Montpellier. Gilets jaunes, acte 51 : une énergie toujours vivace, malgré le faible nombre de manifestants
Le Poing
Publié le 3 novembre 2019 à 14:01
À
l’occasion de la quatrième Assemblée
des assemblées, plus de 500 gilets jaunes, venus de toute la
France, sont sur Montpellier, pour débattre et s’organiser. L’acte
51 de ce samedi n’a pas connu
autant de succès.
On est à la préfecture, et alors ?
En
début d’après-midi, on ne
compte
pas plus de 150 manifestants sur le parvis de l’Opéra. Calme,
l’attroupement n’en est pas moins surveillé de
près par la police.
Les gilets
jaunes
discutent de
la
lutte contre la société capitaliste, « l’oligarchie
technocrate », l’Europe, etc. Une
bagarre
a failli éclater entre deux personnes en
marge du cortège, mais les gilets jaunes ont su calmer le jeu.
Le
cortège se met mécaniquement en branle vers la préfecture, d’abord
dans le silence, avant que quelques slogans ne fusent. Les
manifestants de tête se fondent dans la
masse des personnes venues faire du shopping. Les badauds,
interloqués et dubitatifs, ne semblent pas tous comprendre qu’ils
assistent à un nouvel acte des gilets jaunes. Certains sont même
carrément moqueurs envers ces contestataires obstinés à jouer
David contre Goliath, armé ce jour-là de LBD, de grenades, mais
aussi d’un fusil d’assaut HK G36, capable de tirer 750 coups par
minute. À la préfecture, pas un seul policier n’empêche l’accès
à la petite place du marché aux fleurs. Une « boîte de 6
(nuggets) », comme on dit dans le jargon pour désigner un
véhicule six places de la police, attend rue de l’Université. Une
autre est stationnée derrière la préfecture. Les manifestants
investissent alors la place, tout contents d’accéder à ce lieu
d’habitude interdit. Certains redoutent un piège, mais après dix
minutes à chanter des slogans, aucun policier ne pointe le bout de
son nez, et le cortège repart pour éviter de perdre son rythme.
Visiblement, le préfet ne redoute plus la proximité des gilets
jaunes. Du moins, pour le moment.
Méfie-toi de l’eau qui dort
Les
manifestants s’engagent ensuite dans la Grand rue Jean Moulin.
L’énergie est là. Dommage que le nombre ne suive pas. En passant
devant le Tord-Boyaux, un bar où quelques militants d’extrême-droite
ont leurs habitudes, le slogan « Siamo Tutti Antifascisti »
(« Nous sommes tous antifascistes ») résonne. Les
policiers sont nombreux devant la gare, alors les gilets jaunes se
rabattent sur les voies du tram, bloquées pendant une bonne
quinzaine de minutes. Peu avant 16h, les gilets jaunes s’approchent
du Polygone, temple de la société de consommation, cible
stratégique et coutumière. Mais, perché sur leur mirador, la
sécurité du centre commercial a vu venir les manifestants, et les
grilles ont été une nouvelle fois fermées. Preuve que les gilets
jaunes font encore peur. De retour sur la Comédie, les gilets jaunes
constatent amèrement qu’ils sont trois fois moins nombreux que les
spectateurs d’un numéro de danse de rue.
L’acte
51 n’a pas réuni les foules des grands jours, mais l’énergie
née du 17 novembre 2018, bien que diffuse, est toujours présente.
Un appel national à converger sur Montpellier pour l’acte 52, le
samedi 9 novembre, a été lancé sur les réseaux sociaux. Ce sera
véritablement l’occasion de mesurer la force du mouvement.
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