Grabels : initiative pour mêler agriculture et lien social
Près de Montpellier, l’Agriculture SocialClub entend lier production de légumes, solidarité face à la précarité alimentaire et horizontalité. Le collectif organise sa première réunion publique le 23 septembre à 18h30
Samuel est agriculteur maraicher. Il est installé depuis cinq ans sur des terres communales louées par la mairie de Grabels, dirigé par l’Insoumis René Revol.
Comme Samuel aime le rappeler : “Une flamme communale refit irruption dans l’Histoire comme “Grande Peur”, elle aboutira sur l’abolition des privilèges et la réforme agraire lors d’un tumultueux été de 1789, elle nous lègue, entre autres, les terres communales en héritage. Être maraîcher sur des terres communales est une responsabilité particulière. Elle va au-delà des enjeux marchands, institutionnels ou électoraux. La responsabilité de mettre en valeur un bien commun au service de la société est une chance.”
Il entend donc fédérer de nouvelles personnes autour d’un projet lui permettant de partager le travail et de créer des réseaux de solidarité alimentaire : “Nous sommes une petite dizaine a s’être rencontrés pendant le mouvement des gilets jaunes”, explique-t-il. “On s’inscrit dans une réflexion menée par les diverses assemblées de gilets jaunes autour des questions d’agriculture et d’alimentation.”
Champ collectif : entre exploitation agricole et jardin partagé
Le projet du collectif permettra aux personnes intéressées de s’initier au maraîchage biologique sur un champ collectif et de se nourrir des fruits de son travail avec l’aide d’un agriculteur, sans obligation de travail.
” On choisit ensemble en assemblée les légumes cultivés et les modes de culture. Mais pas que…. Les possibilités offertes par ce terrain sont variées : plantation de plantes médicinales et aromatiques, rénovation d’une ruine pour un labo de transformation, fabrication de séchoir solaire… Et c’est avec votre implication, votre imagination et vos impulsions que nous allons redessiner ce lieu à notre image.” résument Samuel et ses collègues associés au projet. L’adhésion se fait par abonnement selon divers tarifs en fonction des revenus des adhérents.
Le prix de l’abonnement correspond à la quantité de légumes que l’agriculteur produit seul. Le tarif est raisonnable : il est fixé par les recommandation de prix de vente moyen en vente directe. Si les adhérents s’investissent dans les chantiers de maraîchage et la gestion du champ, le volume de production de légumes sera supérieur à celui déjà acheté. Le travail, ainsi que les fruits de ce travail dans le champ sont mis en commun.
Lors de la distribution hebdomadaire sur le terrain, la récolte sera divisée en parts égales d’abonnement.
Un lieu inclusif et solidaire
“L’idée, c’est de se connecter au tissu associatif et aux collectifs locaux”, décrit Samuel. “Loin d un projet d’entre soi, on souhaite créer du lien social, et ouvrir le projet a tout type de publics, des personnes du 3eme âge, celles en situation de handicap, des sans papiers ou des personnes en proie à la solitude ou à la précarité. Une des dimensions importantes est que 20% de nos récoltes seront redistribuées sous forme de dons à des personnes dans le besoin.” Le projet est d’ailleurs porté par plusieurs personnes du quartier de la Valsière, à Grabels. “L’idée à terme c’est d’organiser des repas de soutien en faveur d’initiatives solidaires ou d’action collective.”, explique-t-il.
Cependant, il a conscience que son initiative “ne changera pas le monde”, et il n’en a d’ailleurs pas l’intention : “Ce n’est pas une manière de transformer le monde. Il n’y a pas d’expérience, aussi sociale et horizontale qu’elle soit, qui se substitue à la critique sociale et à l’action collective. On veut juste kiffer tranquillement ces relations sociales d’entraide autour d’activités simples, mais qui font du bien : cultiver des légumes, en donner une partie, les déguster ou encore organiser des repas partagés”.
Un premier évènement sera organisé ce vendredi 16 septembre avec une distribution des récoltes de l’été à prix libre, avant la première réunion publique du projet qui aura lieu le vendredi 23 septembre à 18h30 à Grabels. Une présentation du projet et des adhérents sera faite, suivie de discussions et d’un repas partagé en musique.
Plus d’informations sur l’évènement ici.
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