Parfum de répression antisyndicale à l’université Paul Valéry de Montpellier

Le Poing Publié le 7 septembre 2018 à 11:36 (mis à jour le 27 février 2019 à 00:10)

Tandis que l’enquête sur le commando armé de la faculté de droit de Montpellier piétine toujours, plusieurs syndicalistes de l’université Paul Valéry ont été convoqués par la commission disciplinaire de l’administration. Leur point commun ? Toutes et tous ont participé au mouvement social contre la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) qui a agité les facultés de Montpellier au printemps dernier. Suite à un appel de Solidaires Étudiant·e·s relayé par l’intersyndicale de l’enseignement supérieur et de la recherche, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées hier après-midi sur le campus pour dénoncer une « discrimination antisyndicale ».

« La direction veut se venger »

Thomas, membre du personnel et syndicaliste à Sud Éducation, nous livre son témoignage : « La direction n’a pas digéré le mouvement qui a eu lieu contre Parcoursup et la loi ORE. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu un mouvement de cette ampleur à Montpellier, et en France d’une manière générale. On a essayé, avec les camarades de Sud Éducation, de la CGT et du Snesup, de mobiliser au maximum les membres du personnel, ce qu’on a plus ou moins réussi à faire. Et maintenant, la direction veut se venger. Personnellement, les faits qui me sont reprochés remontent au 9 mai : on m’accuse d’avoir ouvert le portail principal de l’université avec un passe… Mais j’ai réussi à prouver à l’instruction de la commission disciplinaire qu’il était impossible que j’aie un passe de ce type-là. Mais par ‘‘mesure préventive de protection’’, le président Patrick Gilli a pris une mesure de police m’interdisant l’accès au campus, et ce depuis le 14 mai, alors qu’il me restait une semaine de boulot sur mon contrat. Je n’ai pas pu boucler mes dossiers, ce qui a pénalisé des étudiants et des collègues. »

« C’est toujours les plus précaires qu’on attaque »

Les militants de Solidaires Étudiant·e·s affirment que ces mesures de rétorsion ne font que renforcer leur « détermination à se mobiliser ». Ils souhaitent tenir une table sur le campus pour recueillir les dossiers des lycéens et des étudiants qui ont été refusés par Parcoursup (plus de 250 selon nos informations), et alerter les étudiants sur la suppression de la compensation des notes (un 8/20 rattrapé par un 12/20), et sur l’instauration du « contrat de réussite pédagogique ». « Avec ce contrat, le président de l’université pourra décider de supprimer les bourses d’un étudiant s’il estime qu’il n’a  pas respecté son contrat pédagogique précise Thomas. C’est aberrant, surtout pour les étudiants salariés, qui représentent quand même 50% de l’effectif étudiant. Donc c’est toujours les plus précaires qu’on attaque. »

Mobilisation nationale le 9 octobre

Une assemblée générale s’organiserait pour début octobre à l’université Paul Valéry, quelques jours avant la mobilisation nationale intersectorielle et intersyndicale du 9 octobre « contre la politique idéologique du gouvernement ».

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