Réouverture des établissements scolaires : scandale sanitaire au profit de l’économie

Le Poing Publié le 14 avril 2020 à 20:08
Le ministre de l'Éducation Nationale Jean-Michel Blanquer s'exprimait ce mardi 14 mars au matin sur France 2 à propos du déconfinement

Suite aux annonces de Macron, hier, ce mardi 14 mars au matin Blanquer était invité sur France 2 pour parler de la possible reprise des cours pour les élèves de la maternelle au lycée à partir du 11 mai, au péril de nos vies.

« Est-ce que tout les élèves et tous les professeurs disposeront de masques lorsqu’ils auront la possibilité de rentrer à l’école, le 11 mai prochain ? -ça fait partie des choses que l’on va définir au cours des deux prochaines semaines… »

Le gouvernement n’est pas pour l’heure capable de fournir des masques aux personnes les plus exposées au virus et aux hôpitaux. Il paraît donc peu probable que le 11 mai, plus de 12 millions d’élèves puissent en bénéficier !

C’est pourquoi ce retour en classe nous interroge sur la gestion sanitaire de l’épidémie. Même si des masques sont mis à disposition, ce n’est pas suffisant pour assurer la santé des élèves : les « gestes barrières » ne sont pas intuitifs chez les plus jeunes. Aussi, les établissements scolaires sont en effet des lieux où le respect de distances entre les élèves est impossible : les classes ne permettent pas d’accueillir 35 élèves en respectant les gestes barrière, les couloirs sont bien souvent trop étroits, les cafétérias surchargées… De plus, cela paraît complètement incohérent par rapport aux autres mesures prises : le gouvernement prend l’initiative de fermer les bars, petits commerces qui accueillent en général une cinquantaine de personnes mais décide l’ouverture de lieux fréquentés par des milliers de personnes ! Les risques des rassemblements massifs de personnes sont connus mais volontairement ignorées ! D’un autre côté, Macron, dans son discours du lundi 13 mars, parle « d’organiser différemment le temps et l’espace » mais nous n’y sommes pas plus prêts qu’aux cours à distance. Il promet aussi des tests pour toutes les personnes présentant des symptômes, mais qu’en est-il des nombreuses personnes asymptomatiques, que sont souvent les plus jeunes ? Alors pourquoi mettre en danger des milliers de vies pour un retour en classe aussi court?

« Tout le monde ne rentrera pas au même moment, c’est certain »

Blanquer ne prévoit en effet pas une rentrée pour tous les élèves dès le 11 mai, et ce, soi-disant pour réduire les inégalités liées à la continuité pédagogique que l’on sait si désastreuse. Cependant, la priorité sera mise sur les élèves les plus jeunes, sans donc tenir compte du risque sanitaire qui y est particulièrement élevé. Comment faire respecter les « gestes barrière » à des enfants de 4 ans dans une cour de récréation ? Cette mesure vise donc à libérer les parents contraints de retourner travailler. Les raisons économiques d’un retour en classe paraissent évidentes : ce n’est certainement pas le bien-être des élèves et de leur famille qui détermine cette mesure. Certainement pas une faveur pour leur éducation : en effet les cours ne seront pas obligatoires et seul-e-s les étudiant-e-s, comme iels ne dépendent plus de leurs parents, ne reprennent pas les cours en présentiel.

La reprise des cours avantage le patronat, en ce sens qu’il permet la fin des congés payés pour la garde des enfants. Ce sont toujours les mêmes qui profitent des annonces du gouvernement !

De plus, le retour en classe ne sera pas obligatoire : les parents seront donc pleinement responsables de leur choix d’envoyer son enfant à l’école ou d’aller travailler. Laissant les parents face à un dilemme. Exposer son enfant risque d’être simplement vu comme un refus d’assurer leur réussite scolaire et la faute sera rejetée sur les enfants et leurs parents qui verront se creuser les inégalités scolaires.

On favorise une fois encore l’économie à notre santé.

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