Sète : un collectif se mobilise contre le mal-logement

Le Poing Publié le 3 mars 2021 à 20:38
La banderole du collectif mal-logement de Sète.

Entre mal-logement , rénovation pour gentrification et illégalités, quel avenir pour habiter la ville ? Un bel exemple dans la ville de Sète

Ce mercredi matin, pour la 4ième fois depuis novembre 2020 le collectif logement de Sète a appelé à se retrouver devant la Mairie sans même demander un rendez-vous, car « à quoi cela sert-il de se faire balader encore une fois ? Nous sommes là pour dire des logements maintenant ! On est toujours là ! »

 La naissance d’un collectif logement 

Ce sont des citoyen·ne·s qui se préoccupent de leurs voisins et qui œuvrent à faire valoir les droits de toutes et tous. Dans le quartier des 4 ponts, en plein centre de Sète, au 8 rue de Tunis (rue particulièrement appréciée pour les tournages de films et séries !), dans un petit immeuble que la propriétaire et ses héritiers laissé se dégrader au fil des ans, habitent depuis des décennies Abdallah (77ans), Driss (58 ans) et Abdelaziz (87 ans), qui paient un loyer pour des taudis. Une pièce insalubre de 20m2 sans chauffage sans eau chaude sans gaz de ville avec les WC sur le palier pour 250 euros par mois, réglés chacun rubis sur l’ongle depuis qu’ils y habitent.

Photos des logements rue de Tunis, prises par des membres du collectif

Le Collectif logement, un accompagnement juridique

Aujourd’hui, pour des raisons de remise aux normes de logements indécents, et de requalification du quartier, ces trois personnes sont sommées d’aller habiter ailleurs. Ils ont reçu une lettre des propriétaires leur demandant de partir sans se préoccuper d’aucune façon de leur relogement. Or ces locataires, avec des baux, ont des droits qui doivent être respectés dans leur totalité́ : relogement, provisoire ou définitif, accompagné des mesures financières réglementaires, voire réintégration, dans leurs logements, la rénovation terminée, jusqu’à la fin du bail. Après 2 arrêtés de mise en sécurité, 1 arrêté d’insalubrité (pour 1 logement), 2 rencontres à la mairie avec les services concernés, un nombre certain de RdV avec notamment l’office HLM et l’OPAH – opération programmée d’amélioration de l’habitat- et des propriétaires qui ne veulent rien savoir, la situation semble bloquée, pour le moment. Lors de sa prise de parole, une membre du collectif détaille la procédure : « Bien que l’Arrêté de mise en sécurité, du 2/02/2021, enjoint les propriétaires d’assurer l’hébergement des occupants, 1mois plus tard, nous en sommes toujours là. Devant, la défaillance évidente et le mépris des propriétaires, nous attendons que la mairie, comme prévu dans la loi, prenne le relais. »  En effet c’est à la puissance publique de reloger les personnes protégées par la loi si les propriétaires ne le font pas.

Rappeler la mairie à ses obligations

Ce matin un des locataires Abdelaziz, le plus âgé, qui se déplace difficilement avec une canne était là, assis sur le muret, nous avons discuté « la propriétaire qui est morte maintenant était gentille mais la maison est vieille, pourrie même la fenêtre ne ferme pas, elle réparait un petit peu…et maintenant ses enfants m’ont dit sortez ! Je ne marche pas, je ne peux pas aller à la corniche (qui est à plusieurs kilomètres du centre-ville) je suis prêt à accepter n’importe quel logement temporaire mais en ville, même une chambre dans un foyer, qu’il est d’ailleurs aller voir… »

En effet, la mairie lui a proposé un logement social mais à la Corniche, ce qui représente pour lui une expulsion de son quartier, l’éloigne de son médecin de ses attaches et habitudes de vie mais surtout signifie un arrêt définitif de ses déplacements urbains vu son âge et ses difficultés physiques (une infirmière passe le voir chaque jour). Le paradoxe c’est qu’un des autres locataires serait prêt à accepter cette solution de relogement qui ne peut pas marcher pour lui ! « Ce sont des HLM soumis à commission d’attribution et la mairie n’est pas distributrice de logements ». « Il y a des règles dans ce pays » ose même l’élue déléguée aux logements sociaux. De l’inacceptable, encore une farce administrative kafkaïenne !

Rassemblement contre le mal-logement à Sète ce mercredi

Seule la lutte paie, écrit le collectif logement

Le collectif a fait en sorte que ces trois locataires aient l’aide juridictionnelle et quand les délais seront dépassés il saisira la justice. A quel moment les délais seront ils dépassés ? Seront-ils juridiques ou humains ? Aujourd’hui Abdelaziz ne dort plus ….

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