Pérols : des salariés du support informatique de Computacenter en grève

Elian Barascud Publié le 31 mai 2024 à 18:00 (mis à jour le 4 juin 2024 à 19:01)
Des salariés du groupe Computacenter en grève, le 31 mai à Pérols, à l'appel de Solidaires Informatiques, aux côtés de militants de Solidaires Étudiant⸱e⸱s venus en soutien ("Le Poing")

Des salariés du site de Pérols, près de Montpellier, de la multinationale Computacenter étaient en grève, à l’appel du syndicat Solidaires, les 30 et 31 mai, pour refuser qu’on leur impose la période de congés

Dans la zone industrielle de Pérols, près de Montpellier, se dresse le site d’une entreprise anglaise cotée à la bourse de Londres : Computacenter. Créée en 1981, l’entreprise vend du matériel informatique, de l’expertise et du conseil en informatique et gère l’infrastructure de ses clients. Ce vendredi 31 mai, sur le site de Pérols, des salariés de Computacenter du pôle support informatique, chargés de gérer les problèmes d’entreprises clientes, sont en grève pour le deuxième jour consécutif à l’appel du syndicat Solidaires Informatique.

France Travail envoie régulièrement sur le site de Pérols des chômeurs pour les former pendant trois mois. « France Travail verse de l’argent à l’entreprise pour ces formations », précise leur élu au Comité social et économique de Computacenter. Comme beaucoup de ses collègues présents sur le piquet de grève, il est rentré à Computacenter par ce biais. « Mais en général, au bout d’un mois, ces gens en formation se retrouvent à faire le travail d’un salarié, et ils basculent en production », souffle le délégué syndical.

« Non aux congés imposés »

Cette grève porte surtout sur les congés. « La direction veut nous imposer une semaine de congés cet été en même temps que les salariés de Dassault Aviation [un gros client de Computacenter, ndlr], au motif qu’il y aurait moins d’activité. Mais nous, on se sert de ce temps pour se former, améliorer les procédés, faire des tâches annexes, des fiches supports… », décrit un autre salarié. « On ne veut pas se faire imposer les congés, on veut pouvoir les prendre quand on veut. On n’a déjà pas le droit d’en prendre pendant les pics d’activités comme septembre ou janvier ! », embraye l’élu syndical au CSE. Si la direction leur a annoncé un rétropédalage pour cette année, les salariés craignent que cette imposition de congés ne reviennent l’an prochain, via des dispositifs de concertation, ou pour d’autres périodes de vacances du groupe Dassault Aviation, ou d’autres clients de Computacenter.

Cette histoire de congés est-elle la goutte de trop ? Les salariés rencontrés sur le piquet évoquent des salaires proches du SMIC et des conditions de travail favorisant un turn-over important, à tel point que certains se demandent si ce turn-over n’est pas sciemment favorisé pour percevoir régulièrement l’argent des formations pour France Travail. « Cela fait longtemps qu’on demande une badgeuse pour attester de notre temps de travail », rajoute un syndicaliste. « On nous dit que les appels attestent de nos heures, mais en réalité, si je suis censé finir à 16 heures mais que je prends un appel à 16 heures, je vais finir plus tard et mon manager ne le notera pas forcément. »

« Pendant que nous sommes en grève, ce sont les gens en formation via France Travail qui assurent la production », affirme le délégué syndical, ce qui constituerait une atteinte au droit de grève. « Nous avions rendez-vous à l’Inspection du travail ce matin, nous leur en avons parlé. »

Contactée, la direction du site de Pérols a précisé que «11 salariés sur 345 salariés à Montpellier se sont mis ce jour en grève. Nous contestons totalement la notion de management toxique que vous évoquez dans votre mail et nous vous confirmons qu’il n’existe aucune atteinte au droit de grève et que nous sommes totalement respectueux du cadre légal ».

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