Opérations “place nette” : quand la préfecture de l’Herault affiche le programme sur son site

Le Poing Publié le 11 avril 2024 à 19:10
Le préfet de l'Hérault, François-Xavier Lauch, lors d'une cérémonie officielle au parc du Peyrou à Montpellier. (Mathieu Le Coz/ Hans Lucas)

Ces opérations de police, destinées à endiguer le trafic de drogues, sont annoncées le matin même pour l’après-midi via arrêté préfectoral sur le site de la préfecture, quand les médias semblent le découvrir en fin de journée lors du bilan

“Dealers, rangez votre came, on arrive.” C’est ce qu’un esprit mesquin pourrait traduire de la communication de la préfecture de l’Hérault depuis quelques semaines à propos de ses opérations “place nette”, destinées à endiguer le trafic de drogue dans certains quartiers de Montpellier.

Le matin du 3 avril, un arrêté préfectoral concernant l’autorisation de “la captation, l’enregistrement et la transmission au moyen de caméras installées sur des aéronefs”, prévient d’une opération de police qui aura lieu le jour même de 15 à 19 heures, dans le quartier Montasinos, à Aiguelongues. Le soir-même, a 20 heures, La Gazette se fait le relais du préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch, fier d’avoir réalisé 26 interpellations dans la journée.

Rebelote le lendemain matin, 4 avril : même procédé, même intitulé pour l’arrêté, qui évoque des “points de deals très actifs sur le territoire de la commune de Montpellier”. Une nouvelle opération de police y est annoncée, à la même heure et au même lieu que la veille.

Jamais deux sans trois : au matin du 10 avril, nouvel arrêté, toujours le même intitulé, évoquant clairement le quartier Montasinos comme “touché depuis plusieurs années par un important trafic de stupéfiant qui perturbe la tranquillité des riverains et génère de nombreuses tensions et conflits […]”. Cette fois ci, l’horaire change, et l’opération doit se tenir de 18 à 20 heures. Le lendemain, 11 avril, le procédé et le lieu restent le même mais l’horaire change encore : l’opération est programmée de 16 à 18 heures. C’est qu’ils vont finir par s’y habituer !

De son côté, Sophie Mazas, avocate à la Ligue des Droits de l’Homme de l’Hérault, s’interroge : “Quel est le cadre juridique qui garantie les libertés fondamentales des gens dans ces observations par drone ? C’est un arrêté administratif, mais qui ne concerne visiblement pas la prévention, puisqu’il concerne la police judiciaire, donc le cadre juridique n’est pas clair. Je suis surprise de la manière dont cela se passe.”

La semaine dernière, le Poing s’était déjà interrogé sur ce qu’écrivait la Préfecture de l’Hérault : Dans un arrêté préfectoral du 25 mars, publié le 29 mars, concernant la commission départementale de la coopération intercommunale, le maire d’Agde, a été nommé parmi les représentants des communes les plus peuplées. Or, Gilles D’Ettore est sous écrou depuis le 21 mars dernier pour “corruption, prise illégale d’intérêt”. Peut-être serait-il temps de faire place nette dans les locaux de la préfecture…

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Une figure des gilets jaunes atteinte de sclérose en plaques dénonce "les lenteurs administratives" en matière de handicap