“On refuse que les pauvres deviennent un marché” : le social et le médico-social en lutte à Montpellier

Le Poing Publié le 7 décembre 2021 à 19:36

Les personnels du social et du médico-social se sont mobilisés aux quatre coins de la France ce mardi pour réclamer des moyens et de la dignité pour les personnes accompagnées. À Montpellier, près d’un millier de salarié·e·s se sont rassemblé·e·s à l’appel d’une intersyndicale et du collectif « d’acteurs.trices de l’action sociale ».

Les salarié·e·s, en grève pour la plupart, sont venu·e·s de tout le département pour occuper, en début d’après-midi, le rond-point Ernest Hemingway, à Malbosc, pour y tenir une assemblée générale. « On est déjà allé à la préfecture, à l’agence régionale de santé, au conseil régional mais rien n’y fait… Au moins, ici, il y a les différents services de l’État et du département ! » explique une gréviste.

Les personnes mobilisées réclament notamment une augmentation des salaires d’au moins 300€, et ce d’autant plus que de nombreuses branches du social ne sont pas concernées par la prime de 183€ prévue par le Ségur de la Santé. Mais ils réclament avec autant d’énergie, sinon plus, des moyens pour travailler dans de bonnes conditions et assurer un accompagnement digne envers celles et ceux qui sont mis sur le côté dans notre société. « Ce qu’on fait pour aider les personnes en bidonvilles ? Les guignols ! » répondent sèchement Laura et Lucie, qui travaillent dans les services d’hébergement d’urgence. « On veut parler de nos métiers, de ses absurdités et du manque de moyens humains. Il n’y a pas de places d’hébergement, le préfet Moutouh expulse à tour de bras et les rares solutions qu’on trouve pour les enfants qui sont à la rue, ce sont des nuits à l’hôtel, sans accompagnement… On s’est déjà retrouvé à n’être que deux pour “accueillir” 95 personnes hébergées. Le pire, c’est qu’on met les associations en concurrence en leur demandant de répondre à des appels à projets de l’État. Les pauvres deviennent un marché juteux que les opérateurs s’arrachent pour répondre à la commande publique… Les travailleurs sociaux sont incités à intérioriser cette logique rentable en triant le bon pauvre du mauvais pauvre, en sélectionnant celui qui se conforme le plus aux critères qui plaisent aux autorités… »

Des situations inextricables de vies brisées par l’absurdité managériale sont partagées tout au long du rassemblement. Des assistantes sociales du Crous qui font appel à des intérimaires faute de personnels, des jeunes mis à la rue, des personnels maltraités à en devenir maltraitants, des personnels dévoués payés au SMIC… Céline, d’Action Froid, dénonce les expulsions orchestrées par le préfet qui ont « saturé tous les lieux d’hébergement », parle d’une « chasse à l’homme dans les rues de Montpellier » et évoque « des couvertures qui manquent dans les dispositifs de mise à l’abri ». Des situations également dénoncées par des directeurs et directrices d’établissements, certain·e·s ont même réussi à faire fermer leur établissement pour la journée.

Le rassemblement s’est transformé en manifestation, d’abord par un tour du rond-point, avant de déambuler dans les rues bien désertes du quartier.

Une journée de grève ne suffira pas à gagner, alors le « collectif d’acteurs.trices de l’action sociale à Montpellier », créé il y a un mois et demi et ouvert à toutes et tous, syndiqué ou non, promet de continuer à se mobiliser.

Nos articles sont gratuits car nous pensons que la presse indépendante doit être accessible à toutes et tous. Pourtant, produire une information engagée et de qualité nécessite du temps et de l’argent, surtout quand on refuse d’être aux ordres de Bolloré et de ses amis… Pourvu que ça dure ! Ça tombe bien, ça ne tient qu’à vous :


ARTICLE SUIVANT :

Les municipaux montpelliérains choqués et mobilisés après les agressions dans les écoles