Nourrisson mort : le journaliste Jean-Marc Aubert (encore) accusé de diffamation, puis relaxé

Elian Barascud Publié le 5 septembre 2024 à 17:03 (mis à jour le 5 septembre 2024 à 17:04)
Jean-Marc Aubert. Photo de Montpellier journal (DR)

Jeudi 6 juin, Bertrand Fassio, directeur de publication du Métropolitain (hébergé sur actu.fr) et le fait-diversier Jean-Marc Aubert, étaient au cœur d’un procès en diffamation au tribunal d’instance de Montpellier pour un article publié l’an dernier au sujet de la mort d’un nourrisson. Il a finalement été relaxé le 5 septembre

À la barre,une femme, nourrice de profession, la plaignante. Les prévenus, eux, sont absents. Bertrand Fassio, directeur de publication du journal Métropolitain, et le journaliste spécialiste des faits divers Jean-Marc Aubert, sont visés par une plainte en diffamation au sujet d’un article publié le 7 juin 2023, à propos de l’autopsie d’un nourrisson mort chez sa nourrice. L’article, depuis supprimé, évoquait une mort « par étouffement » et montrait une photo d’un bébé sur le ventre avec un bracelet d’hôpital. Les analyses post-mortem révéleront que l’enfant était en fait atteint de méningite. Pour Me Hisbergues, l’avocat de la plaignante, « l’article publié par Metropolitain sur son site et sur Facebook porte atteinte à son honneur ». Après une demande de nullité rejetée, la présidente de séance rappelle le casier du journaliste Jean-Marc Aubert : six condamnations dont cinq pour diffamation entre 2013 et 2019.

Pour rappel, en 2017, interrogé sur sa responsabilité, du fait de ses articles à charge contre les mineurs étrangers, dans l’attaque d’un groupe identitaire contre une association s’occupant des migrants, Jean-Marc Aubert nous avait accusé d’être téléguidé par un politicien local, qualifié au passage de… « sale arabe », en précisant que « dire qu’un arabe est sale, c’est-à-dire qu’il ne se lave pas, qu’il sent mauvais, c’est pas raciste ». Le fait-diversier a aussi publié un article relayant avec engouement une action de Génération identitaire, groupe suprémaciste dissous, et a reproduit in extenso un tract d’Alliance police nationale qualifiant les gilets jaunes de « sous-êtres humain », retiré depuis par le syndicat policier, mais pas par actu.fr. En 2020, il avait été condamné pour accès frauduleux à un système de données (celui des pompiers). En 2022, il avait été accusé d’injures racistes.

« Atteinte à l’honneur »

En effectuant des allers-retours devant la juge et les membres du tribunal, Me Hisbergues retrace le déroulé de la journée du 5 juin 2023, où le nourrisson, C., est mort. « C. arrive chez sa nounou, ma cliente, avec son frère. Celle-ci constate que C. ne va pas pas bien et la met à la sieste. À 16 heures, au réveil, elle constate que l’enfant ne va pas mieux, elle appelle les pompiers, et un médecin lui indique les gestes à appliquer. Du sang jaillit de la bouche du nourrisson. Vingt minutes plus tard, les pompiers arrivent, mais C. décède. Le médecin ne donne alors aucune cause du décès. » C’est le 8 juin qu’un médecin conclura à une mort provoquée par une méningite.

Ce qu’il est reproché à l’article du Métropolitain du 7 juin, c’est d’avoir écrit que l’enfant était mort par étouffement et que le médecin n’avait constaté aucune trace anormale sur le corps. « Le médecin n’a pas évoqué l’étouffement », affirme l’avocat. Selon lui, sa cliente « a été mis au banc des accusés, dans le village de 4 000 habitants où elle vit et travaille, tout le monde l’a identifié même si elle n’était pas citée nommément. Sa vie dans son village est maintenant foutue, elle a reçu des messages de gens choqués de ce qu’ils ont pu lire. »

Il dénonce « la volonté de faire le buzz », qui aurait selon lui coûté cher à sa cliente : « À la suite de la publication de l’article, des gens qui lui confiaient la garde de leurs enfants ont arrêté de le faire. » Il estime le préjudice professionnel lié à ces ruptures de contrat à 33 000 euros, auxquels il rajoute 10 000 euros de préjudice moral et 3 000 euros de frais de procédures.

De son côté, la procureure a également évoqué la volonté de faire du buzz au détriment de la qualité de l’information. « Dès fois, on constate des diffusions dans la presse avant que le parquet ne communique sur l’affaire ». N’est-ce pas tout simplement le modèle économique du Métropolitain ?

« Pas d’imputation de fait précis »

Me Mendel, l’avocat de Jean-Marc Aubert et Bertrand Fassio, réfute l’aspect diffamatoire de l’article. « Assistante maternelle est un métier difficile, personne ne le conteste, et ça arrive d’avoir un enfant que l’on garde qui décède. Mais les éléments ne peuvent pas être justifiés. Il n’y a pas d’imputation de faits précis visant la plaignante. Elle n’est pas citée, et dans un village qui compte 24 assistantes maternelles, elle ne peut pas être identifiée. Et puis, les éléments décrits comme diffamatoires figurent également dans l’article que Midi Libre a fait du sujet. Certes, elle peut être identifiée par un cercle restreint, sa famille et ses amis, mais c’est subjectif. » Puis, il se tourne vers la plaignante : « Madame, si depuis cette histoire on vous regarde de travers dans votre village, ce n’est pas a faute de l’article de Monsieur Aubert, c’est parce que les gens sont méchants. » Il a demandé la relaxe.

Dans le délibéré rendu le 5 septembre, le tribunal a décidé de relaxer le journaliste, estimant que l’article ne portait pas d’allégations directes pouvant toucher à la dignité ou à l’honneur de la plaignante.

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