”Reste avec nous camarade que nos larmes ne remplissent pas leur bassine” : l’Hérault en manif contre les violences policières

Le Poing Publié le 31 mars 2023 à 16:41 (mis à jour le 26 novembre 2023 à 12:22)
Crédit photo : Samuel Clauzier

Dans l’Hérault, comme partout, plusieurs rassemblements ont eu lieu ce jeudi 30 mars contre la répression et les violences policières, après le carnage de Sainte-Soline et les nombreuses blessures infligées aux manifestant.e.s contre la réforme des retraites. Sur Montpellier, le rassemblement a été prolongé par une longue et jeune manif sauvage.

A l’appel des trois organisations de la manifestation de Sainte Soline – (Bassines non merci / Les Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne, soutenues par de nombreuses associations, syndicats, collectifs citoyens et partis politiques des rassemblements-) ont eu lieu devant les préfectures dans toute la France ce jeudi 30 mars des rassemblements en soutien aux manifestant.e.s blessé.e.s, contre les violences policières. Dans une douzaine de préfectures ces manifestations ont été interdites.

A Montpellier c’est plus d’un millier de personnes qui se sont retrouvées devant la préfecture pour une heure de prises de paroles de différentes organisations de gauche, bien à côté de la manière des manifs du soir devenue habituelles dans le Clapas. Avant que celles-ci ne reprennent leur droit, avec une manifestation plus fournie, très jeune, sauvage et spontanée qui a fait plusieurs fois le tour de la ville, comme presque tous les soirs depuis l’utilisation par le gouvernement du 49/3.

« Reste avec nous camarade, que nos larmes ne remplissent pas leurs bassines » : c’est la dernière phrase pleine d’émotion d’une des premières prises de paroles qui se sont succèdées. Les autres étaient un peu longues, assez répétitives, et surtout très masculines : l’auditoire avait du mal à écouter sans rien faire tant la colère grondait dans l’assemblée des jeunes qui ponctuait chaque fin de discours de « Darmanin démission, Macron en prison » ou inversement ! Ont été revendiquées la dissolution de la Brav-M, et de la Brigade Anti-Criminalité pour certain.e.s intervenant.e.s, l’interdiction des nasses, des armes de guerre aux mains de la police et de la gendarmerie, du délit de ”groupement en vue de commettre des violences”, largement utilisé pour interpeller et poursuivre en masse des manifestant.e.s sur la base d’intentions supposées…

Une prise de parole plus énergique venant des Gilets Jaunes de rond-point Près d’Arènes a affirmé «  qu’en bas on en veut plus, qu’en haut ils n’en peuvent plus, c’est en ça que le moment est révolutionnaire…. »

La CGT34, en plein congrès, n’avait pas signé l’appel au rassemblement du soir au côtés d’autres organisations syndicales comme Solidaires, la FSU, ou le SNUDI-FO.

« Macron nous fait la guerre, et sa police aussi, mais on reste déters, pour bloquer le pays » a souvent été répété dans la foule.

Autour de 20h30 c’est une manif sauvage emmenée par les jeunes et une banderole en solidarité à S., dans le coma depuis la répression de Sainte-Soline, tous les fiché.e.s et tous les blessé.e.s, qui a pris le relais intempestif de ce moment de rassemblement déclaré en préfecture.

Le cortège a rapidement gonflé en empruntant la rue de la Loge, pour atteindre son apogée numérique et passer à 1 500 personnes environ une fois sur la Comédie.

Rapidement de nombreux graffitis et slogans sont inscrits sur les murs. Les premiers feux de poubelle sont allumés. Le cortège commence à réduire un peu après être parvenu au Peyrou. Là quelques policiers sortent des quatre camions qui suivaient jusqu’ici la sauvage, bouclier au poing, et se mettent à coller les manifestant.e.s de près tout en dispersant les déchets enflammés loin des conteneurs poubelles. Au Corum le petit millier de manifestant.e.s encore en piste s’engouffre dans les petites rues de l’Écusson, en direction du bas de la rue de la Loge, tout près de la Comédie. Les slogans de révolte contre la police sont bien plus fréquents que ceux contre la réforme des retraites, tout de même entendus. A ce stade, les drapeaux d’organisations de la gauche ont quasiment tous disparus, la manif est en grande majorité composée de ces jeunes en manif presque tous les soirs depuis deux semaines. Après une longue discussion pendant laquelle il arguait de la nécessité de ne pas mettre tous les fonctionnaires de police dans le même sac, d’entretenir une discussion constructive, un manifestant est approché par un membre de la Compagnie Départementale d’Intervention (CDI). Lequel fait le tourniquet avec sa matraque, le fixe, puis lance à ses collègues : ”Celui-là vous me le laissez pour la fin.”

Le second tour de ville commence. Le nombre de manifestant.e.s commence à se réduire, tandis que de nombreux camions de CRS prennent la suite de la CDI sur les pas du défilé. Le rythme de marche s’accélère, les feux de poubelles se font plus rares.

A la seconde arrivée place de la Comédie, beaucoup ont la dispersion en tête. Restent, dans le calme, quelques dizaines de personnes, certaines assises sur les voies de tram. C’est ce moment que choisit la BAC, escortée et protégée par la CDI, pour bondir sur les restes du rassemblement. Un jeune est plaqué sur la tôle du carrousel de la Comédie, puis interpellé. Une charge policière qui suscite colère et indignation, et provoque un petit attroupement devant une ligne de police reformée à l’entrée de la rue de Verdun.

La poignée de personnes restant sur place se disperse ensuite très rapidement après le départ des forces de l’ordre.

Une formation intitulée ”Défense collective : interpellation et garde à vue” est organisée par les collectifs ”Changeons le Système Pas le Climat” et ”Soutien aux Interpellés de Montpellier” ce lundi 3 avril de 18h30 à 20h au local La Base, 15 rue Chaptal.

Sur Sète et Béziers, des rassemblements ont également eu lieu, avec environ 150 participant.e.s.

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