Service National Universel : dans l’Hérault, une vidéo avec une chanson chrétienne crée la polémique

Le Poing Publié le 28 février 2024 à 15:16 (mis à jour le 28 février 2024 à 15:50)
Capture d'écran Twitter de la vidéo tournée à Palavas les Flots où l'on voit des jeunes volontaires au SNU danser sur une chanson à la gloire de Jésus.

Dans un post sur X (ex-Twitter) publié le 26 février et rapidement supprimé, la direction des services départementaux de l’Éducation nationale de l’Hérault montrait des jeunes volontaires du SNU célébrant leur fin de séjour de cohésion par une chorégraphie au son d’une chanson à la gloire de Jésus. L’occasion de faire le point sur où en est ce dispositif très controversé dans le département

Malaise… à tel point que la direction des services départementaux de l’éducation nationale de l’Hérault a elle même supprimée la vidéo qu’elle avait publié sur X (anciennement Twitter) quelques heures après sa mise en ligne.

On y voit des jeunes volontaires au Service National Universel en rang d’oignon, faire une chorégraphie sur “Happy Days”, une chanson de Gospel à la gloire de Jésus où les paroles incitent à le prier. La scène se déroule à Palavas-les-Flots, juste à côté de Montpellier, à la fin de leur SNU. Le tout sous le regard bienveillant de la secrétaire d’État macroniste et ex-députée héraultaise Patricia Mirallès, venue pour la remise des diplômes.

Sur les réseaux sociaux, certains ont dénoncé le coût de ce dispositif (Le SNU coûte de 1,75 à 3,1 milliards d’euros par an à l’État) quand d’autres se sont inquiétés de messages chrétiens au sein de l’État à destination de la jeunesse et s’interrogent sur les “valeurs de la République” promues par le gouvernement Macron.

Dans les colonnes de Politis, Catherine Côme, directrice académique de l’Education nationale de l’Hérault réagissait en reconnaissant “une erreur d’appréciation”, avant d’ajouter :“Une vigilance toute particulière sera d’ailleurs portée à l’avenir sur les choix des supports par les jeunes afin de garantir le strict respect du principe de laïcité.”

Bizarrement, côté Montpelliérain, on n’a toujours pas entendu le maire Michaël Delafosse, pourtant décoré d’un “prix national de la laïcité” en décembre dernier, commenter le sujet, lui qui érige la “laïcité” en valeur cardinale de son mandat…

Matraque et tirs au pistolet

Dans leur article, nos confrères de Politis font également état d’un autre fait troublant, toujours à Palavas-les-Flots, mais cette fois-ci lors des stages de SNU de l’an dernier, en ressortant une vidéo de promotion du dispositif où l’on voit des jeunes faire des exercices militaires : tir au pistolet, combat avec gants de boxe versus matraque…

“Le chant gospel et l’entraînement au tir font-ils partie du fameux « passage républicain » tant vanté par Prisca Thevenot lorsqu’elle était en charge du service national universel ?” raillait le journal.

SNU dans l’Hérault, où en est-on ?

Une propagande militariste qui s’invite jusque dans les formations PCS1 des services civiques héraultais via des vidéos de promotion et les boîtes mails de plusieurs travailleurs du sports ou de l’animation auprès des jeunes, et qui a été relayé au Poing par certains d’entre eux : dans sa newsletter trimestrielle, le Service Départemental à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports du département de l’Hérault (SDJES 34) met en Une un article de promotion du SNU.

L’article précise que “cette année, le dispositif connait une évolution majeure. Outre les séjours classiques, les élèves de seconde et de première année de CAP ont eu l’opportunité de participer à un projet pédagogique annuel sous le label “classes et lycées engagés”. […] Ainsi, 17 classes héraultaise ont choisi de s’inscrire à ce label pour participer à des séjours SNU pendant le temps scolaire. Cela représente 7 lycées de l’Hérault, avec une participation estimée de 400 élèves.” Une évolution d’ailleurs rejetée par les profs héraultais en grève le 1er février dernier, qui s’opposaient massivement à cette mesure et à sa généralisation.

L’objectif du Département est d’impliquer 750 jeunes cette année dans le dispositif, contre 680 au total en 2023. Problème : les autorités locales trouvent difficilement des structures pour placer les adolescents dans des “missions d’intérêt général”, et appelle donc à renforcer la promotion du SNU pour trouver de nouveaux organismes partenaires.

A Montpellier, un collectif contre le SNU

Dans le Clapas, il existe un collectif “Non au SNU” crée dès 2019, année des premiers stages de ce dispositif gouvernemental. Le collectif dénonce “une opération de soumission de la jeunesse avec un esprit d’obéissance aux règles et normes qui visent à perpétuer les inégalités et injustices inhérentes à l’organisation actuelle de la société”, un “renforcement de la militarisation et de l’enrôlement des jeunes pour banaliser le rôle de l’armée”, ainsi qu’une “remise en cause du droit des travailleurs et travailleuses” car via les missions d’intérêt général, “les jeunes seront utilisés pour remplacer des emplois aujourd’hui occupés par des employés qui ont un salaire, des droits et la possibilité de s’organiser syndicalement”.

La prochaine réunion de ce collectif aura lieu début avril. Vous pouvez les joindre sur Instagram (non_au_snu34) ou par mail à non_au_snu34@proton.me

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