Giscard d’Estaing, ce “moderniste” qui célébra Franco et nomma le collabo Papon comme ministre
Féministe, progressiste, humaniste… Valéry Giscard d’Estaing, un moderniste ? Vraiment ?
Valéry Giscard d’Estaing (VGE) est un grand bourgeois issu d’une famille incrustée depuis la nuit des temps dans les palais, qu’ils soient républicains ou monarchistes. Il revendique d’ailleurs une filiation avec Louis XV. Seule gloire, et on ne peut pas lui enlever : il participe à la Libération de Paris contre les nazis. S’ensuit la carrière type des importants : Polytechnique, ENA, secrétaire d’État. Fervent partisan de l’Algérie française, il est accusé par un membre de l’OAS d’être impliqué dans l’attentat contre de Gaulle. Ministre de l’économie sous Pompidou, il défend déjà l’austérité.
Très à l’aise avec la communication politique, il gagne les présidentielles de 1974, avec le soutien des fascistes du GUD, selon un ex directeur central des renseignements généraux. Dans une ambiance encore marquée par mai 68, il abaisse la majorité à 18 ans, légalise le divorce et l’IVG. Et s’attaque sans pitié à l’immigration. Ultralibéral, il ne fait rien contre la désindustrialisation, hormis la défense du nucléaire, et laisse la laisse la main libre au pouvoir financier, qui le convainc d’instaurer le CDD.
À la mort du dictateur espagnol Francisco Franco en 1975, VGE envoie ses condoléances à Juan Carlos et met les drapeaux des ministères en berne.
En 1978, il nomme Maurice Papon, organisateur de la déportation des Juifs vers les camps d’extermination, ministre du budget. En 1979, le Canard enchaîné révèle la remise de diamants, par l’empereur déchu de Centrafrique Jean-Bedel Bokassa, à VGE. Une affaire emblématique de la Françafrique.
Gêné par Jacques Chirac, il ne parvient pas à stopper l’ascension de François Mitterrand, qui le bat aux présidentielles de 1981. Il continue d’être payé chaque année à hauteur de 2,5 millions d’euros par l’État. Élu député puis eurodéputé, il échoue, en 2005, à convaincre les Français de voter pour le traité constitutionnel européen, son bébé.
Emmanuel Macron a souvent été comparé avec VGE. À juste titre : centriste en apparence, très à droite en réalité. Dans son livre « Génération Occident », Frédéric Charpier décrypte comment la droite dite centriste a servi de courroie de transmission vers le pouvoir aux pires fascistes. Une histoire d’actualité.
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