Du rond-point de prés d’Arènes de Montpellier à la prison de Nîmes, les gilets jaunes ne désarment pas pour l’acte 35
Le Poing
Publié le 14 juillet 2019 à 12:29
Huit mois et toujours là ! Dès neuf heures hier, plusieurs gilets jaunes s’activaient sur le rond-point de Prés d’Arènes pour accueillir les adeptes de la révolution fluo. Barnum, barbecue, guirlande lumineuse, pancartes revendicatives, chaises longues… le rond-point s’est transformé en un véritable village-vacances ! Et l’utile se joint à l’agréable : à gambader au milieu du rond-point, les gilets ont fait réfléchir des milliers d’automobilistes et de camionneurs. Certains klaxonnaient pour montrer leur soutien, d’autres se sont carrément arrêtés pour manger un bout, et quasiment tous affichaient un large sourire d’approbation. Signe que le soutien populaire au mouvement reste vivace et que la stratégie de maintenir un conflit de basse intensité – c’est-à-dire continuer à se montrer même sans être des milliers – est de bon augure. En début d’après-midi, les déçus de la place de la Comédie – ceux qui se sont rendu compte qu’ils étaient trop peu nombreux pour manifester en centre-ville – sont venus apporter du renfort aux vacanciers. Le rassemblement, déclaré en préfecture, n’a été perturbé par aucun policier.
En début de soirée, quelques gilets jaunes se sont éclipsés des festivités pour prendre l’autoroute, direction la prison de Nîmes. En arrivant, une cinquantaine de personnes, venues d’Alès, de Nîmes et de Montpellier, attendaient patiemment sur le parking en train de gonfler des ballons de baudruche jaunes. Pour la plupart d’entre eux, c’était la première fois qu’ils s’apprêtaient à soutenir les détenus. Le rassemblement a été lancé sur les réseaux sociaux par l’assemblée de Montpellier contre les violences d’État et pour les libertés, habitué à organiser ce genre d’événements, mais seulement devant le centre pénitentiaire de Villeneuve-lès-Maguelone. L’idée de migrer à Nîmes est venue après l’incarcération, le 11 juin, de deux femmes gilets jaunes. À la différence de la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, celle de Nîmes accueille des femmes, cinquante pour être précis. Les hommes sont quant à eux trois cent cinquante. Selon l’observatoire international des prisons, le taux de surpopulation est de 200%. Concrètement, ça signifie que les détenu·e·s sont entassé·e·s à quatre dans des cellules de neuf mètres carrés. Les manifestants ont fait vibrer des pierres contre une grille et ont lâché des ballons jaunes au-dessus des murs d’enceinte pendant une bonne heure et demie, avant d’offrir un superbe feu d’artifice aux détenu·e·s. Les policiers sont arrivés trop tard, ils n’ont pas eu le temps de profiter du spectacle.
De retour à Montpellier, vers vingt deux heures, nos vacanciers de Prés d’Arènes, une petite centaine, occupaient toujours le rond-point, posés autour d’une table bien fournie. Certains s’apprêtaient à passer la nuit dans l’une des vingt tentes installées pour l’occasion. La fin du mouvement, redoutée par les gilets jaunes et annoncée mille fois dans les médias, n’est visiblement toujours à l’ordre du jour… Cap vers la saison deux !
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