Sous la pression féministe, la prise en charge des victimes de violences sexistes par la police s’améliore

Le Poing Publié le 27 octobre 2021 à 16:53
Banderole déployée sur les grilles du Peyrou à Montpellier pendant la mobilisation féministe du 20 novembre 2020

Fin septembre, une vague de témoignage submerge les réseaux sociaux, sous le hashtag  #DoublePeine, pour dénoncer la prise en charge par la police des plaintes pour violences sexistes, sexuelles ou conjugales déposées en France. Plusieurs de ces récits ont mis en cause les fonctionnaires du commissariat central de Montpellier. L’occasion pour Le Poing de revenir, un mois plus tard, sur l’enquête “#PrendsMaPlainte” menée par le collectif féministe Nous Toutes. Laquelle met en exergue que dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, la lutte paye et permet des avancées concrètes !

Le ministère de l’Intérieur annonçait au début de l’année 2021 que “90% des femmes ayant porté plainte en 2020 pour des faits de violences conjugales étaient satisfaites de l’accueil en commissariats et gendarmeries”.

Pourtant, les nombreux témoignages publiés sur les réseaux sociaux sous le hashtag #DoublePeine après qu’Anna Toumazoff, militante féministe très suivie sur Instagram et Twitter, a relayé le témoignage d’une jeune femme violée par un homme l’ayant raccompagnée à son domicile après une soirée à Montpellier ne respirent pas franchement la confiance. Le collectif féministe Nous Toutes multiplie les appels à témoins sur les plaintes pour violences sexistes, sexuelles ou conjugales déposées en France. Une enquête, #PrendsMaPlainte, est disponible en ligne, et ses résultats ne vont pas tout à fait dans le même sens que les fake-news auxquelles le Ministère de l’Intérieur nous a habitué…

La synthèse, basée sur 3500 témoignages (à 97,3% féminins) récoltés sur une durée de quinze jours, est disponible ici.

40% des répondantes font état d’une mauvaise prise en charge de leur plainte par la police, et 26% supplémentaires parlent d’une prise en charge bonne et mauvaise à la fois. Pour seulement 34% de satisfaction. Le tableau ci-dessous illustre les raisons avancées par les victimes pour méjuger leur accueil.

Source : note de synthèse de l’enquête “#PrendsMaPlainte” du collectif féministe Nous Toutes

La synthèse précise, données à l’appui, que cette insatisfaction est en nette baisse, suite au travail de médiatisation et de mobilisation de nombreux collectifs féministes.

Après analyse des situations ayant menées à un dépôt de plainte entre 2019 et 2021 (1622 témoignages), le collectif dégage des publics qui sont plus susceptibles que d’autres d’être mis en face d’une mauvaise prise en charge policière. Les violences au sein du couple sont particulièrement peu prises au sérieux. Et les jeunes mineures sont des cibles toutes désignées pour des efforts de culpabilisation de la part des flics.

Le tableau se noircit encore quand la police est chargée de prendre les plaintes de personnes non-binaires, qui ne se reconnaissent pleinement dans aucun des genres, féminin ou masculin. Même si le nombre de témoignages est nettement plus faible (44), le constat est alarmant : 81% des répondant(e)s se disent en face d’une mauvaise prise en charge !

Si les mobilisations historiques de ces dernières années – Nous Toutes revendique l’organisation de la plus grande mobilisation féministe française, en 2019- portent leurs fruits, le chemin est encore long dans la lutte contre les violences sexistes, sexuelles ou conjugales.

Une nouvelle marche sur ce thème est organisée le 20 novembre 2021, dans toutes les villes de France, avec des bus affrétés pour celles et ceux qui souhaiteraient se réunir sur Paris.  

Pour plus de détails sur l’enquête en question, c’est par ici.

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