Obligation vaccinale, conditions de travail : les grèves se multiplient dans la région

Le Poing Publié le 5 septembre 2021 à 19:56
Pancarte brandie pendant une manifestation contre le pass sanitaire, le 4 septembre à Montpellier. Image d'illustration


Que ce soit contre l’obligation vaccinale ou pour de meilleures conditions de travail, de nombreuses grèves s’annoncent dès ce lundi 6 septembre dans la région. Au collège des Aiguerelles ou chez les ATSEM à Montpellier, à l’IME de Pont Saint Esprit ou encore au CHU de Nîmes.


Mobilisation et grève dans l’éducation dès ce lundi 6 septembre

Le comité inter-établissements 34, qui regroupe entre autres établissements, les collèges des Aiguerelles, de Lansargues, de la Croix d’Argent, mais aussi une trentaine d’écoles de la ville de Montpellier, et quelques professeurs syndicalistes dans des lycées, se remobilise avec la rentrée scolaire qui débute. La lutte ne date pas d’hier, avec déjà de nombreuses mobilisations durant l’année scolaire précédente.
Les revendications portent sur le manque de moyen alloués par département, région et ministère de l’éducation nationale, alors que le nombre d’élèves est en augmentation constante.

Un communiqué de presse du collectif précise : “Les besoins en professeurs, en AED (surveillants), en maîtres spécialisés, en remplaçants, AESH, infirmiers, en IME, sont ignorés par le ministre, qui a osé rendre 200 millions non utilisés sur le budget de l’Education nationale. Dans le second degré par exemple les moyens ont considérablement baissé, il y a 1800 emplois de professeurs en moins pour 43 000 élèves supplémentaires, alors même que la situation justifie des recrutements massifs pour prendre en charge des enfants, des jeunes qui n’ont que trop souffert de la crise sanitaire.”


Au collège des Aiguerelles, 99 % des professeurs ont voté pour la grève ce lundi 6 septembre. Ils appellent tous ceux qui le peuvent à être présents à 8h devant l’établissement. Une réunion ouverte à toute personne concernée est organisée ce même lundi 6 septembre à 19h à la Maison des Syndicats.

Les ATSEM vent debout contre la surcharge de travail

De leur côté, les ATSEM de la ville de Montpellier se mettent en grève reconductible dès ce lundi 6 septembre. [NDLR : ATSEM signifie Agent territorial spécialisé des écoles maternelles, qualifiées par l’obtention d’un CAP Petite Enfance. Leur rôle, essentiel, est de préparer les activités scolaires, de veiller au bien-être des enfants, d’animer certains ateliers. “C’est un soutien indispensable”, vous assurera la fiche d’orientation professionnelle du Parisien Etudiant. Elles restent pourtant largement sous-payées et sous-considérées. ]


Le combat porte sur le passage aux 1607 heures de travail par an, soit 70 de plus qu’avant la loi de transformation de la Fonction Publique du 6 août 2019. Une loi dont l’application dépend avant tout de la municipalité, qui décide des réorganisations du travail pour cette profession. M. Delafosse a fait son choix…


Autre grief des grévistes envers la Ville de Montpellier : de nouvelles missions sont attribuées aux ATSEM, comme l’animation, en fin de journée, des Temps d’Accueil et d’Animation après la Classe (TAAC), jusqu’ici gérés par des animateurs. En plus de cet alourdissement de la charge de travail, une non reconnaissance de la pénibilité du métier est pointée du doigt. Les ATSEM travaillent souvent baissée, ce qui induit des conséquences physiques et musculaires.

Un rassemblement est organisé dès 9 h 30 ce lundi 6 septembre sur le parvis de l’Hôtel de Ville, avec le soutien des délégués de parents d’élèves, d’enseignants, de syndicats étudiants et du comité inter-établissements 34 mentionné plus haut.

Des travailleurs sociaux gardois en grève contre l’obligation vaccinale et pour plus de moyens

Une mobilisation contre le pass sanitaire est également en cours chez les salariés de l’Institut Médico-Educatif de la Barrandonne, à Pont Saint Esprit. Concernés par l’obligation vaccinale à partir du 15 septembre, les réticents perdront leurs emplois. Dans un communiqué reçu par Le Poing, les salariés en grève revendiquent leur responsabilité et leur capacité d’adaptation dans l’exercice de leur métier. “Car malgré les changements de management, les arrêts maladies, et les salariés non remplacés, nous nous sommes toujours adaptés pour répondre aux besoins des usagers accompagnés. Car pendant toute l’épidémie nous avons toujours respectés les gestes sanitaires, et n’avons eu aucun cas COVID ni aucun cluster dans l’établissement. Car nous avons toujours pris soin de faire des tests quand cela nous a paru nécessaire.”


Jeudi 3 septembre, 25 salariés étaient en grève, soit la moitié des effectifs de l’IME. Des pancartes mises en avant sur les piquets de grève exigent aussi des embauches et plus de moyens pour la profession. Un rassemblement a été organisé devant la mairie de Pont Saint Esprit, avec l’appui de collègues de l’hôpital de Pont-Saint-Esprit, de l’ALSH des Garrigues d’Uzès ou encore des Yverières de Goudargues. Des Assemblées Générales sont organisées régulièrement pour décider de la suite du mouvement.

Le CHU de Nîmes rejoint la danse


Un préavis de grève a été déposé pour ce lundi 6 septembre par la CGT du CHU de Nîmes. Dans le viseur : l’obligation vaccinale pour le personnel à partir du 15 septembre, et l’extorsion de consentement concernant ceux qui se sont vaccinés pour ne pas perdre leur emploi. Les mesures visant à exiger un pass sanitaire à l’entrée de l’établissement pour les visiteurs et accompagnants de patients. Le syndicat revendique également un maintien de salaire pour les salariés suspendus, et que la direction de l’hôpital et l’Etat engagent leur responsabilité en cas de complications ou d’effets secondaires liées à l’injection du vaccin.

Par ailleurs la CGT du CHU milite depuis longtemps pour des embauches statutaires et non-contractuelles ( la sécurité de l’emploi contre la précarité permanente ). Des ouvertures de lits de réanimation partout dans le pays pour vraiment avoir les moyens de faire face à la pandémie. Et un grand Plan pour la Santé, rendant à ces beaux métiers leur caractère attractifs alors que de plus en plus en sont dégoûtés et quittent suite à la crise sanitaire et à l’incurie de l’Etat. Plan qui passerait par des augmentations de salaires et la mise en place de méthodes de management bienveillantes.

Des manifestants rencontrés par Le Poing pendant la manif montpelliéraine contre le pass sanitaire de ce samedi 4 septembre ont déclaré vouloir aller soutenir les grévistes du CHU de Nîmes. Une jonction à plus grande échelle entre les protestations du samedi et les nombreuses revendications sociales qui s’expriment dans le pays serait-elle possible ?


On ne vous cache pas qu’à la rédaction du Poing, on est très curieux de connaître la tournure prochaine des évènements !


Julien Servent

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Montpellier : le mouvement anti-pass s’ouvre à de nouvelles perspectives