Une grève nationale dans le jeu vidéo le 13 février

Elian Barascud Publié le 12 février 2025 à 10:11
Clément Montigny, délégué syndical du Syndicat des Travailleur.euses du jeu vidéo à Ubisoft Montpellier. ("Le Poing")

Pour la première fois, une grève nationale aura lieu dans le secteur du jeu vidéo ce jeudi 13 février, à l’initiative du syndicat des Travailleur.euses du jeu vidéo. Montpellier ne sera pas en reste, avec un piquet de grève devant les locaux d’Ubisoft. Le Poing a discuté avec Clément Montigny, délégué syndical du STJV dans l’antenne montpelliéraine de l’entreprise pour en savoir plus sur cette mobilisation

Le Poing : Comment est née l’idée de cette grève nationale dans tout le secteur du jeu vidéo ?
Clément Montigny : Notre syndicat a huit ans, et cette grève nationale découle de huit années de luttes et de constats partagés partout : des retards de production liés à des mauvaises décisions de la part des directions, des chefs qui n’écoutent pas leurs salariés, des risques psychos-sociaux élevés, notamment de burn-out, et des salaires trop bas.

Comment vous-êtes vous organisés pour construire cette grève ? Y a t-il eu des difficultés ?
Le mouvement se structure depuis l’automne, et notamment la précédente grève à Ubisoft. On s’est organisé à distance, via des canaux numériques, pour mutualiser tracts et visuels. En effet, c’est dur de se mobiliser dans ce secteur, où il peut y avoir des pratiques anti-syndicales de la part des directions, c’est aussi pour ça qu’on le fait que maintenant, au bout de huit ans d’expérience. J’ai le souvenir d’un panneau syndical pourri par un message “faites des jeux, pas la grève”, ou de directions qui recadrent des salariés qui ont partagé des messages de soutien à la Palestine. Il y a quelques années, on aurait jamais pu le faire, mais maintenant, on est suffisamment structuré, avec 23 sections syndicales un peu partout.

Quelles sont vos revendications ?
Il y en a quatre principales, la première c’est la fin des licenciements et le maintien des emplois. Pendant le Covid, les gens étaient chez eux et ont consommé beaucoup de jeux vidéos, donc l’industrie a fait beaucoup de chiffres, et quand tout est revenu à la normale, les directions ont décrété que le secteur était en crise car ils ont fait n’importe quoi de cet argent, donc il y a des plans de licenciements un peu partout. Dans cet ordre d’idée, notre deuxième revendication est justement la transparence sur les comptes des entreprises, pour savoir ce qui est fait de cet argent. Nous voulons aussi plus de démocratie en entreprise, pour que les salariés puissent participer au processus de décision. Enfin, nous demandons une amélioration de nos conditions de travail, il y a une vraie crise, et notamment autour de la santé mentale des salariés, dans ce secteur.

Qu’attendez-vous de cette grève et de son issue ?
On voit cela comme un point d’orgue de huit années de travail de structuration syndicale, cela marque la fin de notre travail de structuration et le début d’une entrée plus forte dans la lutte. Cette grève sert avant tout à montrer qu’on est capable d’instaurer un vrai rapport de forces. Évidemment, s’il y a des négociations, on ira négocier, mais on veut surtout faire passer un message clair : on ne fera plus de cadeaux, et on est prêt à judiciariser de plus en plus les questions liées aux droits des salariés.

Quelle est la situation localement à Ubisoft Montpellier ?
S’il y a des licenciements prévus ailleurs, nous, on est épargnés pour l’instant. Mais je parlais d’enjeux de santé mentale, on le voit ici, Je le vois à Ubisoft Montpellier, il y a de plus en plus de gens qui viennent nous voir pour des burn-out ou pour saisir le Comité Social d’Entreprise sur ces questions. Il y a des problèmes de management, de harcèlement, et des gens pour qui leur travail n’a plus de sens.


Ce jeudi 13 février, un piquet de grève sera organisé devant les locaux d’Ubisoft Montpellier. Pour soutenir les salariés du studio Don’t Nod, qui se sont mobilisés récemment contre des licenciements, une caisse de grève est disponible : https://www.helloasso.com/associations/syndicat-des-travailleurs-et-travailleuses-du-jeu-video/formulaires/1



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