Psychiatrie : les syndicats se mobilisent contre la suppression de 19 lits au CHU de Montpellier

Le Poing Publié le 20 septembre 2018 à 16:19 (mis à jour le 26 février 2019 à 23:58)
Cortège de la CGT CHU de Montpellier en décembre 2019 lors du mouvement social contre les retraites

La psychiatrie est en crise. Malgré l’augmentation constante de la population française et l’explosion du stress au travail, le nombre de lits en psychiatrie ne cesse de diminuer depuis cinquante ans. Le centre hospitalier universitaire (CHU) de Montpellier n’échappe pas à ce phénomène : la direction a prévu de supprimer d’ici à la fin de l’année 19 lits de l’unité de traitement des troubles anxieux et dépressifs (UTTAD). Les syndicats, unis pour l’occasion, réfléchissent aux moyens d’action à mettre en place pour empêcher la direction d’imposer ce projet.

« On ne pourra plus s’occuper des crises aiguës »

Mariani, militant à la confédération générale du travail (CGT) et infirmier à l’hôpital psychiatrique, fait partie de ceux qui s’opposent depuis le début à ce projet : « Dès l’apparition de ce projet, à la fin de l’année 2017, on s’y est opposé car il n’y a eu aucune concertation. On a simplement appris, par des bruits de couloir, que la direction avait commandé un rapport à deux médecins psychiatres qui ne sont pas sur le terrain. On a eu le rapport écrit de cette mission il y a quelques jours seulement et on s’y oppose catégoriquement, car en plus de supprimer 19 lits, la direction souhaite développer à moyen constant l’extra-hospitalier (soins ambulatoires, c’est-à-dire en dehors de l’hôpital, ndlr). On préfère évidemment que les patients soient chez eux plutôt qu’enfermés à l’hôpital, mais si on n’y met pas les moyens, ce sera au détriment de ceux qui sont hospitalisés comme de ceux qui sont dehors. Concrètement, avec la fermeture de ces lits, on ne pourra plus prendre en charge ceux qui sont en crise aiguë. Et l’argument de la direction, selon lequel les patients ne seraient pas pénalisés puisqu’il y a beaucoup d’offres dans le privé, est scandaleux car la plupart des gens qu’on reçoit sont précaires et n’ont pas les moyens, ou n’ont pas envie, de payer pour se faire soigner. La conséquence de cette situation délétère, c’est un turn-over important chez les personnels soignants alors qu’il faut du temps pour nouer des liens de confiance avec les patients. »

Pétition des patients

Des anciens patients de l’UTTAD ont créé une page facebook « Sauvons l’UTTAD » et une pétition du même nom qui a récolté plus de 3 500 signatures. Ils affirment que sans cette unité de soins, « ce sont des centaines de personnes qui aujourd’hui se seraient données la mort ». Maïté A. témoigne y avoir reçu « une compréhension intégrale » pour sortir de son « drame et du mal-être qui s’en suit » et espère que ce « si bel outil médical et de reconstruction de la vie […] ne sera pas détruit ».

Intersyndicale

Une fois n’est pas coutume, les syndicats Force ouvrière (FO), confédération française démocratique du travail (CFDT) et la CGT se sont réunis en intersyndicale pour unir leurs forces et, fait encore plus rare, des médecins psychiatres les ont rejoints. Après avoir envahi, le 24 avril dernier, le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), les syndicats ont déjà obtenu le report de ce projet à la fin de l’année, alors que la direction souhaitait l’appliquer dès juillet. Hier, la réunion de l’agence régionale de santé (ARS) a tourné au dialogue de sourds entre syndicalistes et membres de la direction. Face à une direction déterminée à ne rien lâcher, les syndicats devraient de nouveau se réunir en intersyndicale d’ici peu et la CGT envisage même de déposer un préavis de grève dans les jours à venir.

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