Pour M.Prats, ancien magistrat, si le système de santé français n’a pas tenu le choc, c’est à cause des pauvres !

Le Poing Publié le 7 mai 2020 à 18:21
Dessin d'Azco. Retrouvez ses caricatures sur l'Agora du Poing !

Dans une interview donnée au Figaro, un ancien magistrat de la Délégation nationale à la lutte contre la fraude au ministère du Budget, Charles Prats, estime que 2,5 millions d’individus «fantômes» bénéficieraient de 30 milliards de prestations sociales indues.

Interrogé par le quotidien sur les raisons qui font que le système allemand a mieux tenu le choc que le nôtre, l’homme est clair : « En France, le débat se focalise souvent sur les impôts. On se chamaille pour savoir qui va se faire taxer et de combien. La question fondamentale devrait d’abord être: comment l’argent public est-il dépensé ? »

Exit les responsabilités politiques, autour du maintien du premier tour des municipales, ou encore de l’absence de stocks de masques de protection ! Si le secteur de la santé se porte aussi mal, c’est la faute aux assistés, évidement !

Vous avez dit assistés ? En décembre 2019, la Cour des Comptes rendait un rapport qui lui avait été demandé à l’issue du Grand Débat organisé par le gouvernement dans la foulée du mouvement des gilets jaunes, censé porter sur le montant de la fraude fiscale et sociale. Extraordinaire conclusion ! Face aux chiffres avancés par l’Union Syndicale Solidaires ou les associations de lutte contre les paradis fiscaux, soit 80 milliards perdus par an dans la fraude fiscale, la Cour des Comptes, dans un grand élan de solidarité de classe, botte en touche : « on ne peut pas trancher sur la véracité de ce chiffre, on n’a pas assez de temps pour mener des investigations sur un sujet aussi complexe. » La même cour a par contre eu le temps de mener sa propre évaluation de la fraude sociale, estimée à 9 milliards ! Bien moins que ce prétend le magistrat Prats.

Quand les fraudes de millions de personnes du commun coûtent presque dix fois moins que l’évasion fiscale de quelques bourgeois privilégiés, une conclusion s’impose très logiquement : c’est la faute aux pauvres !

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