Montpellier : contre la réforme des retraites, le retour des mobilisations universitaires
Sur Montpellier, la contestation de la réforme des retraites s’installe dans les campus. Un comité d’action s’est réuni ce mercredi 25 janvier à Paul Valéry, et deux assemblées générales se tenaient en simultané ce jeudi 26 janvier, sur fac de lettres et de sciences. Au delà de la prochaine journée interpro du 31, les participants cherchent à ancrer une lutte massive et durable dans les universités montpelliéraines.
Une assemblée en fac de science, signe d’un mécontentement d’une rare intensité
L’assemblée tenue en fac de sciences ce jeudi 26 à midi a rassemblé une cinquantaine de personnes, physiquement présentes, renforcées par vingt participants en visio-conférence. Appelée par les syndicats CFDT, UNSA, FO, CGT, Sud Education Recherche, et SNES-FSU, elle aura été principalement fréquentée par des membres du personnel, professeurs ou non. Un enseignant regrette la faible présence des étudiants du campus, une poignée seulement : « Aux miens je leur ai dit de venir, j’ai banalisé l’heure sur laquelle se tient cette AG, mais aucun n’est venu… » Rien de nouveau sous le soleil des mobilisations universitaires à Montpellier : la fac de science n’a que rarement été en avant dans les conflits sociaux, et la simple tenue d’une assemblée en son sein signifie déjà une mobilisation toute particulière.
Après une présentation de la contre-réforme des retraites, qui insitera sur la saturation du marché du travail qu’elle va provoquer, impactant très directement les étudiants, quel que soit leur âge, avec des difficultés encore plus grandes à trouver un emploi. Une motion a été votée, demandant le retrait de l’intégralité du projet de loi, sans report de l’âge de départ, sans rallongement de la durée de cotisation.
L’assemblée se joint à la journée de mobilisation interpro du 31 janvier. Un cortège « fac de science » partira à 9h30 de la place Eugène Bataillon, avec pour objectif de rejoindre le cortège partant de Paul Valéry le même jour à la colonne Saint-Eloi, puis la grande manif prévue à 11h sur la place Zeus d’Antigone. Des contacts doivent encore être pris avec les mobilisés de la fac de lettres, pour peaufiner ces raccords. Un comité de mobilisation, spécifique à la fac de sciences, se tiendra le 30 janvier à 13h dans les locaux CGT-Sud, situés dans le bâtiment 12.
Une prochaine assemblée se tiendra en fac de sciences pour décider d’une éventuelle reconduction de la grève et des suiters à donner au mouvement, le 1er février.
Une mobilisation qui prend de l’ampleur en fac de lettres
La mobilisation se structure également sur le campus de la fac de lettres Paul Valéry. Mercredi 25 au soir déjà, ils étaient une cinquantaine d’étudiants, réunis à l’appel du Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM) en Comité d’Action. Lequel se revendique complètement autonome des différentes assemblées générales. Le groupe d’étudiants y aura décidé la tenue d’un piquet de grève le 31 janvier, avec un rendez-vous à 7h30 devant l’Atrium (bâtiment O), puis d’un cortège « Paul Valéry », partant à 9h30 du même endroit pour rejoindre la grande manifestation intersyndicale à Antigone. Ils comptent également encourager les pratiques de blocage d’universités et pousser à l’adoption de motions contre la réforme des retraites promotion par promotion.
Le lendemain, jeudi 26 janvier, se tenait à Paul Valéry une assemblée générale, réunissant étudiants et personnels, en même temps que celle de la fac de sciences. Avec environ 150 participants, les organisateurs (soit Le Poing Levé, Sud Education Recherche, le SNES-UP-FSU et Sud Etudiants) ont pu se réjouir d’un certain succès pour une première séance.
Un retour sur le contenu de la réforme est venu appuyer sur certains de ses aspects les plus dévastateurs, notamment en matière d’environnement ( promotion du « travailler et produire plus » là où la situation exigerait plutôt une forme de sobriété ), de féminisme ou de lutte contre les discrimations racistes. Les femmes et les personnes issues de l’immigration ont tendance à avoir des carrières plus hâchées, plus de périodes de travail non-déclarées, et donc encore moins de chances de toucher une retraite à taux plein avec le nouvel allongement de la durée de cotisation prévue par le gouvernement. D’où la nécessité, exprimée dans certaines interventions et largement applaudie par la salle, de faire de ce mouvement social naissant un mouvement féministe et antiraciste, mettant en avant par exemple l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes et la régularisation des travailleurs sans-papiers.
C’est qu’après le raz-de-marée du 19 janvier (près de 2 millions de manifestants en France, 25 000 à Montpellier), une fenêtre semble s’ouvrir pour faire reculer le gouvernement. « Au-delà de la réforme, pour qu’autant de gens descendent dans la rue au tout début d’un mouvement social, c’est qu’on assiste à une cristallisation de toutes les colères dans la société française, avec la destruction des services publics, l’inflation et la hausse des prix, la dégradation des conditions de travail etc. », intervient un étudiant.
Quelques intervenants extérieurs à la fac de lettres étaient également venus informer de leurs intiatives en lien avec le mouvement des retraites. Un collectif d’organisations politiques marquées à gauche a ainsi annoncé son initiative de réunion publique contre la réforme le 9 février à 19h salle Pelloutier. De son côté l’assemblée « Montpellier contre la vie chère », constituée d’anciens gilets jaunes, de militants anticapitalistes et de personnes d’horizons divers, a pu se présenter. Et appeler à l’assemblée qu’elle organise le 31 janvier, en fin de manif intersyndicale, au kiosque de l’Esplanade. Laquelle sera ouverte à tout le monde, syndiqué ou non, et visera à organiser la solidarité et le blocage du pays.
L’assemblée de Paul Valéry appelle donc à se joindre à la journée de mobilisation du 31 janvier. Le SCUM a obtenu la levée de l’obligation d’assiduité auprès de la direction pour la journée du 31 (ce qui n’était pas le cas le 19, soit disant à cause d’examens ; lyon 2 en pleine session d’examens également les a juste reportés). Les étudiants pourront donc se joindre aux initiatives sans craintes d’ordre disciplinaire. Et c’est tant mieux, parce que la journée s’annonce chargée.
Pour cette seconde journée interpro, l’assemblée se joindra aux initiatives décidées par le Comité d’Action, à savoir un piquet de grève (7h30 devant l’Atrium, bâtiment O), et un cortège étudiant (9h30 même endroit). Un nouveau Comité d’Action se réunira le soir, à 18h, dans un lieu qui reste à déterminer (plus d’infos à venir ici). Une caisse de grève a été montée, pour le personnel précaire de la fac qui peine à enchaîner les arrêts de travail, pour la journée du 31 dans un premier temps. Et l’AG enverra une demande à la direction de l’université, allant dans le sens d’un non prélèvement sur les salaires des jours de grève pour les BIATSS (personnels hors profs). Le blocage intégral du campus a par contre été exclu pour la journée du 31.
Les personnes présentes ont également voté une motion, déjà adoptée par la promo des L3 Philosophie, demandant : le retrait de la réforme des retraites, le refus de toutes concertations, avec sur ce point une adresse aux organisations syndicales, et appellant à organiser une grande manif nationale à Paris devant l’Assemblée pendant les débats sur le projet de loi.
Un comité de mobilisation lié à l’AG de Paul Valéry s’est réuni dans la foulée, pour rédiger un tract synthétisant les positionnements de l’assemblée générale, et organiser sa diffusion et les événements à venir.
Une prochaine assemblée générale se tiendra à Paul Valéry le jeudi 2 février amphi 7 à 12h15.
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