Retraites : premier round massif dans l’Hérault

Le Poing Publié le 19 janvier 2023 à 18:22

« La retraite, une nouvelle étape de la vie et non l’antichambre de la mort » : derrière ce slogan, un autre projet de société, pour lequel les manifestations ont fait le plein. Montpellier : au moins 25 000 personnes. Béziers : 10 000. Sète : 3 000.

Ce matin du 19, froid comme un jour de janvier, en rejoignant à pied la place Zeus à Antigone on remarquait dès 10h30, à partir de la gare, un flot de personnes, de vélos, de trottinettes qui par paquets se dirigeait rapidement vers Antigone : certains groupes, pour être sûrs de se retrouver, s’étaient donné rendez-vous tout le long du chemin, car place Zeus on ne pouvait pas bouger tant la foule était dense.

Comme un parfum des grandes manifestations de 1995 contre la réforme des retraites Juppé. Toutes couleurs, tous dossards, tous les syndicats et toutes les professions étaient là : « la retraite à 60 ans on s’est battu pour la gagner on se battra pour la garder », mot d’ordre de début du cortège qui a eu du mal à démarrer tant le monde faisait foule.

C’est un inventaire coloré, à la Prévert qu’il faudrait faire pour décrire la composition de la manifestation, toute la société était représentée. La santé de l’Agence Régionale de Santé aux hôpitaux en passant par le secteur privé, l’enseignement et la recherche, les transports tous confondus cheminots et une grève importante à la TAM, les services publics, les médias, le spectacle, le médico- social, les services de l’énergie, la poste, les territoriaux, la Sécu, Nicollin quasi en grève générale, les pompiers, les gilets jaunes, la FNAC, l’équipement, les finances publiques, la magistrature et même le syndicat policier Alliance (!), tout ce monde venant de Montpellier, Ganges, Aniane, Bédarieux, Lodève etc. Et surtout, surtout de nombreux cortèges de jeunes très dynamiques où  le Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier se distinguait par sa combativité.

Un mot d’ordre original dans le cortège : « la retraite avant l’arthrose » ! La manifestation qui mettait largement plus d’une heure à s’écouler sur sa longueur, d’Antigone à la gare, au Peyrou, au boulevard Louis Blanc pour finir place de la Comédie, était par moments assez plan-plan, ou et animé à d’autres endroits par trois fanfares différentes. Les partis et organisations politiques étaient de sortie également, de LO à LFI, au PC, EELV,  PG, NPA et PS. Soulignons un mot d’ordre plus que d’actualité : « Changeons le système pas le climat ».

Sur les marches de l’opéra, chaque section syndicale a pris la parole pour réaffirmer que cette réforme « Borne, Dussopt, Ciotti » n’était « ni amendable, ni négociable retrait, retrait de cette réforme », « ni un jour, ni un mois, ni un an de plus ! »

Mais du coup, dès demain, que faire de cette mobilisation magnifique ? Dans le cortège une personne travaillant à la faculté des sciences expliquait au Poing que « le personnel avait acté de se retrouver en assemblée générale tous les jours pour décider de la suite » et la CGT annonçait « la nécessité de réunions partout pour mettre en débat la nécessité de séquences de grèves plus longues, 48 heures, 72 heures, voire plus pour désorganiser la production et faire en sorte que ce mouvement massif tienne sur la longueur. Car il s’agit d’une guerre d’usure avec le gouvernement et pour gagner il faut tenir ! »

Dès ce jeudi soir l’intersyndicale se réunissait à Paris pour décider de nouvelles mobilisations et le 21 janvier se tient, toujours dans la capitale (14h, place de la Bastille) une manifestation nationale à l’appel de plusieurs organisations de jeunesse. Construire un mouvement d’ensemble pour gagner, c’est tout l’enjeu ! Rendez-vous est donné ce vendredi 20 janvier à 19h30 au Barricade (5 rue Bonnie, Montpellier) pour une assemblée générale et ce samedi 21 janvier à 19h30, toujours au Barricade, pour un décryptage de la contre-réforme des retraites proposé par nos confrères du média Rapports de forces, suivi d’une discussion sur les stratégies de luttes.

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