Premier cas avéré de Covid-19 à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone : témoignage d’un détenu

Le Poing Publié le 21 mars 2020 à 14:12
La prison de Villeneuve-lès-Maguelone, près de Montpellier.

La nouvelle a été dévoilée hier par Midi Libre : un prisonnier de la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone a été testé positif au Covid-19, et placé à l’isolement. C’est le deuxième cas avéré dans les prisons françaises, après la mort d’un détenu à Fresnes. On parle d’une trentaine de cas dans les onze prisons d’Occitanie. Les détenus angoissent : les centres pénitentiaires sont surpeuplés – 786 prisonniers à Villeneuve-lès-Maguelone pour 563 places aux dernières nouvelles –, l’hygiène y est déplorable, et les permissions de sortie et les parloirs sont suspendus. En Italie, des mutineries ont éclaté, et il y a également eu une petite révolte dans la prison de Grasse mardi dernier. Le Poing s’est brièvement entretenu avec un détenu de Villeneuve-lès-Maguelone pour palper l’ambiance. Les propos retranscrits ci-dessous sont à prendre avec des pincettes, mais la plupart des médias relayent uniquement les informations des autorités pénitentiaires, qui sont également invérifiables. VLM vous parle :

« C’est la merde, on n’a plus de parloirs, plus de permissions de sortie, et les matons sont stressés. Mais pour l’instant ça reste calme, tout le monde flippe. Après, il n’y a plus de fouilles en ce moment, et l’administration pénitentiaire dit qu’elle va donner trois mois de réduction de peine supplémentaires à tout le monde. On pense qu’ils vont essayer de faire sortir le plus de monde possible, comme les semi-libertés. On essaye de faire attention, mais on n’a ni gants, ni masques, ni gel hydroalcoolique ; et en promenade, les gens se font la bise. Je ne comprends pas qu’on ne soit pas testé, ça m’hallucine. J’ai pu parler depuis ma cellule au gars qui a chopé le corona pendant qu’il faisait sa promenade seul, et il m’a dit qu’il a été contaminé par un médecin de la prison, et qu’il n’aurait jamais pu savoir qu’il était positif sans l’aide de son avocat. Apparemment, l’administration ne teste même pas ceux qui ont des symptômes, ils seraient placés directement à l’isolement. Ici, ça parle de trois ou quatre prisonniers contaminés. Ce qui me fais le plus mal au cœur, c’est pour ceux qui sont libérés maintenant, en plein confinement… Après, pour une fois, la vie des gens de dehors ressemble à peu près à la nôtre… »

Pour rappel, les cellules d’isolement des prisons françaises, autrement appelées mitards, ont été qualifiées de « torture blanche » par la Commission nationale consultative des droits de l’Homme.

Pour en savoir plus sur les conséquences dramatiques des récentes mesures d’exception pour toutes les personnes enfermées en France, lisez cet article.

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