Route du LIEN : le Conseil d’État se prononce contre le climat

Le Poing Publié le 23 juillet 2022 à 16:53
Chantier du LIEN - © Sos Oulala

La décision est tombée le 21 juillet dernier : le Conseil d’État rejette la demande de la commune de Grabels qui contestait la déclaration d’utilité publique de la route du LIEN.

Alors que le pays s’embrase littéralement sous l’effet du dérèglement climatique et que le gouvernement glisse dans ses lois de véritables bombes climatiques, le Conseil d’État apporte sa braise à l’incendie en validant la goudronisation et déforestation des 8kms restants du tronçon du LIEN qui relieront l’A9 à l’A75. Un nouveau sillon de tracé qui permettra à la métropole de Montpellier de grossir encore un peu plus. D’étendre ses zones d’habitation toujours plus loin. En somme, d’aller toujours plus vite vers un réchauffement global.

Une décision contre l’environnement et l’exemplarité démocratique

Le Conseil d’État semble ne pas avoir été sensible à l’avis de la MRAE (Mission Régionale d’Autorité Environnementale). Cette autorité avait fait état de plusieurs manquements de la préfecture dans sa déclaration d’utilité publique du tronçon du LIEN. Elle a mis en lumière le manque d’études sur les impacts sur la biodiversité, la qualité de l’air et l’extension de la péri-urbanisation induits par la création de la route.

De même, à l’instar de Macron qui s’en voit “toucher l’une sans que l’autre ne bouge”, le département n’aura pas bronché face aux multiples accusations d’avoir bidonné la consultation préalable à la déclaration d’utilité publique.

Touché mais pas coulé ?

Côté opposants donc, ni les déplacements des député·es NUPES sur le tracé en chantier, ni les recours juridiques de la commune de Grabels n’auront suffit.

Le SOS Oulala, tel Cassandre et ses prophéties réalisatrices, avait pourtant alerté du naufrage à venir en se mobilisant encore en juin dernier devant la préfecture et rejouant les dernières heures du Titanic.

Côté département de l’Hérault, c’est l’heure des réjouissances. Sur son site internet, l’institution énumère les supposés avantages de la route. La communication est soignée à coup de “apaisé”, “désengorgé”, “utile”, “sécurité”, “bénéfice”, “solution”,etc. On en croirait presque que la biodiversité n’attendait que ça pour enfin s’épanouir.

Les communicants de Mesquida expliquent que le tronçon servira aussi le transport collectif et les mobilités douces grâce à “un parking de covoiturage et de deux parkings relais” et “c’est aussi 4,5 km de piste cyclable”. Le communiqué ne précise toutefois pas quels renforcements de transports collectifs sont concrètement envisagés.

Dans la presse quotidienne régionale, on enterre déjà la contestation et toute opposition possible. Et là encore, les mots ont leur importance, le vocabulaire est soigneusement choisi : le Conseil d’État “libère”, n’a pas voulu faire “fausse route”, les “opposants ont définitivement perdu”.

Pourtant, légalité n’est pas légitimité. C’est ce qu’a rappelé le SOS Oulala et d’autres, qui ne semblent pas prêt à laisser béton si facilement. Si la lutte pour l’environnement est Cassandre, elle est aussi Sisyphe, qui, inlassablement, remonte son rocher en haut de la montagne car jamais résigné. Par ailleurs, un recours porté par FNE Languedoc et Greenpeace suit encore son cours. Le SOS Oulala aux côtés de 32 collectifs appellent à la signature d’une demande de “moratoire contre la déroute des routes“.

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