Criminalité organisée : saisie de bananes et de tomates à Montpellier

Le Poing Publié le 26 août 2020 à 12:32
La police qui réprime un marché alimentaire clandestin à la Mosson. Photo : Page Facebook de Michaël Delafosse, maire de Montpellier

L’ex-maire de Montpellier Philippe Saurel était connu pour ses obsessions sécuritaires, ayant même envisagé de couper les arbres de l’Esplanade pour dégager la vue aux caméras de surveillance. Le premier tour des élections municipales avait également donné lieu à une surenchère sur le sujet : fallait-il mettre des barbelés autour des cours d’école, ou le GIGN dans les trams ?

Le nouveau maire Michael Delafosse, sceptique, considérait alors que le maire sortant se défaussait trop sur l’Etat. Selon lui, le maire devait également être un sheriff. Les montpelliérains et montpelliéraines qui auront subi le laborieux débat organisé entre les candidats se souviendront de sa vision angoissée du tramway, présenté comme un véritable coupe-gorge. Il fallait agir et frapper fort contre le crime !

Ils n’ont plus de pain ? Qu’ils mangent des poke bowls !

Dont acte. Dès l’arrivée – ou plutôt le retour – des socialistes à la mairie, le bat-symbole s’est illuminé dans le ciel du Clapas. Une première opération sensationnelle a permis à Michael Delafosse de mettre en avant sa méthode bien particulière. On apprend ainsi que ce samedi 22 août, les forces de police locales ont démantelé un « marché sauvage » dans le quartier de la Paillade. Quinze tonnes de nourriture ont été saisies. Les dangers publics qui tenaient ce marché clandestin les vendaient à très bas prix : quelle insulte pour les nouvelles halles du centre-ville, pour le marché du Lez et les marchés bobos ayant massivement voté pour le nouveau maire ! Des tomates à moins de 1€ l’unité, un scandale !

Capture d’écran de la page Facebook de Michaêl DELAFOSSE, Maire de Montpellier le 22 août

On se doute bien que si les prix étaient bas et le marché non déclaré, c’est qu’il y avait une forte demande, dans un quartier dont plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec une importante concentration de travailleurs aux salaires très bas. Mais il est plus commode de fermer un marché que de réduire les inégalités.

L’éternel retour des morts-vivants

            Listant plusieurs mesures sécuritaires, le programme électoral de Michaël Delafosse proposait la « création d’une police des transports (30 agents) et d’une brigade de sécurité du logement social (30 agents) ». Apparemment, ces projets sont déjà dépassés, puisqu’on apprend mardi 24 août que le maire demande au ministère de l’intérieur l’envoi de plus de policiers à Montpellier. Après des années de répression violente des mouvements sociaux, de violences policières impunie, de bavures et mutilations diverses, cette nouvelle couche de bleu rappelle aux naïfs le parfait accord des socialistes avec les solutions du gouvernement ou de la droite radicalisée.

Qu’on se le dise : depuis d’innombrables années, les mêmes partis proposent les mêmes solutions. Déploiement de caméras, de policiers, de militaires, fichage, patrouilles, harcèlement, procès, prison. Et pourtant, cela ne fonctionne pas. Pire encore : le « sentiment d’insécurité » tant scruté par nos dirigeants ne fait qu’augmenter. Mais ce business politico-médiatique est tellement rentable électoralement qu’il a rendu accro tout le personnel politique. Malgré l’échec patent des réponses sécuritaires, serions-nous condamnés à vivre dans une société toujours plus violente et surveillée ? Mad Max et 1984 étaient censées être des œuvres de fiction uchroniques et non des manuels.

La disquette du tram gratuit

            La matraque socialiste est cependant empaquetée dans un colis social, comme d’habitude. Il s’agit en l’occurrence de la promesse delafossienne des « transports gratuits »  martelée à longueur d’élections. A première vue, cela semble une bonne idée : pourquoi payer de coûteuses machines à tickets et de détestables contrôleurs alors que le tramway montpelliérain fonctionne grâce aux subventions – et donc aux impôts locaux ? Ne le paye-t-on pas déjà en taxes et en prélèvements divers ?

Il y a bien sûr une arnaque. Déjà, le tramway deviendra gratuit les week-ends, et non les jours de semaine. Vous allez travailler ou étudier ? La mairie s’en fout : elle veut des consommateurs devant les magasins, d’Odysseum à l’Ecusson. Ensuite, il faudra prouver que l’on vit sur place. Les contrôles seront donc encore plus intrusifs et inutiles. Bonne ambiance en perspective quand il faudra trier les usagers.

En somme, rien de nouveau sous le soleil du Languedoc : des murs végétalisés pour la partie écologie, des mirages pour le volet social, et une fuite en avant policière tristement prévisible.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Nouveau squat Rue St-Vincent de Paul : les occupant·e·s lancent un appel à la solidarité et aux dons