Pour le sénateur LR de l’Hérault Jean-Pierre Grand, les abstentionnistes sont des macronistes qui s’ignorent

Le Poing Publié le 3 décembre 2020 à 14:00 (mis à jour le 3 décembre 2020 à 14:20)

Maire de Castelnau-le-Lez jusqu’en 2017 et sénateur LR de l’Hérault depuis 2014, Jean-Pierre Grand a la solution face aux désordres qui agitent le pays : dissoudre l’Assemblée nationale.

Dans une interview à Midi Libre datée du premier décembre, il nous explique que seule cette mesure pourra calmer « la rue ». Les dernières élections municipales n’ont pourtant pas montré un engouement particulier pour le parti présidentiel, mais Jean-Pierre a un coup d’avance. Son raisonnement est le suivant : « les 50% [d’électeurs] qui se sont déplacés aux urnes appartiennent aux mouvances d’extrêmes droite et gauche ». Bien sûr. Car « ce sont les extrémistes de tout bord, les démagogues qui tiennent le haut du pavé ». Une moitié de nos mairies est d’ailleurs aujourd’hui aux mains des écolo-bolchéviques, l’autre des nazis.

Mais pas de panique ! Car heureusement, « il y a une majorité silencieuse, qui est restée chez elle aux municipales ». Vous n’avez pas votés aux dernières élections ? Jean-Pierre l’a compris : au fond, c’est parce que vous soutenez le gouvernement, n’est-ce pas ? Qui ne dit mot consent… Et de nouvelles élections législatives reconduiraient selon lui une majorité macroniste au parlement. Chiche.

Les intuitions géniales de notre sénateur ne s’arrêtent pas aux marches du Palais Bourbon. L’ex-chiraquien a un avis bien à lui sur les violences policières : « Je ne sais pas si je suis à l’origine de cet article 24, mais une chose est sûre, j’avais parfaitement compris qu’il est impératif de protéger les forces de l’ordre. […] Savez-vous que certains policiers sont aujourd’hui obligés de changer de logement ? » On frissonne d’horreur. Et les opposants ? « Qu’ils lisent l’article 24. Quand ils l’auront lu, ils essaieront de comprendre pourquoi ils étaient dans la rue ». Sacré JP !

Car Jean-Pierre Grand est un précurseur. Le 3 décembre 2019, dans le cadre de la proposition de loi relative à la lutte contre la haine sur internet, il déposait un amendement ayant pour objectif d’anonymiser les policiers, militaires ou agents de douanes, afin de les protéger de toute menace. Il prévoyait de punir de 15 000 euros d’amende « la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, de l’image des fonctionnaires de la police nationale, de militaires ou d’agents des douanes ». Oui, mais non… Cet amendement est jugé irrecevable car contraire à la Constitution.

Toujours dans le Midi Libre, notre chantre du flicage se revendiquait pourtant le 14 octobre d’une « autre droite, viscéralement humaniste ». Il faut dire que nous avons affaire à un homme de valeur, fidèle à ses principes – passé par le micro-parti de Dominique de Villepin, revenu aux Républicains, il soutient aux municipales montpelliéraines la candidature du milliardaire Mohed Altrad puis se reporte au dernier moment sur Michaël Delafosse.

Jean-Pierre Grand a donc finalement parié sur le bon cheval (élu avec les voix des extrémistes ou des démagogues ? Mystère). Son intuition quant à l’utilité d’une dissolution de l’Assemblée nationale sera-t-elle entendue au gouvernement ? En tout cas, de telles sorties donnent une idée de l’inquiétude qui traverse les soutiens du pouvoir. Et des mesures qu’ils sont prêtes à prendre quand ils se sentent menacés dans leur domination.

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