Municipales 2020 : « La gauche pour Montpellier » veut créer une « police des transports »

Le Poing Publié le 25 septembre 2018 à 13:40 (mis à jour le 26 février 2019 à 23:50)
En juin 2017, des Montpelliérains ont fait savoir à leur manière qu'ils n'appréciaient pas vraiment la TAM...

Hier midi se tenait une conférence de presse organisée par quatre élus du groupe d’opposition municipale « La Gauche pour Montpellier » : Jean-Pierre Moure, Julie Frêche, Hervé Martin et Michaël Delafosse, président du groupe et candidat aux municipales de 2020. De nombreux sujets ont été abordés, dont la question des contrôles dans les transports publics de l’agglomération montpelliéraine.

Un large tour d’horizon sur la politique municipale

Michaël Delafosse a insisté sur la nécessité de démarrer « rapidement » les travaux pour le nouveau projet de ligne de tramway, censée desservir la toute nouvelle gare TGV Sud de France. Jean-Pierre Moure, ancien candidat aux municipales de 2014, a rappelé qu’il avait déjà déposé en 2012, en tant que président de l’agglomération, un dossier pour obtenir des financements de l’État pour la création de cette ligne. Quant à la desserte en bus de la gare Saint-Roch et des lignes 1 et 3 du tramway, elle est « insuffisante » aux yeux des quatre élus.

Autres sujets abordés sur le volet de l’aménagement urbain : « la nécessité », pour la ville et la métropole, de « réinvestir » dans l’aéroport Montpellier-Méditerranée et le « besoin » de travaux sur les échangeurs de l’autoroute A709. Hervé Martin a aussi regretté « l’absence de concertation » avec les habitants de la ville lors de la mise en place de la semaine des quatre jours à l’école. L’Écusson, centre-ville et vitrine touristique de Montpellier, fait l’objet d’une proposition de demande de classement auprès de l’Unesco par le groupe d’opposition, qui réclame aussi la tenue de « concertations citoyennes » pour statuer sur les très décriés chantiers de l’agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) dans les quartiers populaires.

Propositions sécuritaires

Michaël Delafosse s’est aussi réjoui de la mise en place de la « police de sécurité du quotidien » (PSQ) dans le quartier populaire de la Paillade, récemment classé en « quartier de reconquête républicaine » (QRP)(1). Jean-Pierre Moure a d’ailleurs rappelé que pendant son mandat de président socialiste de l’agglomération, il avait déjà fait une demande de classement des quartiers du Petit-Bard, des Cévennes et de Pergola en zone de sécurité prioritaire (ZSP), requête acceptée par Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur(2). Michaël Delafosse, qui ne se veut « ni alarmant, ni angélique », lance l’idée d’une « police des transports » qu’il propose de financer en se servant des « moyens mis sur les contrôleurs Lyonnais », c’est-à-dire les contrôleurs employés par la SCAT, une société privée utilisée en sous-traitance. Vidéos à l’appui (à voir en bas de l’article), de nombreux usagers des tramways dénoncent la brutalité de ces contrôleurs. Même l’édile Philippe Saurel s’en était pris aux agents de la SCAT lors de la campagne municipale de 2014, en déclarant face caméra à des salariés de la TAM : « L’histoire des Lyonnais, tout le monde m’en parle ! La SCAT, c’est catastrophique ! […] Ça va a contrario des intérêts du personnel de TAM et des Montpelliérains qui sont pris pour des pigeons ou qui en ont vraiment la sensation. Donc non aux Lyonnais ! ». Une entreprise qui semble malgré tout couler des jours heureux, puisque depuis le 10 septembre le groupe Kéolis, filiale de la SNCF et exploitant du réseau de Transport en Commun Lyonnais (TCL), utilise la SCAT pour « sécuriser » le ramassage scolaire(3).

La police des transports proposée par Michaël Delafosse serait-elle moins brutale que les agents de la SCAT ? Pas sûr. La métropole d’Orléans, pionnière en la matière, a décidé d’armer sa police des transports – qui cumule les rôles de contrôleurs et de policiers – d’un semi-automatique Glock 17 au début du mois de juillet 2017(4). Dans la course au tout-sécuritaire, les socialistes n’ont décidément rien à envier à la droite, voire à l’extrême-droite.

Sources :

(1) « A Montpellier, la police du quotidien fait son retour dans les quartiers », France 3, 20 septembre 2018.
(2) « Montpellier. Quartiers populaires : dire non à la gauche sécuritaire ! », Blog Médiapart, 10 octobre 2012.
(3) « TCL : des luttes contre la fraude confiées à un sous-traitant », Lyon Capitale, 11 septembre 2018.
(4) « Dix policiers armés dans les transports d’Orléans Métropole », La République du centre, 17 octobre 2017.

Pour approfondir le sujet :

« Les contrôleurs de la TAM ont-ils tous les droits ? », Le Poing, 23 mars 2017.

Vidéos :

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