“Oudéa-Castéra, ministre des bourgeois” : à Montpellier, colère dans l’éducation nationale

Elian Barascud Publié le 1 février 2024 à 17:47 (mis à jour le 1 février 2024 à 17:51)
2 000 personnes selon les organisateurs ont manifesté pour la défense de l'école publique le jeudi 1er février 2024 à Montpellier. "Le Poing" Image d'illustration

Ce jeudi 1er février, ils étaient 2 000 selon les organisateurs à battre le pavé dans les rues de Montpellier pour la défense de l’école publique, à l’appel d’une intersyndicale très large

Après les agriculteurs de la Confédération Paysanne, c’était au tour de l’éducation nationale de se mobiliser ce jeudi 1er février dans les rues de Montpellier, à l’appel de pratiquement tous les syndicats du secteur. 2 000 personnes ont défilé dans les rues selon les organisateurs. Un moment de convergence a d’ailleurs été observé au niveau du parc du Peyrou, où un membre du syndicat agricole est monté sur le camion de Sud Educ pour faire part de son soutien à la mobilisation du personnel de l’éducation nationale, en disant que “la prochaine fois, on manifesterait ensemble.”

“Castéra, casse toi, l’école publique n’est pas à toi”

La nouvelle ministre de l’éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, qui enchaîne scandales et polémiques depuis sa nomination (scolarisation de ses enfants dans un lycée privé pointé du doigt pour ses pratiques réactionnaires, salaire mirobolant à la tête de la fédération française de Tennis…), semblait cristalliser la colère, et était au cœur de tous les slogans ou presque : “Oudéa-Castera, ministre des bourgeois, on va plier ta réforme”, “Castéra, casse toi, l’école publique n’est pas à toi”, “C’est pas les AESH, qui nous coûtent cher, c’est Oudéa, et son salaire !”, ou encore “La bourgeoisie au RMI, Castéra au RSA !”. Durant les prises de paroles, une syndiquée a précisé qu’une AESH -personne qui accompagne les élèves en situation de handicap, souvent à temps-partiel- “gagne en 48 ans ce qu’Amélie Oudé-Castéra a gagné en un an à la tête de la fédération française de tennis.”

“Mais la ministre n’est qu’un symptôme du pouvoir macronien”, commentait Jordan Homps, professeur de physique-chimie au collège Arthur Rimbaud de Montpellier et délégué départemental SNES-FSU. “On a vu récemment qu’il y avait un gros lobbying pour les établissements privés dans ce gouvernement, ce qui fait revenir sur le devant de la scène une revendication qu’on porte depuis longtemps : l’abolition de la loi Debré, qui autorise le financement des écoles privées sous contrats. Cet argent pourrait servir à revaloriser tous les salaires ou à créer des postes.”

Il fustige, à l’instar de ses collègues d’autres syndicats, la récente annonce du “choc des savoirs”, instaurant des groupes de niveaux en français et en mathématiques au collège et au lycée : “Il n’y a pas plus de moyens alloués, donc ça se fait au détriment des heures dédoublées en sciences pour les pratiques expérimentales où on n’a que des moitié de classes. Et surtout, dans les classes, ils disent que les élèves pourraient changer de groupes en cours d’année selon leurs progrès, mais c’est faux, nos chefs d’établissements commencent déjà à nous dire que c’est trop compliqué à mettre en place. Résultat, ça crée un tri social et une ségrégation, plus seulement entre différents établissements, mais au sein-même d’un seul établissement.”

“Ce choc des savoirs est directement inspiré du programme du rassemblement national, alors que ce dont on a besoin, c’est de moyens pour accompagner mieux les élèves”, a rebondi Marine, enseignante et syndiquée à Sud Éducation, lors de sa prise de parole. Les syndicats demandent donc la suppression de cette réforme, l’augmentation de tous les salaires, et la création d’un vrai statut de fonctionnaire pour les AESH. Sud Education demande également l’abandon de la réforme des lycées professionnels.

Autres mesures suscitant la colère, l’uniforme à l’école et la généralisation du Service National Universel, accusé de “militariser la jeunesse”. Mesures provoquant l’ire au sein même des lycéens, comme c’était le cas au lycée Jules Guesdes, qui a été bloqué ce jeudi matin par une vingtaine d’élèves. Zoé, membre du Syndicat de combat Héraultais Lycéen, en était : “Une tenue républicaine, ça veut rien dire. On est à un âge où les gens cherchent leur identité, l’uniforme limite l’expression de soi.” Sans oublier la réforme de Parcoursupp qui instaure une sélection à l’université, que les lycéens mobilisés continuent de rejeter.

De nouvelles journées de grève après les vacances de février ont été évoquées.

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