpellier (près du cours Gambetta et de la Sécurité Sociale). A cette adresse avait lieu la première ouverture publique d’un nouveau local appelé “La Base“. Il en existe aussi dans quelques autres villes de l’Hexagone.

A quelque chose, le COVID aura été bon : au sortir des confinements, c’est avec des désirs de transformer concrètement nos vies, et de se retrouver et partager pour commencer, que le projet est né, d’aménager ce nouveau lieu associatif militant. Les choses ont été rondement menées : une année seulement aura été nécessaire pour parvenir à l’actuelle inauguration. Cela, non sans passer par une campagne d’autofinancement plutôt ambitieuse (20 000 euros, investis dans l’aménagement d’un local en location, de 170 mètres carrés).

Aucune subvention n’est envisagée à l’appui. C’est là un principe d’indépendance. Trois groupes nettement distincts, mais de fibre cousine, habitués à se rencontrer dans l’action militante de terrain, s’y sont attelés. Soit : Alternatiba, Greenpeace, Extinction Rebellion. Ils convergent sur au moins deux points. L’un est de considérer que la lutte pour la justice sociale d’une part, la lutte pour la défense du climat et du vivant d’autre part, ne peuvent être dissociées. L’autre est d’estimer que l’action politique sur la question du climat est totalement insuffisante et d’une lenteur dramatique, quand ce sont les pouvoirs qui prétendent s’en préoccuper, intriqués qu’ils sont dans les logiques économiques dominantes, du capitalisme, du profit et de la croissance indéfinie. Il y a urgence.

D’Alternatiba (depuis huit ans à Montpellier et réunissant localement Alternatiba et ANV-COP21), on a connu les villages des alternatives, les camps climat, la formation et la mise en pratique des actions de désobéissance civile (dont la fameuse campagne de décrochage des portraits d’Emmanuel Macron, avec procès retentissants à la clé). Les groupes locaux d’Extinction Rébellion sont autonomes ; depuis 2019, celui de Montpellier est devenu la bête noire du secteur de l’affichage publicitaire et des collectivités locales complices. Greenpeace, lui depuis vingt ans, se livre à des campagnes d’expertise pointue de protection environnementale, comme actuellement la question de l’eau, promise à devenir gravissime.

Greenpeace rejoint aussi les deux autres groupes sur des actions très militantes de terrain : par exemple la dénonciation du chantier du L.I.E.N. à Grabels et Combaillaux. Ou bien une lutte nouvelle, qui va gagner en importance stratégique : le rejet de l’expansion de l’aéroport de Montpellier, où les esprits écocidaires, arc-boutés sur les modèles de fin du monde, fantasment qu’il faut en passer coûte que coûte de deux millions de passagers annuels (comme actuellement) à trois millions et demi, pour assurer encore plus de développement mortifère de la Métropole. Business as usual.

Retour à la Base : trois pièces distinctes permettront d’y ouvrir un bar (sur adhésion à prix libre, les jeudis, vendredis, samedis), un espace de co-working pour dix personnes toute la semaine, d’abriter les réunions et activités militantes des trois entités. Cela tout en accueillant, au meilleur prix et esprit, d’autres groupes et activités en quête d’espaces. Expositions, débats, spectacles, soirées ouvertes, sessions de formation, seront ainsi au programme. « Nous sommes convaincus que la mobilisation citoyenne est la clé pour bâtir ensemble un monde plus juste et plus soutenable, pour promouvoir les alternatives et remporter des victoires » affirment les animateur.ices du lieu. C’est très politique ; et en rien contradictoire avec le fait d’être « un lieu convivial, et ouvert à toutes et tous », autour de « valeurs fondamentales de bienveillance, d’inclusivité et de non-violence ».

(Photos : La Base Montpellier)

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