“Robert Ménard a décidé ça seul” : à Béziers, mobilisation contre un centre de rétention
Une centaine de personnes s‘est réunie à Béziers ce samedi 4 octobre pour s’opposer à la création d’un centre de rétention administrative prévu pour enfermer 140 exilés
Au bord de la route, en face d’une friche agricole, une centaine de personnes chante des slogans face à la police, qui les empêche d’accéder au terrain. Cette parcelle agricole, doit accueillir d’ici 2028 un centre de rétention de rétention administrative, un lieu de privation de liberté utilisé pour retenir les étrangers en vue de leur expulsion du territoire français.
“On voulait planter un olivier et semer des coquelicots, symbole de libertés, sur le terrain, mais la police nous interdit d’y aller, c’est dire la place qu’occupe la question de l’immigration dans ce pays…”, commente Nicolas, membre du collectif anti-CRA de Béziers, créé il y a plus d’un an et demi.
Retranchés dans un terrain privé en face du site, les militants exposent leurs arguments. Pour Nicolas,qui dit être “contre les CRA ici comme ailleurs”, cette infrastructure budgétée à 40 millions d’euros est un gâchis d’argent public. “Ménard n’arrête pas de communiquer sur la dette, mais cet argent, on ne sait pas où on va le trouver. On est dans une des villes les plus pauvres de France, on ferait mieux d’investir dans les écoles ou les hôpitaux. Et puis, cette terre agricole pourrait nourrir des gens, au lieu de ça on va la bétonner pour y enfermer des gens…”
Des conditions de détention indignes
De plus, la détention des étrangers est selon lui “inutile”. “Deux tiers des personnes enfermées dans des centres de rétentions ressortent car l’État n’arrive pas à les éloigner du territoire français”, indique le militant. “Sur les 130 000 Obligations de quitter le territoire français délivrées chaque année, environ 10 % seulement sont appliquées. Pourquoi en mettre autant ?”
“C’est une politique de criminalisation des étrangers”, rebondit Cathy, membre du collectif citoyen de visites au CRA de Sète. “En réalité, ce sont des prisons, où l’on est enfermé maximum 90 jours pour le seul fait de ne pas avoir de papiers, avec des conditions de détention qui ne respectent pas la dignité humaine.” Un rapport du contrôleur général des lieux de privations des libertés, publié en juin 2023 sur le CRA de Sète évoquait en effet “des hébergements inadaptés ou sous-dimensionnés, anxiogènes, dégradés et mal entretenus” et une “atmosphère de tensions et de violences à laquelle cèdent parfois les membres du personnel de police”.
“Scandale démocratique”
Le collectif anti-CRA, qui a découvert le projet dans la presse fin 2023, dénonce un “manque de communication” de la part du maire d’extrême droite, Robert Ménard. “Il est le seul maire à vouloir un CRA sur sa commune, il a pris cette décision seul, sans concertation avec le Conseil Municipal, pour servir ses obsessions idéologiques”, dénonce Thierry Antoine, conseiller municipal d’opposition écologiste, venu en soutien du collectif. “C’est un scandale démocratique, il faudrait un referendum à l’échelle de la ville. Mais le meilleur moyen de ne pas voir ce projet advenir, c’est encore de changer de maire et de gouvernement…”, suggère-t-il.
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