Montpellier : nouvelle mobilisation kurde pour la saisi du PNAT dans l’enquête sur l’attentat du 23 décembre
Quelques dizaines de militants kurdes se sont rassemblés ce samedi 21 janvier sur la place de la Comédie à Montpellier, un mois après l’attentat qui a enlevé la vie de trois personnes dans un centre culturel parisien. Ils demandent toujours à ce que le Parquet National Anti Terroriste soit saisi.
Ils étaient quelques dizaines autour de midi ce samedi 21 janvier, sur les marches de l’Opéra Comédie. Les militants kurdes montpelliérains étaient venus revendiquer la saisie du Parquet National Anti-Terroriste (PNAT) pour l’enquête sur l’attentat du 23 décembre 2022.
Ce jour-là, un individu armé avait fait irruption devant un centre culturel kurde parisien, ouvrant le feu et tuant deux militants et une militante. Là où les autorités voient une simple attaque raciste sans commanditaire, la communauté kurde en France soupçonne une implication des services secrets turcs. Et demande en conséquence la saisie du PNAT pour que l’enquête ait les moyens d’être menée jusqu’au bout. Une perquisition récente à permis de retrouver une importante somme d’argent en liquide au domicile de William Mallet, identifié comme le tireur et interpellé dans la foulée des événements.
Une importante mobilisation de la communauté kurde en France a eu lieu ces dernières semaines, avec de nombreuses manifestations à Paris et en région, dans une atmosphère parfois tendue et violente comme les 23 et 24 décembre.
La forte défiance kurde envers les autorités françaises est nourrie par le traitement judiciaire des attentats de 2013, qui avait vus Omer Gunay assassiner trois autres militantes, toujours en plein Paris : le tireur présumé est mort en prison avant son procès, et alors même que l’enquête, toujours en cours, faisait état d’une implication des services secrets turcs, l’État français se refuse toujours à lever le secret défense pour que les commanditaires soient retrouvés et condamnés, dans un contexte de coopération marquée entre renseignements turcs et français. Le 7 janvier 2023, une grande manifestation regroupant des kurdes de toute la France et d’autres pays européens a rassemblé entre 10 et 25 000 personnes dans la capitale, en hommage à ces neufs victimes et pour des moyens suffisants donnés aux enquêtes.
Le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan ) propose (comme ses homologues syriens, iraniens et irakiens) dans son opposition au régime d’Erdogan, président turc ultra-nationaliste, une alternative foncièrement progressiste, qui allie auto-détermination du peuple kurde, cohabitation avec les autres communautés ethniques et religieuses de la région, exploration profonde d’une voie vers la démocratie directe, émancipation poussée des femmes envers les carcans patriarcaux, refondation totale d’institutions traditionnellement à la botte des pouvoirs comme la police et la justice, et élaboration d’une économie coopérative tentant de dépasser le capitalisme et de répondre à l’urgence écologique, et qui est expérimentée à grande échelle depuis le 17 mars 2016 dans certaines régions du Rojava (Kurdistan syrien) sous l’impulsion du PYD ( Parti de l’Union Démocratique, très proche du PKK).
L’armée turque multiplie par ailleurs ces derniers mois les attaques meurtrières sur des zones tenues par la gauche turque, en Turquie, en Irak et le long d’une bande de quarante kilomètres au sud de la frontière entre Turquie et Syrie. Le PKK dénonce l’utilisation massive d’armes chimique interdites par les conventions internationales.
La communauté kurde revendique également une meilleure protection sur le sol français, mettant en avant le rôle crucial du peuple kurde dans la guerre menée au groupe islamo-fasciste Daesh.
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