Mort de Nahel : après les émeutes, condamnations pour l’exemple à Montpellier

Le Poing Publié le 4 juillet 2023 à 18:53 (mis à jour le 6 juillet 2023 à 14:20)
Image d'illustration. "Le Poing"

Partout en France, les émeutes qui ont eu lieu après la mort du jeune Nahel ont donné lieu à de nombreuses interpellations. Il en a été de même à Montpellier et dans un communiqué de presse, le procureur de la République, Fabrice Bélargent, a déclaré que « suite aux violences urbaines survenues lors des nuits du 30 juin au 1er juillet et du 1er au 2 juillet 2023 (…) 26 personnes ont ainsi été placées en garde à vue, principalement pour des faits de vols avec dégradations et en réunion, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique et dégradations volontaires par incendie ».

Fin 2018-début 2019, le pouvoir devait en finir avec la révolte des gilets jaunes. Les interpellations se sont donc multipliées et les condamnations en comparutions immédiates ont envoyé des milliers de personnes en prison. Une circulaire de la garde des Sceaux appelait les juges à faire preuve de sévérité. Les condamnations pour l’exemple et les mutilations devaient être dissuasives. De même, le soulèvement actuel d’une partie de la jeunesse doit être éradiqué, celle qui connaît, les contrôles à répétition, les humiliations et les menaces et s’identifie au jeune Nahel, exécuté par un policier à Nanterre, le mardi 27 juin.

Partout en France, les émeutes qui ont eu lieu après la mort du jeune homme ont donné lieu à de nombreuses interpellations. Il en a été de même à Montpellier et dans un communiqué de presse, le procureur de la République, Fabrice Bélargent, a déclaré que « suite aux violences urbaines survenues lors des nuits du 30 juin au 1er juillet et du 1er au 2 juillet 2023 (…) 26 personnes ont ainsi été placées en garde à vue, principalement pour des faits de vols avec dégradations et en réunion, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique et dégradations volontaires par incendie ».

19 déferrements

Ce lundi 3 juillet, 19 personnes ont été déférées devant le parquet malgré une grève et une manifestation des greffiers qui a perturbé le fonctionnement du tribunal. Selon le communiqué du procureur, « six mineurs, pour l’essentiel âgés de moins de 16 ans, ont été présentés au juge des enfants. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de sortir de leur domicile la nuit et de paraître sur les lieux de commission de l’infraction ».

Les neuf autres prévenu.e.s, de jeunes adultes, ont été jugé.e.s dans deux salles d’audiences ouvertes au public, qui a pu mesurer une différence de sévérité dans les réquisitions du ministère public et dans les peines prononcées : 150 heures de travail d’intérêt général ou de la prison avec sursis, dans la première salle, de la prison ferme avec mandat de dépôt majoritairement dans la deuxième salle.

Samedi 1er juillet, Quatre personnes majeures ont été présentées au JLD (juge des libertés et de la détention) et placées sous contrôle judiciaire dans l’attente d’une comparution, qui a eu lieu le lundi suivant.

Deux amis sont interpellés brutalement alors qu’ils circulent dans la nuit, sur un scooter à la Paillade. En chutant avec le scooter ils se blessent et dans le fourgon ils insultent les policiers et l’un des deux, furieux, profère des menaces et donne des coups. Les 2 amis contestent le PV des forces de l’ordre qui les accuse d’avoir jeté des projectiles depuis la poste occupée puis depuis leur scooter. Une erreur sur leur tenue vestimentaire et d’autres contradictions permettront à la défense de plaider une confusion sur les personnes. Après avoir présenté des excuses, l’un sera relaxé. Le deuxième, le propriétaire du scooter, alcoolisé, a aussi présenté des excuses mais, jugé coupable de menaces et de violences physiques sur les policiers, il a été lourdement condamné : 18 mois d’emprisonnement dont six de sursis, 800 euros de dommages et intérêts à un policier, 400 euros de dommages et intérêts à d’autres plaignants moins touchés par les coups et 400 euros au nom de l’article 470-1 du code de procédure pénale. Comme il a un emploi et des charges de famille, il est ressorti libre du tribunal et se rendra devant le juge d’application des peines pour un aménagement de peine.

Deux autres jeunes mineurs, venus manifester en ville depuis leurs bourgades proches de Montpellier, sont poursuivis pour violences et feu de poubelle. Le verdict est sévère. L’un a été condamné à un an de prison avec mandat de dépôt pour tir de mortier et à 400 euros d’amende pour avoir fourni une identité imaginaire. L’autre, qui a déjà eu des condamnations alors qu’il était mineur, part en prison pour un an, coupable d’avoir mis le feu à une poubelle. En direction de sa mère et de ses amis dans l’assistance, il a fait de la main le signe de se pendre ou de se tailler les veines. Il a déclaré à la juge qu’il est suicidaire et qu’il a fait récemment une tentative de suicide. Sa mère nous confie qu’il a besoin d’un suivi médical. Comme l’autre jeune dont l’amie était défaite, en larmes, il a été emmené sans que ses proches aient pu l’approcher et le rassurer. Ils ont dix jours pour faire appel.

Enfin un prévenu accusé d’avoir participé au pillage d’un magasin en compagnie du fils de sa compagne, âgé de 14 ans, est condamné à une peine de 3 mois d’emprisonnement avec incarcération immédiate.

L’ordre doit régner et le couvercle doit se refermer sur l’expression de la colère devant l’injustice. L’institution judiciaire y veille. Son ministre, Dupont-Moretti, lui a rappelé sa fonction répressive avec véhémence.

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