Sécurité globale : le Préfet contraint de faire restituer la sono saisie le 16 janvier

Le Poing Publié le 28 janvier 2021 à 14:42
Pancarte vue à la manif montpelliéraine du 16 janvier contre la loi sécurité globale. Crédit photo : Eléa Voltairine. Retrouvez plus de photos d'Elea sur sa page facebook E. Voltairine Photographie.

Une décision de justice constate l’absence de fondements du séquestre du matériel sonore de la dernière manifestation contre la Loi de Sécurité globale

Dans une décision en date du 25 janvier, le Procureur de la République conclut à la nécessité de restituer à leurs propriétaires les caissons musicaux, table de mixage, casque audio, et enceintes, saisis par la police, dans des conditions très controversées, le samedi 16 janvier. Les faits s’étaient produits ce jour-là en milieu de l’après-midi, alors que finissait de se disperser dans le calme la manifestation appelée par le collectif Danger Loi de sécurité globale.

Comme c’est le cas si souvent, l’intervention policière aussi brutale qu’inattendue, a fait basculer dans l’insécurité et la suffocation lacrymogène la déambulation des simples passants du centre ville un samedi après-midi (cela sans qu’on ait remarqué que les représentants des commerçants ne s’émeuvent de pareils troubles à la paix publique, de la part de supposés “gardiens de l’ordre”). Tir de LBD à moins de dix mètres, lancers de grenades, matraquages, plusieurs interpellations suivies de gardes à vue avaient visé quelques dernières dizaines de manifestants pacifiques.

Il faut rappeler que cette manifestation avait été rejointe par quelques centaines de jeunes du monde des free parties, révulsés par le niveau de répression inouï, et la surenchère verbale haineuse jusque dans la bouche du Ministre de l’Intérieur, à l’encontre des organisateurs d’une soirée techno à Lieuron en Bretagne pour les fêtes de fin d’année. Depuis ses débuts dans les années 90 du siècle dernier, le mouvement techno, bravant les règlementations de l’événementiel commercial, a été traqué par les forces de l’ordre.

Dans ces mêmes années 90, Montpellier avait connu deux manifestations, réunissant environ deux mille personnes, de jeunes qui protestaient contre cette situation. Il est possible d’en rencontrer des témoins d’alors. L’un nous confie : « Tout a changé néanmoins. A l’époque, le seul slogan qu’on entendait était “laissez-nous faire la fête !” C’était complètement apolitique. Aujourd’hui, notamment sur les réseaux sociaux, on voit des collectifs de cette mouvance techno, plus ou moins informels, exposer une claire conscience anti-répression et anti-autoritaire, rejoignant la dénonciation des lois liberticides avec un propos clair et net ».

En tout état de cause, le collectif organisateur du rassemblement avait dûment obtenu son autorisation de rassemblement en annonçant sa sonorisation. Et quand s’est avéré le retard d’arrivée sur la Comédie, au terme d’un très long parcours initié aux halles de la Paillade, un accord était trouvé sur place avec le commandement policier, pour ne pas dépasser les 16 heures et procéder à une baisse progressive du volume sonore dans ce sens. Nombre de Montpelliérains présents cet après-midi là en centre ville ont remarqué l’étonnante atmosphère festive, dansante, que cette jeunesse a répandu sur la place, loin du triste ordonnancement exclusivement commercial auquel elle est habituellement soumise.

La Préfecture semblait aussi nerveuse à l’idée qu’un concert était prévu, ce même après-midi, dans un squat politique et culturel du quartier des Beaux-Arts, proche. Ses organisateurs avaient posé l’acte politique d’en rendre l’annonce publique, défiant le contexte accablant du confinement. Y a-t-il eu erreur sur la sono ? En tous les cas, la Justice a considéré qu’il n’y avait pas lieu de suivre plus longtemps dans ces excès. Alors que le Collectif des soixante organisations mobilisées contre la Loi de Sécurité globale avait engagé des démarches dans ce sens, Sophie Mazas, l’une des figures qui y est le plus impliquée au nom de la LDH, se réjouissait de cette restitution, tout en désignant dans ces péripéties « un flou troublant quant à la légalité des actions des autorités ».

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