« Tic, tac, boum » : nouveau coup de semonce des agriculteurs.trices de la Coordination Rurale 34

Le Poing Publié le 18 octobre 2024 à 13:02 (mis à jour le 18 octobre 2024 à 13:08)

Plusieurs dizaines d’agriculteurs.trices de la Coordination Rurale de l’Hérault ont mené une série d’actions simultanées dans la soirée du jeudi 17 octobre. Le syndicat demande l’annulation de la Taxe Foncière sur le Non Bâti, et des réponses aux questions soulevées par le mouvement social de l’hiver 2024.

21h, dans la soirée du jeudi 17 octobre. Sept agriculteurs.trices de la Coordination Rurale de l’Hérault (un céréalier, un éleveur et cinq viticulteurs.trices) débarquent devant le Centre des Finances Publiques de Lodève. Des pneus sont empilés devant l’entrée, des films plastiques décorés de slogans disposés autour du bâtiment, les revendications du groupe sont exposées sur le bitume de l’avenue à la bombe de peinture.

Dans le viseur : la Taxe Foncière sur le Non Bâti (TFNB), qui s’applique sur les terres agricoles, et que les syndicalistes veulent voir annulée, en compensation des mauvaises récoltes des années passées et des faibles revenus que connaissent bon nombre de professionnels du secteur.

Mais la colère est plus large. « Depuis le grand mouvement du début de l’année 2024, à part les progrès sur le Gazole Non Routier, pas grand-chose n’a bougé pour nous. Les quelques mesures en cours d’adoption ont été interrompues par la dissolution de l’Assemblée Nationale», nous confie Benjamin Bejada, membre du bureau du syndicat. « Toujours aussi peu de revenus, toujours autant de normes et de paperasse, toujours autant de suicides chez les agriculteurs.trices, on a l’impression de ne pas avoir été entendu.es », abondent les autres. « On est en concurrence avec des agneaux venues d’Australie, des céréales d’Ukraine, certains négociant.es de la région font venir du vin d’Espagne étiqueté de manière trompeuse. »

Autre sujet de discorde : l’arrachage programmé d’une partie du vignoble languedocien. « Si c’est un arrachage définitif, on perdra encore plus le marché, au profit de l’Espagne, comme ça s’est fait quand on a arraché de nombreux fruitiers dans la région. », commente l’éleveur.

Au dessus du Centre des Finances Publiques, des appartements d’habitation. Un homme observe à la fenêtre. « Vous n’allez pas mettre le feu ? », demande-t-il. Rires dans le groupe de syndicalistes. « Non, mais le gouvernement ferait bien de nous entendre », répond Benjamin Bejada. « Sinon on passera à la vitesse supérieure, on envisagera une nouvelle mobilisation d’ampleur. On pourrait bloquer totalement Toulouse, et envisager de remonter à Paris. » « Si on doit repartir comme l’an dernier, on sera moins gentils », prévient une de ses camarades.

Simultanément, d’autres actions du même acabit ont été menées par d’autres membres de la CR34 dans le département. Des radars fixes ont été bâchés, notamment celui de l’autoroute A75 du Pas de l’Escalette, à proximité de l’aire de repos du Caylar ou encore de l’autoroute A750 à Saint-Paul-et-Valmale. Les locaux de la MSA et le Centre des Finances Publiques de Béziers ont été ciblés, ainsi que des agences du Crédit Agricole à Béziers et à Pézenas.

Le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch a prévenu la CR 34 pendant cette série d’action qu’il recevra une délégation la semaine prochaine. Ce dont se félicite le syndicat.

Des actions similaires avaient déjà été entreprises par la CR34 dans la nuit du 8 au 9 octobre. Suite à quoi le préfet de l’Hérault s’était déplacé le 11 octobre sur une exploitation viticole de Servian, accompagné du sénateur Henri Cabanel (ex-PS, maintenant affilié au mouvement L’Engagement d’Arnaud Montebourg).

Ces dernières semaines, les actions d’agriculteurs.trices en colère se multiplient dans de nombreux départements, à l’initiative de la FNSEA ou des Jeunes Agriculteurs [NDLR : très proches, et régulièrement épinglés pour leur connivence avec l’industrie agro-alimentaire et le pouvoir], de la Coordination Rurale, ou encore de la Confédération Paysanne, classée à gauche. Sur des mots d’ordre parfois différents.

Jusqu’au déclenchement d’un nouveau grand mouvement social ? C’est ce que semble penser les militant.es de la CR34, s’ils ne sont pas entendu.es.

À l’échelle nationale, la Coordination Rurale s’était rendue particulièrement visible pendant l’explosion de janvier 2024, à force d’actions coup de poing. Sa section du Lot-et-Garonne avait été à l’initiative d’un convoi visant le blocage du marché international de Rungis.

Autre mobilisation lancée par la CR cet été, beaucoup moins suivie celle-ci : le syndicat avait rassemblé quelques dizaines d’exploitant.es pour une contre-manifestation près du rassemblement des opposant.es aux méga-bassines, contre le « terrorisme écologiste ». Sur fond d’importantes tensions internes, liées aux proximités affichées par certains membres du syndicat avec le Rassemblement National et l’extrême-droite française.

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