« Personne n’est illégal » : 300 manifestants à Montpellier pour la journée internationale des migrants
Le Poing
Publié le 19 décembre 2019 à 15:30 (mis à jour le 19 décembre 2019 à 21:10)
Environ 300 personnes se sont réunies hier soir devant la préfecture de Montpellier pour la journée internationale des migrants, créée en 2000 par les Nations unies. Chorale, batucada, prises de paroles, happening d’Extinction Rébellion, le Poing vous fait un compte rendu de cette belle manifestation
Partout
en France et dans le monde se sont déroulés des actions et
manifestations pour demander un accueil et une protection digne pour
toutes les personnes migrantes. À Montpellier, l’appel a été
signé par des associations comme Solidarité Partagée, qui héberge
des sans-papiers dans le
squat d’Euromédecine, le collectif Bienvenue Migrant·e·s 34,
le collectif anti-CRA (centre de rétention administrative,
venu avec une banderole),
la
Ligue
des droits de l’Homme mais aussi Extinction
Rébellion et des
organisations de gauche, comme l’UCL (Union communiste libertaire).
Vers
17h30, la place
des Martyrs de la résistance a commencé à s’animer au son de la
chorale du Cri
du Chœur, puis des banderoles ont été placées sur les grilles du
bâtiment préfectoral, avec
ce message, sans équivoque : « Aucun être humain n’est
illégal ». Des
couvertures de survie ont été dépliées pour
dénoncer les conditions de vie indignes des
personnes migrantes, qui dorment souvent
dehors. Un membre du
collectif anti-CRA a
lu des témoignages poignants
de migrant·e·s enfermé·e·s (le Poing en
avait déjà publié dans cet
article).
Puis,
la batucada a commencé à jouer et le rassemblement s’est mis en
mouvement. Arrivés sur la Comédie, des militants d’Extinction
Rébellion ont fait un happening en se couchant par terre, drapés
sous des couvertures de survie en lançant des appels à l’aide, avant de stopper la rotation de la map-monde sur la place de la Comédie.
S’en est suivi quelques prises de paroles pour dénoncer les
politiques du gouvernement en matière d’immigration.
Tract de l’UCL :
Face
aux crises économiques, climatiques, sociales qui frappent les pays
du sud et dont ils sont les premiers responsables, ceux qui
prétendent nous gouverner ont choisi de répondre par l’ignoble.
De parquer les gens qu’ils ont contraint à l’exil dans des CRA,
dans des camps. De les expulser vers un pays comme la Libye où ils
sont réduits à l’esclavage. De les condamner à l’errance d’un
État à l’autre, d’un guichet à l’autre, au gré d’une
mécanique administrative toujours plus absurde dont le seul objectif
est l’exclusion. De mégoter sur l’aumône que l’État français
consent à leur donner pour ne pas qu’ils crèvent trop visiblement
sur les trottoirs de nos villes. De tuer, par milliers, ceux qui
tentent de trouver un chemin vers un peu de salut dans les sentiers
des Alpes ou sur la mer Méditerranée.
Les
politiques actuelles de la France, de l’Europe, construisent un
emmurement du monde, cherchent assigner à résidence les habitants
du Sud, à maintenir les migrants potentiels hors du territoire
national. Le coût humain et social de la frontière est toujours
plus exorbitant. Elle tue les populations de l’extérieur, et elle
suppose aussi l’extension
d’un système de contrôle qui menace les droits et les libertés
de celles vivant à l’intérieur.
Dans
un contexte de crise, la barbarie de ces politiques se durcit encore.
Il faut les replacer dans le contexte de la division capitaliste
internationale du travail, qui favorise un racisme structurel et
renforce des nationalismes occidentaux toujours plus sélectifs et
excluants.
Les
États les plus puissants orchestrent la liberté de circulation des
capitaux et des marchandises, tout en érigeant des frontières et
des murs entre les exploité·es. Ces frontières n’empêchent pas
les migrations. Elles permettent en revanche de créer, dans les pays
du Nord, une catégorie de travailleuses et travailleurs illégaux et
privé·es de droits. L’ouverture de nouveaux CRA s’inscrit dans
cette logique de stigmatisation des étrangers et étrangères les
plus précaires.
Nous
militons à la fois pour la régularisation de toutes et tous, et
pour l’abolition du pillage commercial qui ruine leurs pays et les
jette sur les routes de l’exil. Il n’y a pas de lutte possible
contre les inégalités Nord-Sud sans lutte pour la liberté de
circulation et d’installation.
Une
politique protectionniste, qui voudrait simplement « protéger »
la force de travail nationale, ne sera bien sûr jamais susceptible
d’empêcher ces tragédies auxquelles nous assistons. Elle ne fera
qu’empirer les choses.
Outre
l’accueil nécessaire des migrants, et la lutte pour la liberté
d’installation, nous promouvons un anticapitalisme internationaliste,
vers l’abolition de toutes les frontières.
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