Une permanence pour ne pas rester seul.e face aux administrations

Le Poing Publié le 22 novembre 2020 à 18:24
Image de présentation de l'atelier de permanence d'aide administrative du Barricade sur Facebook

Plutôt que subir isolé.e, plutôt qu’attendre la charité, ils et elles s’organisent de façon solidaire pour apprendre et trouver la force de faire valoir leurs droits

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Première permanence d’entraide administrative, samedi dernier au Barricade à Montpellier. Premiers visiteurs, pile dans l’actualité : deux personnes venant de recevoir une amende de 135€, relative aux règles de confinement. « On a pu leur montrer un modèle type de contestation de ces PV. Déjà, elles avaient l’air contentes » se réjouit-on, autour de la table.

Matt rappelle que « Le Barricade est un lieu associatif, autogéré, de diffusion des pratiques et des idées anticapitalistes et révolutionnaire ». Dit comme ça, c’est un truc qui déchire. Mais ça peut se traduire par une initiative aussi concrète que cette nouvelle permanence : « C’est pas de l’humanitaire, c’est pas un truc en surplomb qui se pencherait sur les malheurs des gens. C’est horizontal, c’est partagé. Les rapports à l’administration ne sont pas qu’une petite question personnelle ». L’administration c’est l’État. Le concret, c’est pas forcément basique.

L’initiative est militante. N’importe qui peut y prendre part. Mais plusieurs des adhérents qui s’y consacrent au Barricade ont une expérience, notamment professionnelle, de ces questions. Laura note que « le confinement a créé encore plus de difficultés. Il génère encore plus de besoins. Mais les services sont encore moins assurés. Déjà, la communication était rendue difficile par la numérisation des démarches, et le nombre d’accueils physiques accessibles s’est encore réduit ».

A la permanence d’entraide, il ne s’agit pas de régler les problèmes à la place des gens concernés. « Un cas type peut être la démarche à effectuer pour obtenir l’ouverture des doits à la CMU, pour quelqu’un qui vient d’arriver sur le territoire et doit attendre trois mois pour en bénéficier. On va se mettre à son côté pour faire la démarche. L’idée est que cette personne sera ensuite autonome au moment de demander le renouvellement. Mais aussi qu’elle pourra peut-être aider une personne dans la même situation ». L’autonomie, cela se construit. Et ça fait tâche d’huile.

Aider aux démarches, indiquer les bonnes structures relais selon chaque type de problème, fourmir une adresse, dénicher une documentation, comprendre les demandes, y compris en déceler les intentions malfaisantes. Savoir se débrouiller, et déjà oser : « C’est parfois tellement intimidant, que le seul fait de se mettre à plusieurs permet de se motiver, vaincre la phobie, oser demander, oser faire valoir ses droits » expose Maud. Elsa raconte l’exemple d’un contrôle CAF qu’elle a subi : « C’est un truc pas croyable, très intrusif. On rentre chez toi, on va vérifier combien il y a de brosses à dents dans la salle de bain, on relève tes revenus, on te demande de justifier comment tu dépenses ton argent ! Alors là, il faut savoir se défendre. Ils n’ont pas tous les droits. Mais si tu résistes pas, souvent parce que tu sais pas, ils en profitent ».

Accessible sans rendez-vous, cette nouvelle permanence fonctionne les samedis de 14h30 à 17h, au 14, rue Aristide Ollivier (secteur Gare, côté rue de Verdun).  

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