Vers un audit de la Chambre Régionale des Comptes sur les aides à la Presse en Occitanie : à vous de jouer !

Le Poing Publié le 26 septembre 2024 à 19:48 (mis à jour le 27 septembre 2024 à 11:35)
La façade de la Chambre régionale des comptes Occitanie - CRC Occitanie (capture d'écran)

La Cour des Comptes met en place une plateforme citoyenne qui permet à chacun de proposer des thèmes de contrôle et d’enquête pour les juridictions financières. En tant que média indépendant, Le Poing s’est associé à une demande d’audit sur les aides à la presse en Occitanie. Vous pouvez nous aider : vous avez jusqu’au 4 octobre pour voter afin que notre proposition fasse l’objet d’un éventuel rapport

Grand chantier voulu par Emmanuel Macron, les États Généraux de l’information ont rendu leurs conclusions. Scoop : rien ne sera fait pour lutter contre la concentration des médias et leur promiscuité avec le pouvoir politique.

Au Poing, voilà plus de dix ans maintenant que nous sommes engagé en faveur de l’indépendance de la presse. En novembre dernier, nous portions, avec une centaine d’autres médias et organisations de journalistes, 59 propositions pour réformer la presse, et parmi elles, le conditionnement des aides à la presse au respect des obligations de transparence : publication annuelle des comptes par titres, des actionnaires directs et indirects, des aides directes publiques et privées perçues et de leur utilisation.

Et on a pris l’habitude de le documenter localement ces derniers mois : on constate que l’attribution d’argent public par les collectivités aux grands médias locaux se fait dans l’opacité, notamment dans des synthèse de délibération de Conseil de Métropole, donc en dehors de tout cadre démocratique de débat et de vote lors de ces instances. Par exemple, en juillet dernier, on révélait que la Métropole de Montpellier avait acheté pour 200 000 euros de reportages à la chaîne Via Occitanie, du groupe la Dépêche, et ce, sans vote au Conseil de Métropole.

Outre le fait qu’on pense que les grands médias possédés par des millionnaires ne devraient pas toucher d’argent public (Jean Michel-Baylet, le patron du groupe la Dépêche, faisait partie des 500 plus grosses fortunes professionnelles de France en 2007 selon le magazine Challenges, avec 61 millions d’euros), le Poing partage une certaine crainte citoyenne quant à la collusion politico-médiatique liée à ces aides.

Car en plus d’être un patron de presse très influent dans le sud-ouest, Jean-Michel Baylet est un homme politique. Ancien président du Parti radical de gauche (allié historique du PS) et ministre sous le gouvernement Valls, l’homme gravite aujourd’hui autour des restes du parti socialiste opposés à la NUPES.

Il a notamment apporté son soutien à l’ancien ministre Bernard Cazeneuve, lui-même proche de Carole Delga, présidente de la région Occitanie et de Anne Hidalgo, allant jusqu’à s’afficher en photo dans son propre journal accompagné de ses alliés. Un mélange des genres entre pouvoir politique et pouvoir médiatique que le natif de Toulouse, aujourd’hui conseiller Départemental du Tarn-et-Garonne, sait cultiver : en 2016, le PoinT évoquait le fait que son groupe de presse avait gagné le marché de l’édition du journal de la région Occitanie, contrôlé par le PS, allié du parti radical de gauche.

Alors quand on nous a dit qu’on pouvait saisir la Chambre Régionale des Comptes Occitanie pour demander un audit, on s’est dit qu’on avait une occasion de rétablir la transparence que nous réclamons. Il s’agirait, pour La Cour Chambre Régionale des Comptes Occitanie d’analyser les types d’aides directes et indirectes (publicité, publireportage, événementiel, annonces légales) dans notre région afin d’identifier des mécanismes et de comprendre leur ampleur et part dans les revenus des médias locaux en ciblant les grandes collectivités d’Occitanie (Région, départements et principaux EPCI). Et ce, quel que soit le type de contractualisation : marché public, convention de partenariat hors marché public, marché réservé, prestation, DSP…

Pour cela, ça ne tient qu’à vous : vous avez jusqu’au 4 octobre pour visibiliser notre proposition en votant pour elle afin que notre demande soit étudiée par la Chambre, donc à vous de jouer en cliquant ici !

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


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